Chapitre 7

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Le bronze : Le goût du sang

Il y avait, dans une campagne dans un pays d'Europe, un lieu particulier. Un monument au mort, une immense statue, d'une vingtaine de mètres de haut, représentant la première vampire de l'histoire. Sur son socle, inscrits les noms de ceux qui s'étaient battus pour sa liberté, alors qu'elle avait été enfermée en mille cinq cents. La construction était à l'air libre, faites de bronze, la vampire un bras devant la bouche, l'autre le poing levé vers le ciel. Tous les ans, dans la galerie cachée sous elle, se tenaient le premier juin des sacrifices humains, une centaine. Matrinia et Harktur s'y étaient d'abord rendus avec leurs parents, puis d'eux-mêmes, pour participer à l'étrange réception que le tout composait. Cette année encore, ils prenaient l'avion pour ensuite marcher vers la statue. La route était longue, ils marchaient cependant avec vigueur, portant sur leurs dos des sacs de randonnée. Matrinia portait un bermuda crème, un débardeur noir dévoilant ses bras fin mais musclés, des chaussures de randonnée avec chaussettes montantes, et ses lunettes de soleil et chapeau. Harktur avait fait la même chose, de plus il aimait bien voir ses jambes. Ils s'arrêtaient sur le bord de la route dans la journée, regardant les voitures passer. Ils s'asseyaient généralement dans l'herbe, sous le soleil, pour manger un bout de sandwich, et repartaient de sitôt pour continuer leur voyage. Dans la soirée, ils trouvaient une auberge sympathique, et en rentrant ils constatèrent que la plupart avaient les cheveux noirs, les yeux gris. Les mains aux doigts fins se glissaient sur les chopes de bière, sur les cartes. On les accueillait chaleureusement, Matrinia parlait la langue locale et leur gagna une chambre à moitié prix. On les regardait bizarrement, tandis qu'ils montaient les marches pour accéder à l'étage. Leur chambre était tout à fait correcte, un grand lit prenant la plupart de la pièce, et la petite salle de bain était d'une propreté inégalée. Ils déposaient leurs sacs, prenant un moment sur le lit pour se reposer avant de descendre prendre un bon dîner. La salle était encore remplie, la nuit tombait doucement. Des trophées de chasse et vieilles tapisseries décoraient las murs, le plafond craquait sous les pas des personnes à l'étage. Matrinia et Harktur s'asseyaient dans un coin de la salle. Au bar, plus loin dans l'auberge, de nombreux hommes se saoulaient et rigolaient fort, leurs esclaffements plombant la salle. Ils appelaient un garçon qui vint leur rencontre, leur demandant ce qu'ils voulaient commander d'une carte composée uniquement de viande, d'eau et d'alcool.

— Vous n'avez rien de plus cru ? demandait la jeune femme, discrètement, se demandant s'ils étaient tombés dans une auberge de vampires.
— Oh ! Vous êtes là pour les sacrifices, chuchotait l'homme. Je peux vous servir des steaks crus.
— Steaks humains ? ajoutait Harktur, se disant que s'il savait, autant lui demander le maximum.
— Bien sûr. Je vous apporte le tout tout de suite ! dit-il, souriant, repartant vers le comptoir.

Ils étaient donc bien tombés. Matrinia regardait autour d'elle, il y avait du monde, la plupart avaient l'air de vampires. Ils recevaient avec joie leurs steaks humains, les savourant avec plaisir. Matrinia plantait avec vigueur sa fourchette dans sa viande, mâchouillant le cru, déchiquetant les gros morceaux avec ses canines. Harktur l'observait, lui aussi promenant de temps en temps son regard dans la salle, passant au crible les autres personnes, recevant de petits regards appuyés. Il était presque surpris d'en recevoir dans une petite auberge de petit village comme celui-ci. Les lumières jaunâtres étaient allumées, mais la pièce en elle-même restait sombre, on entendait quelques personnes parler plus fort, jouant à on ne pouvait pas distinguer quel jeu de carte. La jeune femme prenait son verre d'eau, le gardant devant sa bouche un moment, jetant un coup d'œil au jeune homme qui les avaient servis. Peut-être lui aussi serait-il aux sacrifices demain. Quelques personnes commençaient à quitter la grande pièce, partant à l'extérieur ou montant dans les quelques chambres, on entendait les pas et le vieux parquet craquer. Elle n'avait pas sommeil, mais savait qu'il vaudrait mieux aller dormir immédiatement pour finir la route vers la statue. Sur la grosse pendule à balance, non loin d'eux, on pouvait déjà lire vingt-deux heures. Ils se levaient, hésitants, mais montèrent en essayant de rendre leurs pas légers pour ne pas déranger ceux d'en dessous. Ils ouvraient la porte de la chambre, rentraient et se changeait rapidement pour la nuit, sans faire de bruits ; en quelques minutes, il n'y avait plus un bruit au rez-de-chaussée, c'était déjà l'heure de fermeture. Matrinia se couchait, regardant les fissures au plafond, heureuse de retrouver les sacrifices. Elle entendait ses voisins de chambre marcher, mais cela ne la dérangeait pas, entendre le sol craquer arrivait même à la bercer. Harktur se glissait sous la couette, à côté d'elle faisant doucement grincer le lit alors qu'il se faufilait un peu plus près d'elle pour la prendre dans ses bras. Elle se lovait contre lui, soupirant, trop excitée pour le lendemain, n'arrivant même pas à fermer l'œil. Le jeune homme serrait un peu plus, posant sa tête dans le creux de son cou, comme s'il allait la mordre. Elle se tortillait, rigolant, sentant les bras d'Harktur doucement augmenter leur pression autour d'elle. Il serrait de plus en plus, rigolant dans son cou, et elle se rendit enfin compte qu'il cherchait à couper sa respiration. Elle le poussa légèrement, mais il revenait à la charge en serrant un peu plus, la faisant tousser. Elle se demandait ce qui lui prenait, de soudainement essayer de la tuer ou quelque chose du genre, mais décida de répliquer en se retournant du mieux possible pour prendre son élan en penchant la tête en arrière et planter ses canines dans le cou du jeune homme, lui arrachant une grimace et un gémissement de douleur, elle lui avait fait trop mal, il ne s'attendait qu'un peu à cette réaction. Matrinia prenait légèrement de son sang, essayant presque de déchirer sa chair pour lui faire mal. Elle n'aurait pas dû faire ça, pas la veille des sacrifices, ce n'était certainement pas respectueux des traditions vampires. Elle embrassait son cou, continuant de prendre un peu de son sang, c'était agréable, de le sentir si près.

CENT POUR SANGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant