Ce matin je me suis réveillée la boule au ventre. Mon cœur tremble et ma respiration est saccadée. Quelque chose va arriver mais je ne sais pas quoi. Bébé sait lui aussi, il frappe et s'inquiète parce que je m'inquiète moi même. Ce petit va avoir toute les peines du monde à être détendu plus tard si je continue comme ça, Selim a raison.
Néanmoins cette inquiétude est bercée d'une ambiance calme dans ma maison. Chez mes parents tout le monde va bien. Le silence règne avec en fond la cuisson du mafé de ma mère. Mon père écoute encore sa radio les écouteurs aux oreilles et le journal dans les mains. Maïmouna et Henda dorment encore. C'est le week-end en plus d'être les vacances. Ma mère ne râle pas en attendant que l'école reprenne, mon père ne crie pas contre tous les marocains et les mauritaniens vivant dans ce monde. Issa n'est pas à la maison non plus !
Je retourne dans ma chambre, toujours dans l'attente d'un potentiel problème mais il ne vient pas. Peut être qu'il n'y en aura juste aucun et qu'en plus de ça je m'isole dans ma paranoïa. Ca me dépite, Selim a toujours raison ! Je stresse dans le vide, carrément pour rien, mais c'est mort il va jamais savoir que j'ai ne serait ce que penser ça !
Binta va venir manger ce soir à la maison, autant ce que je pressens c'est ses hormones de grossesses qui vont se déchaîner sur mon frère. In sha Allah c'est ça, vraiment j'adorerais qu'elle le rabaisse juste pour ce soir sans ressentir ne serait ce qu'un pincement au cœur pour lui. Plus j'avance moins je peux me voir ce type. Le regarder me dégoûte, je dis rien pour pas qu'on en vienne aux mains mais vraiment sa tête m'énerve ! J'en avais parlé à l'infirmière sénégalaise à la clinique, elle m'a dit que mon bébé lui ressemblerait sûrement physiquement. Après ça j'ai pleuré. Inconcevable pour moi parce que je le trouve trop moche. Puis je me dis mais non mon frère est sénégalais aussi éclaté soit sa personnalité il ne peut qu'être beau. Et puis même, mon ex de merde était trop beau et je suis quand même jolie, ça veut dire que non, mon bébé sera pas moche. Enfin j'espère. Selim me dit qu'à partir du moment où je suis sa mère, le bébé ne peut qu'être beau. C'est gentil mais c'est pas assez pour calmer ma peur qu'il ressemble à ce qui me sert de frère. dans ces moments là je me dis que mes parents auraient du faire Mamadi et Issa puis s'arrêter là. Pourquoi faire d'autres enfants ? Ah oui. Les garçons ne peuvent pas être l'esclave de leur mère, j'avais oublié. C'est pourquoi moi et ma robe 100 fois trop larges pour moi on se retrouve à faire à manger pour mille. Ça me soûle mais bon, temps que je sais que Binta sera là ce soir moi ça me va. Et puis bon... Ma mère se plaint souvent d'avoir des migraines. Henda lui a dit que c'était à cause de son téléphone et elle a failli s'en prendre une ! Mais c'était bien envoyé quand même. Ça s'appelle goûté à son propre médicament askip.
"Aïcha..." S'effondre ma mère sur le canapé.
"Ma' !" Je cours surprise par sa chute. Il y a même pas deux secondes elle allait bien.
"J'ai la tête qui tourne ma fille..."
" Je vais te chercher de l'eau. Ma' quand je te dis d'y aller doucement tu m'écoutes pas."
"Mais oui... Avec cette maison c'est vrai que je peux ralentir !"
"C'est pas comme si je faisais pas le maximum quand je suis là."
"Tu as ta vie aussi. Tu es jeune et tu travailles, concentre toi d'abord sur ça."
"Je sais..."
"Travaille Aïcha, vraiment, n'abandonne jamais le travail. Tu es une bonne fille ma sha Allah, j'ai peur pour beaucoup de monde le jour où je ne serai plus là mais toi j'ai jamais peur pour toi."
"Arrête... Dis pas des trucs comme ça, j'aime pas."
"Mais c'est la vérité. Regarde ton frère ou ton père. Ils peuvent se débrouiller tous seuls ? Quand Maïmouna et Henda seront grandes, elles sauront mieux vivre qu'eux."
VOUS LISEZ
D E S T I N
روحانيات"En réalité tout est à sa place. J'ai mené le chemin qu'il me fallait. J'ai perdu ceux qu'il fallait que je perde et rencontré ceux qu'il fallait que je croise. Tout était parfait. Il n'y a jamais eu quoique se soit à récrire. Laissons les malheurs...