Un vampire ne devait pas, surtout pas mourir des mains d'un chasseur, ou alors il déshonorait sa lignée, sa famille. C'était une honte. Matrinia et Harktur ne se serait jamais autorisés à mourir des mains des chasseurs. Mais les voilà, dans une des prisons de la cellule anti-vampire. De derrière leurs barreaux, ils pouvaient voir le bureau s'afférer à on ne savait combien de choses sûrement très importantes. On avait l'ai paniqué, les pas étaient frénétiques et stressés. Les chaînes de télé les plus importantes du pays étaient là, à filmer les reporters expliquant la situation actuelle devant les portes de la cellule. Matrinia se demandait pourquoi ils n'étaient pas juste exécutés, elle était surprise de voir autant de monde sembler presser. Etrangement, ils semblaient presque en train de faire le ménage... Alors qu'ils discutaient de ce qui allait leur arriver, des flashes d'appareils photos les aveuglaient. Une limousine se garait devant le bâtiment de la cellule, et une femme en robe courte noire, très fine, avec un chapeau et des lunettes de soleil qui devaient valoir un smic en sortait. Oh, non, soupirait Harktur, elle fait une scène. La femme avait les cheveux lisses, plats, lui arrivant jusqu'aux cuisses. Elle s'approchait du comptoir, donnait une petite enveloppe à la réceptionniste, lui glissant un clin d'œil, et s'approchait de la cellule dans laquelle étaient les deux amoureux tandis qu'un garde l'ouvrait. Matrinia ne reconnut alors que maintenant la femme. Celle-ci leur sautait dessus, oh, elle les avait enfin retrouvés. Elle les prenait dans ses bras pour les embrasser, Harktur rougissait mais Matrinia semblait tout à fait contente. Cette femme, si douce et charmante, n'était autre que Alexandra Klosner, la mère de Harktur. Elle était créatrice de mode et très, très, excessivement riche. Elle les amenait au dehors de la cellule et les faisait monter dans sa limousine, qui repartait en direction de la périphérie de la ville. Alexandra leur expliquait qu'ils monteraient dans une voiture plus apte pour l'autoroute, et qu'ils allaient à Bordeaux dans sa résidence principale. Matrinia n'en revenait pas, donc les Klosner s'étaient contentés de soudoyer la cellule anti-vampire de Nantes et, hop, ils avaient pu sortir ? Cela lui paraissait irréel, et elle ne pouvait pas s'empêcher de se faire la réflexion que les parents d'Harktur aurait pu intervenir un peu plus tôt dans leur histoire. Ce dernier ne disait et ne montrait rien, mais était en réalité très heureux de revoir sa mère après trois ans. Ils arrivaient devant une petite maison, et Alexandre en profita pour leur expliquer deux trois choses. Elle avait fait amener tout ce qu'ils avaient laissés dans leur maison du sud dans la sienne, rien n'avait été perdu. Elle avait appris par diverses sources qu'elle ne pouvait pas toutes citer ce qui leur était arrivé, et avait vu à la télévision les deux jeunes dans une cellule. Elle avait aussitôt appelé, disant qu'elle arrivait avec une coquette somme sur elle pour payer un genre de rançon, qu'elle avait seule mise en place. Et elle avait pu les sortir de là, en essayant de convaincre le reste des autorités de ne plus les toucher, sinon elle userait de son influence. Matrinia était plus qu'heureuse. Ils montaient dans la voiture et partaient sur la route vers Bordeaux. Le jeune homme n'avait presque rien dit, et il n'avait qu'à peine parlé avec sa... copine ? alors qu'ils étaient dans la cellule à Nantes. Il n'osait pas l'aborder, de peur qu'elle ait trouvé quelqu'un d'autre, ou simplement qu'elle soit déçue de lui car il était en partie responsable de leur capture. Mais Matrinia, elle, tandis qu'elle regardait le paysage défiler le long de l'autoroute, était simplement heureuse de l'avoir retrouvé lui. Elle sentait des papillons dans son ventre... Comme quand elle avait quatorze ans. Et ce sentiment étrange de sécurité la berçait, elle avait envie de dormir...
Matrinia se réveillait alors qu'ils se garaient dans le garage de la résidence des Klosner. Contrairement aux autres familles vampires qui optaient pour les vieux manoirs dans la campagne, celle d'Harktur possédait une villa incroyable dans les quartiers bourgeois de la ville. Alexandra les guidait à l'intérieur, ils avaient une sorte de petit appartement, presque aussi grand que celui de Nantes, rien que pour eux dans la plus que grande maison. Harktur retrouvait un atelier, et Matrinia un bureau sur lequel elle pourrait tranquillement reprendre le travail. C'était agréable, et une chaleur rentrait rapidement dans la pièce alors qu'ils retrouvaient tous les objets qu'ils avaient laissés dans la maison du sud. La mère d'Harktur s'éclipsait, les laissant seuls en fermant la porte derrière elle. Ils n'avaient plus la vue sur toute la ville, ni les parois de verre de l'appartement, certes, mais ils y seraient sûrement bien pour un temps. Matrinia s'approchait lentement du jeune homme, passant sa main froide sur sa joue. Elle ne perdait pas de temps et le mordait doucement. Cela faisait tellement longtemps qu'elle ne l'avait pas mordu... Il avait presque perdu les cicatrices sur ses épaules, finalement. Elle ne voulait pas en prendre trop, il ne s'était réveillé que quelques jours auparavant, alors elle retirait ses canines seulement après les avoir enfoncées. Lui non plus, ne perdait pas de temps, attrapait le visage de la jeune femme dans ses mains et l'embrassait. Ce simple baiser se terminait un peu trop rapidement par des vêtements par terre, tandis que Matrinia était poussée contre le mur. Était-ce si agréable la dernière fois ? En tout cas, elle ne s'en souvenait pas comme ça, mais ce soir lui paraissait quatre fois mieux. Sûrement parce que cela faisait bien trop longtemps qu'elle n'avait pas senti Harktur aussi proche d'elle. Elle continuait de l'embrasser, tant bien que mal, alors qu'il soupirait dans son cou. C'était une nuit magnifique...
Mais pas une minute à perdre, dans la journée se déroulait une réunion que Alexandra qualifiait comme « la plus importante de toute ta vie, Matrinia ». Alors Matrinia faisait confiance, et était conduite dans une église semblant abandonnée de l'extérieur, au milieu d'une clairière en forêt. Elle était plus que suspicieuse, qu'aurait-elle à faire dans un lieu pareil ? Ce n'est qu'en rentrant dans l'église qu'elle se rendait compte. Plus d'une centaine de vampires étaient entassés à l'intérieur, applaudissant alors qu'elle rentrait. Mais qu'est-ce qu'elle avait fait ? Matrinia était encore confuse, car elle ne savait pas pourquoi les gens la prenait comme la tête absolue de la rébellion, alors qu'elle n'avait fait que lancer l'alerte. Même, pourquoi appeler ça une rébellion ? se disait-elle, pensant aussi que c'était ridicule toutes ces choses. Une vieille femme attrapait alors sa main alors qu'elle marchait et lui chuchotait quelques mots. Matrinia n'avait pas fait grand-chose, en fait, mais elle était celle qui avait survécu au bûcher, qui avait tué Lenvik et les deux femmes Foster. Pour les vampires ayant trop peur de mener ne serait-ce qu'un centième de ces actions, elle était un héros. Elle semblait avoir tout dépassé, et même si elle n'avait pas envie de l'entendre, la vieille dame lui dit que c'était son destin. Le destin ? Quelle chose complètement débile. Matrinia ne croyait pas au destin. Mais... Elle sentait dans son dos la main d'Harktur la pousser doucement pour qu'elle continue d'avancer. Elle retirait sa main de celles de la vieille femme, qui la regardait s'éloigner en souriant. Ils lui demandaient un discours, mais elle ne savait pas quoi dire ! Elle avait beau réfléchir tandis qu'elle s'avançait vers le chœur. Elle regardait les visages autour d'elle... Tous semblaient fatigués, fatigués de toute cette histoire de rébellion. Beaucoup d'entre eux, pensait la jeune femme, ne devaient se raccrocher à la vie que par le bout déchiré d'un fil, probablement ce bout était-il de voir les vampires réellement libres un jour. Elle montait derrière l'ambon, posant ses mains, réalisant qu'elles étaient aussi fines que celles de Viktoria à l'époque, quand elle déposait ses doigts bien trop puissants pour leur aspects sur son petit pupitre lors des réunions. Matrinia se forçait à ne pas y penser, et regardait plutôt Harktur lui adresser un sourire rassurant devant elle. Il n'y avait plus un bruit sous la charpente haute de l'église, tous attendaient qu'elle dis quelque chose. Les mots et les idées fusaient dans sa tête, tandis qu'elle passait son regard sur les personnes se tenant devant elle. Ce ne sont que quelques mots qui firent frémir, puis applaudir et chanter de joie la foule devant elle.
« Nous allons le faire », elle soufflait, de manière à peine audible. Et pourtant, tout le monde avait entendu. Harktur l'observait tendrement, il était persuadé qu'elle ferait d'incroyable choses, et que ces parents dans l'au-delà étaient fiers d'elle. Matrinia regardait au-dessus d'elle, alors que les vampires dans l'église chantaient son nom. Elle disait, dans sa tête seulement, Je t'aime. Qui ? Elle ne savait pas. Mais elle aimait, enfin.
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CENT POUR SANG
VampireÀ Nantes, ville comptant la plus grande population vampire de France, Matrinia vit sa vie calme en tant qu'étudiante le jour, et créature assoiffée de sang la nuit. Un jour, on lui propose de vendre du sang humain pour des riches vampires... Impossi...