Chapitre 3

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Les trois voyous se retournèrent vers moi et je voyais clairement à leur visage qu'ils étaient plus jeunes que moi. 

- Occupe toi de tes affaires et dégage d'ici ! cria celui à la veste noir. 

- Voyons, ne soit pas vulgaire, je veux juste savoir ce qu'il a fait, souriais-je. 

- Il t'a dit de dégager pétasse. Je me tournais vers le grand blond qui venait de me cracher ça au visage tandis qu'il s'avançais vers moi. 

- Ce n'est pas une manière de parler à une femme enfin ! Votre mère ne vous a pas appris les bonnes manières. Je sentis l'homme à la veste noir m'attrapait l'épaule, seulement, il n'eu même pas le temps de dire ouf que je le fis valser au sol. Le grand blond se retrouva avec mon pieds au visage et un nez cassé après avoir voulu me mettre son poing à la figure. Tandis que celui qui restait, je dois l'avouer, était un peu plus coriace. Il m'envoya son genoux dans l'abdomen et la tête, je réussis à le déstabiliser avec un coup dans les côtes. C'était sans compte son pied dans les miennes, qui me provoqua une douleur atroce, que je passa ma main dans mon dos. Mon bras enlaça son cou et pointa mon revolver sur sa tempe. 

- Ok, ok c'est bon j'abandonne. 

- J'espère bien mon petit, tu ferais mieux de travailler plutôt que de tabasser les autres. Je lui assainis ma crosse sur le crâne et il s'évanouit. L'homme qui venait de se faire battre se releva difficilement et cracha un peu de son sang. Il avait à peine la trentaine et le visage en sang mais j'arrivais à percevoir des traits doux.

- Merci beaucoup. Vous allez bien ? Vous avez l'air de souffrir. En effet, mes côtes me faisaient atrocement mal et je doutais de mon aptitude à rentrer chez moi sans me casser la figure. 

- Je vous avoue que je ne sais pas si je vais réussir à rester debout, dis-je avec une grimace. L'homme vient passer mon bras sur ses épaules et me soutenue. 

- Je vais appeler une ambulance, restez avec moi. Il me regarda et me tendit un sourire. 

L'ambulance arriva sous peu et un des ambulanciers m'aida à monter dans celle-ci. 

- Que s'est-il passé ? Je retirais mon manteau et mis mon revolver sur le brancardier. Il souleva doucement mon haut et à la vue de mon arme me demanda s'il était normal que j'en porte une. 

- Monsieur, je fais partie de l'Armée donc oui je suis apte à porter ce revolver. Maintenant si vous pouviez vous concentrer sur mes côtes fêlées, je vous en serais reconnaissante. 

- Je vais commencer par désinfecter vos plaies. Il examina ces dernières qui s'étaient réouvertes et passa du coton alcoolisé. Cela n'était pas pire que mes côtes mais je ne pouvais m'empêcher de grimacer. Le deuxième ambulancier s'occupait du visage de l'homme qui m'accompagnait, c'est le regard de ce dernier que je sentais sur moi. Je ne pouvais pas lui reprocher, je ferais la même chose si un militaire venait de me sauver la vie et qui avait, en plus de cela, des hématomes partout sur le corps. L'ambulancier me demanda comment est-ce que mes côtes s'étaient fêlées avant l'attaque de ce soir. Je mis mes yeux dans les siens, je ne voulais pas le lui dire. 

- Je suis obligée de vous répondre ? 

- J'ai besoin de savoir pour comprendre la gravité de votre état. Des images me revinrent en tête, la douleur les suivait. 

- J'ai été battu, coups de pieds, battes, poings et d'autres choses dont je ne me rappelle plus, avouais-je. 

- Merci Madame, je vais m'occuper de vous. Ne vous inquiétez pas. Il me prit la main et la serra. Je le regarda l'air froid tout en dégageant ma main et il retourna à mes plaies. 

Arrivée à l'hôpital, mon ambulancier m'obligea à m'asseoir dans un fauteuil et m'emmena en salle de radio. On me confirma l'importance de cet accident et ils décidèrent de me garder quelques jours. Je refusais de prendre tout médicament, tant que je pouvais respirer et que personne n'était prévenu, tout irait bien. J'avais vécu pire, j'allais survivre à ça. 

- Bonjour, comment allez vous ? Une infirmière à la peau matte entra dans ma chambre et m'apporta mon dîner. 

- Je vais bien. 

- Vous ne voulez vraiment pas de médicaments contre la douleur ? J'aimais bien cette infirmière, elle ne me regardait pas avec des yeux qui me disaient "Mon dieu, pauvre fille tu n'as pas à faire ça !". 

- J'ai vécu pire, je peux me passer de vos médicaments. Mais merci quand même. 

- J'ai connu quelqu'un qui était comme vous. Il m'appelait pour que je vienne le soigner, à peine recousu, il retournait se battre. Pas pour le plaisir, il le faisait pour sa ville. Il n'arrêtait jamais. Il avait beau être à moitié aveugle, il entendait les moindres bruits de cette ville mais il n'écoutait jamais ce qu'on lui disait. 

- Un aveugle qui se bat, incroyable. Je voudrais bien le rencontrer un de ces jours. L'infirmière ria et repartit voir ces autres patients. 

C'est après avoir mangé ce qui faisait partie des pires repas de ma vie que je sortis enfin de cet hôpital. Les médecins m'avaient clairement dit de me reposer et de ne pas faire de sport durant au minimum un mois. Je me demandais bien ce que j'allais faire... 


A peine la porte de mon studio fermé que quelqu'un sonna à mon interphone. 

- Bonjour Sélène, je voudrais te parler. J'aurais pu reconnaître cette voix entre mille, une voix grave et douce à la fois. J'ouvris la porte de l'immeuble et fit entrer quelques secondes après mon commandant. Je me tournais vers lui après avoir effectué mon salut militaire et lui demandai ce que me valait le plaisir de sa visite. 

- J'ai appris que tu t'étais mêlée à une dispute dans une rue de Brooklyn il y a quelques jours. 

- Ce n'était pas une dispute très cordiale si je puis dire. 

- Sélène, il faut que tu te reposes. Tu sais aussi bien que moi ce qu'il t'est arrivé là-bas. Il se planta de moi, posa ses mains sur mes épaules en y exerçant une légère pression et me regarda du haut de ses 1m90. Ne me dis pas que tu ne fais pas de cauchemars ou que tu vas bien. Je sais que c'est faux. Même si tu es plus forte physiquement et mentalement que d'autres de nos grands soldats, aucun d'eux n'a vécu ce que tu as vécu et, eux, ils en font des cauchemars. 

- Très bien, je me reposerais mon commandant. Je ne sais tout simplement pas quoi faire de mon temps. Je partis m'asseoir sur mon lit et regarda les quelques rayons de soleil qui traversaient les nuages.  

- C'est pourquoi je suis ici, je sais que tu déteste ne rien faire. J'ai pensé que cela serait bien pour toi et pour certains de nos vétérans que tu prennes la parole. Je sais aussi que cela fait peu de temps que tu es rentrée de cette mission mais je pense sincèrement que cela pourrait t'aider à aller mieux. 

- Vous voulez que je partage ce que j'ai vécu lors de cette mission ? Vous savez très bien que je peux à peine en parler à mon père et à ma sœur.

- Je ne te dis pas de raconter ta mission mais de partager tes douleurs, tes traumatismes.  

- Je n'ai pas fini ma carrière dans cette armée. 

- Tu n'es pas prête d'y retourner, un an sans mission. Au minimum. 

- Très bien, j'irais. Il me sourit et me prit dans ses bras. Mon commandant faisait partie de ceux qui se préoccupaient énormément de ces hommes. J'étais une des rares femmes à avoir rejoint son escadron et il m'avait dès le début accueilli comme son égale. Il me faisait confiance, m'avait appris à toujours aller au bout et à avoir foi en moi. Il m'avait entraîné avec excellence et discipline. 

- Je suis sûre que cela va les aider autant que toi. Tu n'auras qu'à aller demain à 8h à la base militaire où on s'est entraîné. Un jeune vétéran devrait t'y retrouver. 

Sans euxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant