Chapitre 6

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- Ah, vous voilà ! Nous accueille Bertrand avec un grand sourire. Installez-vous, je vous en prie, nous invite-t-il en poussant ses collègues pour nous faire de la place à côté de lui. Les gars, je vous présente mes sauveuses, Christine ma voisine et Noémie…
- La pilote de rallyes ? L’interrompt un petit blond en se marrant.
Noémie change de couleur, ou plutôt, elle joue au caméléon avec sa robe. La voilà aussi rouge que sa tenue. D’ailleurs Bertrand n’est pas en reste, il a aussi piqué un fard devant la trahison de son ami. Il regarde Nono, ne sachant plus quoi dire.
- Je, euh, bégaie -t-il.
- Oui, c’est moi ! Se reprend-elle fière d’elle.
- Ok, souffle- t-il soulagé de voir qu’elle ne lui en veut pas. Alors, mesdemoiselles, je vous présente mes amis et collègues de travail. Alors voici, Marc, Jo, Nico …

     Il les désigne tour à tour de la main, chacun nous saluant. Au bout du troisième, j’ai perdu le fil en me rendant compte que l'"autre" n’est pas là. J’ai l’impression de respirer à nouveau ! Finalement je vais quand même pouvoir profiter de cette soirée.

- … que je te vois ici. Alors, comment tu trouves ?
   
     Je mets quelques secondes à comprendre que l’homme en face s’adresse à moi.

- Oh, excuse- moi. J’étais perdue dans mes pensées. En fait…
- J’espère que j’y étais, me coupe une voix grave dans mon dos.
Je me retourne brusquement et me retrouve nez à nez avec Adam.

     Sous le choc, j’ai un mouvement de recul qui fait que Noémie est projetée sur Bertrand.

- Désolée, dis-je confuse à l’attention des deux tourtereaux.
- Y a pas de mal, me répond mon voisin qui en a profité pour passer son bras autour des épaules de mon amie.

     Je sens le canapé s’affaisser à ma droite. Merde, avec ma réaction de psychopathe, Il en a profité pour s’incruster !  Sa cuisse frôle la mienne, c’est insoutenable ! Et comme si ça ne suffisait pas, Monsieur pose son bras sur le dossier en effleurant mon dos, qui je le rappelle, est nu ! Je me penche vers l’homme en face, qui attend toujours ma réponse, en faisant abstraction de mon voisin.

- Je suis désolée, donc tu disais ?
- C’est la première fois que je te vois ici, sourit- il.
- Oui effectivement, pourquoi tu viens souvent euh…
- Laurent, oui, quasiment tous les week-end. J’aime bien l’ambiance, le patron, et surtout la clientèle, me dit-il en me faisant un clin d’œil.

     Mode tomate le retour ! Ils sont tous rentre-dedans comme ça dans ce groupe ? ! Je vais finir par faire un infarctus ! Je n’ai pas l’habitude d’autant d’attention. Ça me met vraiment mal à l’aise. Il faut que je m’échappe d’urgence ! Je mets un petit coup de coude à mon acolyte et lui montre la piste.

- Bon, on va aller se défouler sur la piste, tu nous accompagnes ? Demande-t-elle à Bertrand.
- Avec plaisir ! Les gars ? Interroge-t-il ses collègues en faisant un signe de tête vers la piste.

     Ses amis se concertent, certains font non de la tête quand d’autres se lèvent. J’attends que Noémie se lève, lui fais signe de passer, histoire d’ouvrir la voie, et je me colle à  elle tel un rémora à son requin. Une fois l’ « obstacle » passé, je souffle ! Je lui attrape le bras et l’entraîne sur le dancefloor sans attendre les autres. Il faut que je m’éloigne de toute cette pression d’urgence, mon cœur n’en peut plus. Je l’entends râler derrière moi mais je m’en moque. Il faut que je mette le plus de distance possible entre Lui et moi.
     Une fois au milieu de la foule je me sens un peu plus légère. J’ose enfin me retourner pour vérifier que ces deux lourdauds ne m’ont pas suivie. Hourra ! Seul Bertrand s’est joint à nous, enfin,  surtout à Nono vu comme il la tient par la taille. Je ne peux m’empêcher de sourire en voyant mon voisin essayer de suivre son déhanché sur « despasito ». C’est clair que ce n’est pas son truc, mais il persévère tant bien que mal, le pauvre. Noémie décide de passer la deuxième et se retourne, passant ses bras autour de son cou et plaquant sa poitrine contre son torse.
      Décidément, cette soirée qui devait s’annoncer géniale, est nulle à chier ! Me voilà toute seule ! Noémie et ses plans à deux balles !
     Bon, je ne vais pas  me laisser abattre ! Je suis venue pour m’amuser et c’est ce que je vais faire ! J’arrête d’observer leur parade et me laisse emporter par le rythme latino, même si ce n’est pas ce que je préfère. Après plusieurs chansons du même genre le DJ change de registre en lançant des tubes rétros. La guitare  de « Téléphone » met le feu à la piste. Noémie me saute dessus en hurlant :
- Quelque chose en toi , ne tourne pas…
- Rond, chantons-nous en chœur.

     Revoilà ma folle préférée ! Enfin je peux me déchaîner ! On rigole, on s’égosille, on sautille comme deux filles sous exta. Bertrand est toujours là, mais cette fois il reste en retrait, il doit se demander si on n’est pas un peu dérangées. Quelques-uns de ses collègues nous rejoignent, dont certains ayant la même attitude délurée. Finalement je crois que cette soirée va me plaire ! Nous continuons notre délire sur YMCA, puis Cloclo et autre Boney M. Ses amis sont vraiment cool. Je ne sais pas combien de temps dure l’intermède disco, mais je suis assoiffée ! Je préviens Nono que je vais au bar, et elle me  répond qu’elle arrive après une dernière danse.

    Après une lutte de tous les diables pour sortir de cet amas de corps gesticulant et transpirant, j’accède enfin à mon oasis ! Maintenant il faut que j’arrive à passer la barrière de femelles en rut, et c’est pas gagné ! Je cherche une ouverture, mais elles font bloc ! Je ne suis pas quelqu’un de violent mais lorsque j’aperçois mon pire cauchemar se diriger vers moi, ni une, ni deux, je fonce dans le tas tel un boulet de canon. J’essuie quelques insultes au passage ainsi que quelques coups de coude mais je m’en moque, il faut que je me cache, et surtout il me faut un verre ! Ce petit mouvement de foule attire l’attention de Julien qui est en train d’essuyer des verres. Dès qu’il me reconnaît, il  abandonne son poste pour me rejoindre.

- Hey ! Alors la soirée se passe bien ? Me demande-t-il en souriant.
- Oui, oui. Le DJ assure ! On s’éclate avec Noémie !
- Je vois ça, ricane-t-il. Je suppose que tu doit mourir de soif , se moque-t-il.
     Ouh la, faut que j’aille faire un tour aux pipiroom ! Je doit être toute échevelée pour que Julien se marre comme ça.
- Je veux bien la même chose qu’avant,  c’était vraiment délicieux ! Lui dis-je le rouge aux joues.
- Je t’apporte ça tout de suite !

    Il me fait un clin d’œil et repart à l’arrière du glaçon. Une nana quitte son tabouret juste à côté de moi et j’en profite pour me soulager les pieds. Ce sont vraiment des instruments de torture ces escarpins ! J’observe Julien me préparer mon cocktail, histoire de savoir ce qu’il y met car j’aimerai bien le refaire chez moi,  mais impossible, son corps musclé m’en empêche. En revenant vers moi, il attrape un petit parapluie qu’il glisse dans le verre.

- Voilà ma belle ! Me dit-il en le posant sur le bar.
- Merci.
    J’ouvre ma pochette pour y récupérer la carte du club mais je n’ai pas le temps de la sortir qu’un bras passe au-dessus de mon épaule, et au bout de ce bras, une main, oui je sais il y a toujours une main au bout d’un bras, enfin,  presque toujours. Bref, quelqu’un tend une carte à Julien.
- C’est pour moi ! Dit une voix grave derrière moi.



Shaky LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant