Chapitre 13 - Charles le conseiller

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Nous continuâmes notre danse jusqu'à ce que la musique s'arrête.

- Félicitations c'était bellisimo ! Dit-Giovanni.

L'empereur s'éloigna de moi.

-J'ai besoin de prendre l'air. Giovanni, je vous accorde également un peu de repos.

Je compris qu'il sous-entendait de se retrouver dans notre jardin secret. Et il partit. Giovanni mit sa main sur sa poitrine.

- J'ai eu la peur de ma vie. Merci d'avoir assurée. Je suis donc bien le meilleur professeur de danse, je le savais !

Je sourie, pendant un moment Giovanni m'avait paru sympathique, j'en avais oublié son narcissisme. Il me raccompagna jusqu'à ma chambre.

- Ce soir, minimum une heure de répétition. Danser sur un rythme ternaire, ce n'est pas compliqué Mademoiselle, même à cinq ans j'y arrivais.

- Merci pour vos précieux conseils Lord Giovanni. Réponds-je avec une légère pointe d'insolence.

Lorsqu'il fut parti, je savais que je devais rejoindre l'empereur. J'étais anxieuse, je ne supportais plus ce petit jeu d'intrigues. Je n'arrivais pas à déterminer si il était sincère où si je n'étais que le pion d'un de ces plans stratégiques. Après tout, n'était-ce pas pour ce critère que j'eusse été choisie pour le bal ?

Je parvins à me faufiler sans problème jusqu'au jardin. L'empereur Lothaire était aussi dans l'herbe, il regardait la fontaine d'un air pensif. Il ne m'avait pas remarqué. Une noirceur se dégageait de lui, sa tourmente me touchait.

- Quel danger me guette ? Dis-je.

Il se retourna et me fit signe de m'asseoir à côté de lui.

- Outre mes conseillers, il y a les rebelles et je suis loin de t'avoir tout dit à leurs sujets.

- Pourquoi s'en prendrait-il à ma personne ? Dis-je avec désinvolture.

- En te sélectionnant au bal j'ai fait de toi le symbole de l'empire, j'en suis désolé. Il y eu un silence.

- Mais ici, je suis en sécurité ? De par leurs rangs, ils ne sont jamais entrés au sein de l'Université impériale. Il me coupa.

- Ils la connaissent très bien en réalité.

- Comment ça ?

- Leur leader s'appelle Charles et il s'agit d'un de mes anciens et plus proches conseillers; mon demi-frère.

J'étais sous le choc, ainsi la rébellion menée contre l'empereur l'était pas un membre de sa propre famille, de sa propre caste. J'avais beaucoup trop de questions.

- Pourquoi une personne de son rang renierait ses privilèges ?

- Charles est un fils illégitime, il n'a jamais été traité comme moi. Un jour, lors d'une mission nous avons trouvé une bibliothèque des anciens remplie de livre philosophique. Pendant des mois il s'est enfermé dans sa chambre, mué par les principes des droits de l'Homme, de liberté de penser et d'égalité. Dit-il d'un air désolé.

J'étais vexée, le moine m'avait enseigné tous ces droits qui étaient devenus comme une sorte de motto qui m'animait au quotidien. Je voulais lui faire ouvrir les yeux sur leurs bénéfices.

- J'ai déjà étudié ses principes, qu'ont-ils de mal pour qu'ils te désolent tant? Demandais-je calmement.

- J'y ai cru aussi, mais l'Histoire nous a prouvé qu'ils étaient néfastes face à l'urgence.

Je ne comprenais pas. Pourquoi racontait-il ses actions au passif alors que sa famille en est l'acteur principal ?

- De quelle urgence parles-tu ? Ton grand-père est celui qui a commencé la guerre en Europe.

- Mais tu ne connais pas ses raisons.

Son orgueil commençait à m'énerver.

- Les raisons sont souvent les mêmes, l'avidité, la richesse, le désir de puissance.

- Tu te trompes, chaque personne est muée par ce qu'elle croit être le bien commun.

Je me relevais, j'en avais assez entendue. Alors que je partais il me dit:

- Sans l'action de mon aïeul, le monde serait beaucoup moins vivable à l'heure d'aujourd'hui.

Je lui répondis avec dédain.

- Va dans la rue, parle avec ton peuple, il s'agit plus de survie que d'une véritable existence.


L'empereurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant