Sans eux

Chapitre 1

C'est avec la pluie que je posai enfin pied à terre à New York et c'est avec impatience que je me dirigeai le plus vite possible vers la sortie. Il me fallait un hamburger et une bonne nuit de sommeil. Je n'avais pas pu dormir du voyage à cause de l'énergumène qui ne cessait de ronfler à côté de moi dans l'avion, j'aurais pu l'étrangler ou le faire passer par le hublot. 

Ayant retrouvée mon sac à dos tactique noir à l'aéroport, je me permis de prendre le taxi qu'un jeune couple avait appelé et demanda au chauffeur de se diriger vers Central Park. Ce n'est pas eux qui revenaient de mission. 

Descendue du taxi, ce qui m'attendais depuis des mois était enfin devant mes yeux ; le Baker aka le restaurant avec les meilleurs hamburgers de tout New York. Après des mois sans en manger il fallait que mon corps en avale un, la sieste sera pour après. 

C'est avec envie et l'eau à la bouche que je m'asseyais qu'une serveuse se dirigeait vers ma table. 

- Bonjour Madame, qu'es ce que vous désirez ? me demanda-t-elle avec un grand sourire.

- Bonjour, un hamburger simple avec des frites s'il vous plaît. 

- Très bien, je vous rapporte ça, dit-elle en partant vers la cuisine.

 Il fallait vraiment que je me repose après cet hamburger, mes yeux se fermaient et je sentais mon corps partir dans les bras de Morphée. Cette mission avait été la plus rude que j'ai pu accomplir et malgré que je m'en sois sortie, cela avait été de peu. Mes supérieures m'avaient clairement fait comprendre que je ne reprendrais pas les missions avant une bonne année. Cela m'arrangeait bien mais je me demandais bien ce que j'allais faire pendant tout ce temps. 

- Et voilà votre hamburger et vos frites. La serveuse revint vers moi et déposa mon plat sous mes yeux. 

- Merci, lui dis-je en commençant à piquer dans mes frites. Voyant qu'elle restait à côté de moi je me tournais légèrement vers elle et la regarda dans les yeux en lui demandant ce qu'il se passait. 

- Et bien, je ne veux pas paraître indiscrète mais j'ai vu votre sac à dos et vos chaussures et je me demandais... 

- Si j'étais dans l'armée ? 

- Oui...

- J'en reviens, lui répondis-je d'un ton sec et froid. Je comprenais l'intérêt des habitants pour l'armée et pour les militaires. Mais je ne voulais pas parler de ce qui c'était passé là-bas, surtout avec une inconnue, bien qu'elle ne paraissait pas méchante. Mal à l'aise, elle retourna à son comptoir et je finis de manger. 

Sortie de Baker, je me mis d'accord avec moi-même pour faire un tour dans Central Park avant de rentrer chez moi malgré la fatigue qui devenait de plus en plus grande. J'aimais cet endroit, je m'y sentais bien, apaisée, ce qui était rare pour une personne qui pensais autant. J'oubliais le bruit ambiant de New York, ma mission, la douleur, il n'y avait que les arbres et le son de la pluie qui tombait par terre. Peu de New Yorkais étaient sortis, cela ne pouvait que me convenir. Me dirigeant lentement vers la sortie, un homme blond assez bien baraqué me rentra dedans et s'arrêta. 

- Excusez-moi Madame, je ne vous avais pas vu avec cette pluie.

- Ce n'est rien, je continuai ma route et appelai un taxi pour m'amener chez moi. Je dois avouer que Brooklyn m'avait manqué et que mon studio aussi. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, mon studio n'était pas sale, moisie ou je ne sais quoi. J'avais travaillé bien assez dur pour me payer le studio dont j'avais toujours rêvé. En plus de cela, lorsque je l'avais acheté je n'avais pas besoin d'un grand espace, je partais souvent en mission et je vivais seule, ce qui n'a pas grandement changé. 

Je me remercie encore d'avoir rangé le studio avant mon départ car à peine étais-je rentrée que je  m'écroulais sur mon lit. Les bras de Morphée m'ont vite emportée mais ce n'est pas le marchand de sable qui m'attendait. 

- Alors ma petite, on va bien s'amuser toi et moi, tu ne penses pas ? Un homme aux cheveux noir ébènes et au sourire sadique me caressa le visage et s'approcha de moi, comme une hyène trouvant sa proie. 

- Sûrement pas, enlevez vos mains de moi si vous ne voulez pas les laisser ici. Malgré mes mains et mes pieds attachés je lui assenai un coup de tête, ce qui le fit reculer de quelques centimètres.   

- Mais c'est qu'elle est sauvage en plus, cria t-il en me giflant. On va discuter un peu mais au contraire de ce que tu viens de faire, tu vas tout me dire sur ta mission. 

- Ne comptez pas sur moi, lui crachai-je au visage. Son visage s'assombrit et il m'envoya son pied dans les côtes et m'arracha les cheveux avec force avant de m'éclater son genou au visage. La douleur se fit clairement sentir et je sentais ma côte fêlée. 

Je me réveillai en sursaut lorsque j'entendis mon portable sonner. Je regardai l'écran et décrochai. 

- Hello sister !

- Salut... 

- Oh, il y en a une qui a passé une mauvaise journée. 

- J'étais en train de dormir après un voyage épuisant et ma petite sœur vient de me réveiller alors oui je suis pas de très bonne humeur, répondis-je exaspérée et en sueur. 

- Désolé Sélène mais tu ne m'as pas envoyé de message pour me dire que tu étais bien arrivée à New York alors je t'ai appelé. 

- Ce n'est rien Aria, c'est ma faute, dis-je en m'allongeant dans mon lit. Je passerai vous voir à l'appartement demain, ok ? Je suis crevée. 

- Je comprends, ne t'inquiètes pas. Surtout ne ramène rien, je ferai le chili con carne que tu aimes tant pour me faire pardonner. 

- Merci, passe une bonne fin de journée Aria. 

- Repose toi bien, je t'aime. Tu le sais ? J'entendais dans sa voix qu'elle s'inquiétait et qu'elle se faisait du soucis. 

- Je t'aime aussi canaille. Elle raccrocha et malgré ma fatigue toujours présente, je ne voulais pas me rendormir. Pas après ce cauchemar. Netflix me paraissait être un bon compromis, surtout que j'avais une dizaine de séries et de films à rattraper après des mois loin de chez moi. J'allumai la télévision et mis en route The Witcher. J'éteignis mon portable et il ne s'était même pas passer une demi-heure que je me rendormis, avec le souhait de dormir le plus calmement possible.