Chapitre 1 - L'université d'élite

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Il était là. Devant moi. Devant nous.

L'empereur, maître de l'Europe. Sur les traces de son grand-père, il avait enfin renversé la dernière royauté résistante du continent qui était en place depuis 14 siècles. On le décrivait comme sanguinaire, outrepassant toutes les valeurs pré-établies. Devant moi avec son teint blanc, sa chevelure brune et son corps svelte, il était atypique. D'un seul geste de la main, il fit régner un silence glaçant dans la salle commune de l'Université. Ce pouvoir qui émanait de lui me fit regretter immédiatement d'être présente en ce lieu.

Je ne me sentais pas à ma place au milieu de cette université d'élite, les élèves fixaient l'empereur avec une telle admiration que cela relevait du domaine de l'adulation. Dans une démarche semi-militaire il se levèrent. J'étais époustouflée par leur manière d'arborer une richesse abondante sur notre uniforme noir pourtant si terne. Certains avaient cousu des broderies guerrières, d'autres portaient des chaînes en or, des bagues d'un ornement exquis, je n'avais jamais vu autant de richesse dans une seule pièce.

Aucun ne m'avait remarqué pour le moment, moi Lily, l'orpheline.

Comment m'étais-je retrouvée là ?

J'avais fui l'orphelinat à l'âge de 16 ans. Je n'étais pas appréciée, j'étais différente. Je n'avais pas d'amis, seulement un instructeur, un vieux moine qui me rendait visite régulièrement. C'est grâce à cet être âgé, trapu et aigri que j'eus l'opportunité d'avoir une excellente instruction. Mais la violence quotidienne de l'orphelinat était un réel fardeau pour moi à cette époque là. M'échapper fut la seule solution.

J'ai donc connu l'épreuve de la rue pendant deux années. Deux années de faim, de froid et de souffrance. Ma délivrance surgit lors de la fête nationale, lorsque j'eus vent d'un concours. "En guise de preuve de réconciliation, l'empereur accorde à une personne méritante de sa plèbe l'entrée à son université d'élite".

Tout le monde pensait que c'était impossible pour les gens du commun d'accéder à cette université. Les deux siècles de guerres avaient ravagé l'Europe. Les anciens nous évoquaient un monde d'antan connecté entre les pays, doté de technologie facilitant la vie du quotidien, mais beaucoup ne croyaient pas à cette utopie. La famine, la maladie et la reconstruction étaient les seules préoccupations du peuple. D'autant plus que les écoles avaient été détruites et presque jamais reconstruites. Un peuple ignorant est plus simple à manipuler. Seuls les soutiens de l'empereur et son cercle fermé avaient la chance de l'instruction.

Mais l'instinct me poussa à m'y inscrire .Après tout, peut-être que l'instruction de ce moine aigri m'avait donné un niveau suffisant. Je n'avais plus rien à perdre, la rue n'avait plus rien à m'offrir.

C'est ainsi qu'avec beaucoup d'étonnement je m'étais retrouvée, seule plébéienne de l'histoire admise dans cette prestigieuse et très sélective Université. Université, où l'empereur enseignait chaque année à une seule classe. Cette classe de l'élite parmi l'élite formait des élèves étant promis à un avenir glorieux.

Aujourd'hui, c'était la rentrée. L'empereur que je voyais pour la première fois, allait annoncer les classes.


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