Chapitre 4

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Lenvik : Le chasseur qui ne savait pas chasser

Le sang de la jeune femme ; déjà bien froid, se glaçait dans ses veines. Lenvik était habillé tout de blanc, son teint halé contrastant, ses cheveux blonds coiffés en arrière, il balayait la pièce d'un regard malicieux et plein de suspicions. Matrinia jetait un petit regard à Joanka, qui avait l'air tout aussi choquée, ne sachant quoi faire. "Ai l'air normale" se disait Matrinia, se mordant légèrement la joue, stressée. Un chasseur de vampires. C'était son pire ennemi, elle ne supportait pas leur vue et arrivait même à les sentir quand ils étaient autour d'elle. Joanka fixait l'homme, ne le lâchait pas des yeux, tandis que lui s'attardait sur les deux jeunes femmes. Matrinia faisait semblant de rapidement consulter son ordinateur, sans paraître suspecte, et sentit alors un long frisson la parcourir, le regard de Lenvik posé sur elle avec insistance. Le professeur reprit finalement la parole, expliquant que Lenvik leur donnerait un rapide cours sur comment repérer et dénoncer des vampires pour enfin réduire à néant cette population néfaste à l'humanité. Il commença alors son petit cours, quelques élèves partirent car pas spécialement intéressés et les deux jeunes femmes en profitèrent pour se glisser en dehors de la salle. Elles jetaient un dernier coup d'œil à Lenvik, qui les observaient et ne les quittaient pas des yeux.

— Vous pourrez convoquer ces deux jeunes femmes ; qui viennent de partir; à mon bureau Place Viarme ? glissait-il au professeur.
— Si vous le souhaitez, je leur transmettrais l'information.
— Et comment s'appellent-elles ? demandait le chasseur.
— Matrinia Velkovf et Joanka Hekller.

Les deux jeunes femmes en question attendaient patiemment dans le hall leur prochaine heure de cours, angoissée par la présence dans l'établissement du chasseur de vampires. Elles le connaissaient, de nombreuses fois les médias avaient parlé de lui comme le meilleur chasseur de vampires de toutes l'agglomération, le meilleur que Nantes a jamais connu. Elles sentaient alors son aura, son odeur terrible, il rendait l'atmosphère du hall pesante, regardant autour de lui, oppressant tout étudiant osant le regarder dans les yeux par un simple pas marqué par le bruit net de sa chaussure sur le sol. Il avançait, apercevant les deux jeunes femmes dans un coin de la salle, décidant de ne pas aller les voir. Il les verrait bien assez tôt. Il sortit enfin du bâtiment, les deux jeunes femmes purent reprendre leur souffle. Les autres étudiants, humains du moins, n'avaient sûrement que très peur sentit ce que dégageait le chasseur ; mais le peu de vampires présents s'étaient sentis mourir sous la pression amenée par Lenvik. Alors qu'elles retournaient en classes, elles étaient interpellées par le professeur de l'heure dernière, leur expliquant que Lenvik leur proposait un rendez-vous à son cabinet en fin de semaine. Elles prenaient la petite carte avec le logo, l'adresse et le numéro de téléphone du chasseur. Une carte claire et neutre ; blanche et grise, avec de légers reflets, et un film plastique la recouvrant. Cela n'était finalement pas une mauvaise chose ; quoi de mieux que de manger un chasseur ?

Le soir, Joanka retournait à leur appartement tandis que la jeune femme décidait de se glisser chez Harktur. Elle sonnait à l'interphone, et au moment où le jeune homme reconnut son amie par la vidéo, il déverrouilla la porte du hall. Il se précipitait en dehors de son appartement, attendant devant l'ascenseur qu'elle arrive. Les portes s'ouvraient sur Matrinia, lui adressant dès qu'elle le vit un certain regard et souriant de toutes ses dents, se léchant doucement les canines. Elle sortit doucement, il était surpris et heureux, il regrettait ce qu'il avait fait plus tôt et ouvrit doucement ses bras. Mais c'est elle qui se jetait sur lui et le poussait jusqu'au mur opposé du couloir, le plaquant, attrapant sa tête et son dos, enfonçant ses dents dans la peau d'Harktur. Elle était venue ici avec la forte intention de s'excuser, et ne faisait qu'aggraver les choses. Elle y allait cependant doucement, et le jeune homme se détendit petit à petit, glissant ses doigts dans les cheveux de Matrinia. Il la poussa doucement, lui prenant la main pour l'emmener dans son appartement. Il n'aurait pas voulu être vu ainsi avec la jeune femme, même si sa voisine était au courant qu'il était un vampire mais qu'elle avait trop peur de le signaler. Tandis qu'il fermait à clé l'appartement, elle retirait son manteau, ses chaussures, et posait son sac par terre à côté du plan de travail dans la cuisine. Elle s'avançait vers lui, le prenait dans ses bras, se collant à son corps chaud qui n'était pas allé dans le froid cette journée. Elle se mettait légèrement sur la pointe des pieds, il entourait sa taille de ses bras. Matrinia, quoique l'on n'aurait jamais pensé cela d'elle, lui murmurait "Je suis désolée". Harktur était surpris, il la serrait un peu plus. La jeune femme ne s'était pas beaucoup excusée, depuis qu'il la connaissait, et n'avait que très peu montré des émotions aussi sincères. Alors qu'il la gardait dans ses bras, près de lui, il sentit le tissu de son t-shirt doucement se mouiller. Elle pleurait ? Il s'écartait légèrement de Matrinia pour voir son visage, elle ne pleurait pas. Elle bavait. Elle soufflait qu'elle avait hâte de la fin de semaine, qu'elle avait si hâte. Mais elle ne lui donnait pas plus d'explications. Harktur lui demandait, de quoi avait-elle si hâte qu'elle en bavait ? Il ne put pas avoir de réponse car elle tombait, ses jambes se dérobant, son corps fin exposé à la lumière du soleil se couchant. Elle s'endormait dans les bras d'Harktur, souriante, partant faire un beau rêve. Matrinia se réveillait dans un lit confortable, un lit qu'elle connaissait bien. C'était le milieu de la nuit, son dos était collé à la poitrine d'Harktur, et elle pouvait sentir son souffle chaud dans sa nuque. Elle était lavée, habillée d'un boxer et d'un grand t-shirt, bien large. Il avait les bras passés autour d'elle, les doigts de sa main noués dans ceux de celle de la jeune femme. Elle fut frappée, c'était une situation qu'habituellement elle ne pouvait supporter, dormir ainsi, et avec qui que ce soit. Mais apparemment, son corps de lui-même avait choisi que Harktur aurait droit à ce traitement de faveur.

CENT POUR SANGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant