Avec lenteur, je dépliai ses lunettes, une branche après l'autre. Muette, elle me regarda, presque interloquée. Quand je fis mine de vouloir les mettre sur son nez, elle me laissa faire, les lèvres entrouvertes. Alors avec délicatesse, je m'exécutai, prenant garde à ne pas lui faire mal.
Elle cligna des yeux, comme pour s'adapter à l'amélioration soudaine de sa vue. Une fois les lunettes posées, mes mains n'avaient plus rien à faire sur elle. Le regrettant, je caressai une dernière fois l'ourlet de son oreille avant de laisser retomber inutilement les bras le long de mon corps.
Semblant médusée par mon geste, elle s'humidifia les lèvres, ne sachant pas quoi dire. Son regard m'interrogea.
Avec ma taille, elle n'avait d'autre choix que de pencher la tête en arrière pour me regarder. Son cou fin ondoya quand elle déglutit.
Je ne comprenais pas cette femme, merde.
J'avais déjà remarqué qu'elle ne parvenait pas à soutenir le regard des hommes quand elle faisait son service au bar, qu'elle fuyait toujours en préférant baisser les yeux au sol ou en se composant une mine sérieuse et concentrée. Alors pourquoi me regardait-elle de cette manière ? Se forçait-elle ?
D'un mouvement brusque, mes mains agrippèrent ses hanches. Pearl hoqueta, mais ne détourna pas le regard. Pourquoi ? Est-ce qu'elle ressentait, elle-aussi, l'attraction qui nous poussait l'un vers l'autre ? Avait-elle décidé de cesser d'y résister ?
Quand je la fis pivoter pour coller son dos à mon torse, elle ne se détourna pas, ne bougea pas. Pourquoi ?
Quand j'appuyai ma queue durcie contre son cul, elle resta de marbre. Pourquoi ?
Quand ma main glissa sur le T-shirt et s'étala sur son ventre, je sentis sa respiration devenir irrégulière, mais ce fut le seul détail que mes yeux remarquèrent. Pourquoi ?
D'un coup, je reculai d'un pas, m'éloignant d'elle. Elle étouffa un son, et elle trébucha, comme si elle avait voulu suivre mon mouvement, avant de s'en interdire à la dernière seconde.
Je portai mes mains à l'arrière de sa tête, et elle tressaillit avant de se tourner dans ma direction. Ah, me fis-je intérieurement, intrigué, première réaction.
— Qu'est-ce que tu fous ? siffla-t-elle.
Je claquai ma langue contre mon palais en signe de mécontentement avant de la retourner dans la bonne direction, pour que je puisse inspecter la blessure de sa tête.
— Bouge pas.
Je l'entendis soupirer, mais elle obéit. Je décollai un coin du pansement, et jetai un coup d'œil aux points de suture. À part quelques mèches durcie par le sang séché, c'était propre, alors je recouvris la plaie.
Toujours dos à moi, je laissai courir mes doigts sur ses épaules. Je guettai ses réactions. Quand j'atteignis le milieu de son dos, Pearl se crispa violement en sifflant. En une seconde, elle s'était retournée, me toisant avec un air mauvais.
Immobile, je la fixai, imperturbable.
Elle m'imita.
Je soupirai.
— J'ai fait un truc de mal ? consentis-je à demander.
Ses épaules s'abaissèrent tandis qu'elle expirait.
— Rien, marmonna-t-elle en relevant ses lunettes pour se frotter les yeux. (En retournant dans la salle de bain, elle changea de sujet.) Où est Drink ? Elle ne m'aurait pas laissée seule avec toi.
Je fus un instant interdit. Pourquoi était-elle si sûre que ma sœur avait refusé de la laisser seule ici ?
— Elle s'est endormie.
Pearl ferma la porte, mais continua à parler au-travers.
— Où ?
— Ici, répondis-je.
— C'est bizarre, parce qu'elle n'est pas là, railla-t-elle.
— Je l'ai virée.
Il y eu une seconde de flottement. Je me demandais ce qu'elle était en train de faire.
— Elle ne va pas être heureuse de l'apprendre, dit-elle finalement.
Je ricanai. Ça, c'était certain.
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The Devil's Tears MC - Nix (sous contrat d'édition)
RomanceMÊME LES LARMES DU DIABLE COULENT DERRIÈRE LEURS ACTES. Nix est le président des Devil's Tears, le club de bikers le plus craint des États-Unis. À l'image de leur devise, il incarne la violence, la peur et les frissons. Le quotidien des Tears se rés...