The Devil's Tears MC - Nix (sous contrat d'édition)

Chapitre 2 (3/3)

Nix

De mon bureau, je l'avais déjà aperçue. Deux fois. Je m'en souvenais très bien. Son épaisse crinière rose pâle ne passait pas inaperçue au milieu des vêtements en cuir noir. Dans un premier temps, je m'étais imaginé empoigner ces cheveux dans mon poing tandis que je la prenais par derrière. Ensuite, je m'étais demandé ce qu'elle foutait ici, fringuée comme un sac et avec sa dégaine d'étudiante. Puis j'en étais venue à la conclusion qu'elle était une nouvelle serveuse, puisqu'elle avait passé la soirée avec un plateau calé sur la hanche, à faire des allers-retours entre les tables et le bar. Ouais, j'avais une logique imparable. Putain.

Je ne dirais jamais à personne que j'avais passé toute la nuit à l'observer, caché derrière ma vitre sans tain.

Ça, c'était la première nuit. La seconde – et dernière –, je l'avais passée à essayer de ne surtout pas la chercher des yeux. Il n'était pas nécessaire de dire que le résultat avait été assez médiocre.

Sa façon de se mouvoir, gracieuse sans en faire des caisses, et d'offrir un sourire crispé en guise de refus aux gars trop empressés... C'était... presque rafraîchissant. Et putain d'intrigant. Ce n'était absolument pas quelque chose de courant ici. Au sein du club, on était habitué au maquillage outrancier, aux vêtements minimalistes, aux chaussures de pute, aux démarches chaloupées, aux rires de gorge pour obtenir quelque chose, aux mains manucurées et baladeuses. Tout le contraire de cette fille, en somme.

Jusqu'à ma mort, je nierai avoir bandé simplement en la regardant sourire. C'était juste parce qu'elle était contente d'avoir réussi à réaliser un cocktail aux couleurs de l'arc-en-ciel, après plusieurs échecs. Cette petite victoire m'avait retourné de l'intérieur.

Puis je nierai aussi quand on m'accuserait d'avoir été agacé quand un air de déception était passé sur ses traits, en voyant que la personne à qui elle avait apporté le verre n'avait pas pris la peine de contempler les bandes colorées de la boisson, se contentant de l'avaler d'un trait avant d'en commander un autre d'un geste.

Je revins au présent quand une main aux ongles pailletés s'agita devant mes yeux. Me raclant la gorge, je pris conscience que j'avais toujours les yeux braqués sur cette petite nana, et que mon visage devait refléter le désir qu'elle m'inspirait. Elle avait l'air encore plus terrifiée que quand elle était arrivée.

— T'es là, frérot ? me questionna Drink en penchant la tête sur le côté, les sourcils froncés d'incompréhension.

— Ouais, répondis-je d'une voix rauque.

— Qu'est-ce qu'il t'arrive ? (Je ne répondis pas. Je n'avais pas de réponse, de toute manière.) Tu n'as jamais vu Pearl ?

— Pearl..., répétai-je presque en murmurant, comme pour en tester la sonorité sur ma langue.

Ce n'était pas la première fois que je la voyais, mais c'était la première fois que j'associais cette frêle silhouette à un nom.

Je n'avais pas posé de question, mais ma sœur répondit :

— Oui, Pearl, ma meilleure amie. Je t'en ai déjà parlé, tu as oublié ?

Oui, complètement. Drink parlait beaucoup, alors il m'arrivait parfois de n'écouter que d'une oreille, surtout quand j'étais sur le point de faire une overdose de... Drink, tout simplement. Parfois, ses bavardages indécents étaient gonflants. Mais c'était aussi ce qui faisait son charme. À petite dose, c'était bien – enfin j'imaginai.

— Ouais, j'ai dû oublier, avouai-je sans vergogne. C'était pas le truc le plus important, en même temps.

Elle me donna une tape indolore sur le biceps.