Cent pour sang : Nantes ou la ville chauve-souris
Matrinia arrivait presque à bouger, mais se sentait clouée sur une chaise par d'innombrables cordes. Ses bras étaient posés le long des accoudoirs, ses ongles enfoncés dans l'avant sculpté. Elle essayait de regarder autour d'elle, mais sa vision était brouillée d'un voile rosâtre, presque trop pailleté, qui dansait devant ses yeux. De toute façon, son cerveau ne suivait pas assez bien, les informations n'arrivant pas à se former. Ses pensées étaient confuses, elle n'entendait que le bruit lointain d'un carillon. Elle soupirait fort, ce demandant ce qu'elle faisait là mais surtout comment elle allait en sortir. Elle commençait à se débattre, tirant sur la corde rêche entourant ses bras, en vain. Elle faisait surement trop de bruit, se disait-elle alors qu'une main froide passait le long de son visage. La jeune femme arrivait à peine à distinguer la personne devant elle, et alors qu'elle plissait un peu les yeux, elle apercevait le doux regard d'Harktur. Elle était sauvée. Elle se débattait encore un peu plus en souriant, avançant son visage pour essayer de l'embrasser. Pourtant c'est une claque qu'elle recevait, sa tête tournant d'un coup vers la gauche. Attends, quoi ? Elle était pourtant persuadée qu'il s'agissait d'Harktur. Elle avait mal, le tissu rose se déposant de nouveau devant ses yeux. Qu'allait-il se passer, maintenant ? Elle était totalement en train d'halluciner. Oh, alors c'était une plante hallucinogène. Alors qu'elle continuait de se débattre pour se défaire de ses liens, ses esprits lui revenaient petit à petit, et elle se souvenait de ce qui l'avait amenée dans cette situation. Comme une débile, elle avait essayé d'empoisonner la Foster, qui avait finalement joué l'inverse et avait empoisonné Matrinia. Cette dernière était toujours en train de s'agiter, sentant la corde doucement se relâcher et devenir plus tendre, quoique les frottements sur sa peau la brûlaient. Il y avait un bruit avec celui du carillon, comme des pas mais... bien plus saccadés, comme ceux d'une personne boitant... Matrinia attendait un instant, sans bouger. Les pas s'approchaient, et elle sentait alors un grand vent la fouetter et la faire tomber sur le sol avec la chaise. Donc ce n'étaient pas que des hallucinations ? Elle essayait de secouer sa tête pour recouvrer une vision normale, mais n'y arrivait pas vraiment. Elle sentait ses canines lui faire mal soudainement, et une idée lui venait, elle n'avait qu'à ronger ses liens. C'est donc ce qu'elle commençait à faire, en partant de son épaule. Elle descendait petit à petit jusqu'à sa main, qu'elle bougeait toujours pour détendre les nœuds fais sur tout son corps. Matrinia parvenait enfin à libérer son bras droit, avec chance, il s'agissait de sa main dominante, et elle commençait à la bouger pour défaire les liens de son autre bras. Les cordes autour de ses jambes étaient serrées, elle devait user d'une force monstrueuse pour réussir à s'en défaire. Sa tête tournait, mais sa vue commençait à redevenir normale. Elle se levait, essayant tant bien que mal de se tenir debout et d'analyser l'environnement autour d'elle. C'était humide, il y avait de la moisissure sur les murs et au plafond, des gouttes tombaient dans un sceau posé non loin. Elle pouvait remarquer une fenêtre ou ce qu'il en restait, elle était condamnée avec des planches de bois épaisses. Une petite porte en bois était ouverte à l'opposé de la pièce, elle se décidait de doucement marcher, sur la pointe des pieds pour ne pas faire de bruit au cas où les vieilles vampires seraient là à attendre. Tout était étrangement silencieux. Bien trop silencieux. Matrinia repérait un couteau rouillé, abandonné près d'elle, et le prenait dans sa main. Si sa victime ne mourait pas d'une hémorragie, elle mourrait d'une infection ou du tétanos. Elle passait le pas de la porte pour monter des petits escaliers, étroits, qui ne pouvaient qu'à peine accueillir une personne. Elle avait encore les jambes engourdies, se sentait fatiguée. Elle regardait en haut, il avait une faible lumière de bougie qui lui parvenait. Arrivée au palier, elle tendait l'oreille pour être sûre qu'elle pouvait sortir. Elle fit quelques pas pour se rendre compte qu'elle n'était plus au manoir. Ici, les fenêtres n'étaient pas condamnées, alors elle regardait dehors ce qu'elle pouvait voir sous le ciel orageux presque noir. Seulement un champ... Elle sortait par la porte d'entrée minable et constatait que l'endroit où elle était s'agissait en fait une petite dépendance au milieu d'un champ immense. Elle n'avait aucune idée d'où elle était.

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CENT POUR SANG
VampirÀ Nantes, ville comptant la plus grande population vampire de France, Matrinia vit sa vie calme en tant qu'étudiante le jour, et créature assoiffée de sang la nuit. Un jour, on lui propose de vendre du sang humain pour des riches vampires... Impossi...