The Devil's Tears MC - Nix (sous contrat d'édition)

Chapitre 2 (2/3)

Ancien militaire américain, démineur peut-être, il avait été dans les premiers rangs pour se rendre en Irak en 2003. À ce que j'avais compris, Scar s'était fait capturer puis maltraiter et torturer par des djihadistes pendant des années. Il a été libéré quand, six ans plus tard, leur repère a été découverte. De son passé, je ne savais que ça.

Quand il avait voulu intégrer les Devil's Tears, je l'avais obligé en contrepartie à me raconter ce qu'il lui était arrivé pour qu'il soit dans cet état. Je n'intégrais pas les gens qui se pointaient comme une fleur à mon club sans un minimum d'info sur eux.

Encore moins si ces personnes étaient complètement tarées. Et Scar ressemblait quand même pas mal à un taré, de l'extérieur. Alors il avait raconté ce qu'il lui était arrivé en quelques lignes, rapidement, du bout des lèvres, d'une voix gutturale. J'en avais été satisfait, j'avais hoché la tête et, depuis ce jour, il était là. Il avait toujours le même look, cependant.

Son crâne, qu'il rasait avec son propre couteau, était strié de profondes cicatrises, qu'il avait essayé de camoufler avec des tatouages, mais cela ne faisait que les atténuer, tout au plus. Alors il se promenait avec des fils de barbelés tatoués sur pratiquement tout le crâne, et, à lui seul, il pourrait certainement équiper tous les Tears de la pièce en armes.

Un fourreau de cuisse lui permettait d'avoir facilement accès à plusieurs couteaux de lancer, tandis que des étoiles de ninja étaient plaquées sur sa hanche droite. Il avait aussi deux glocks chargés dans des holsters d'épaules. L'ayant déjà vu à l'œuvre, je savais qu'il pouvait dégainer tout ça en quelques secondes. Et encore, cet attirail n'était que la partie visible de l'iceberg. J'étais prêt à mettre ma main à couper qu'il avait le triple de ces armes cachées sous son pantalon de treillis, son pull et même dans ses chaussettes.

Et cet équipement n'avait rien à voir avec le fait qu'il était le sergent d'arme du club. C'était simplement... lui. Scar. Lors de notre première rencontre, il était déjà aussi harnaché qu'un bataillon de l'armée, et je ne l'avais jamais vu sans ses armes. Ça n'arrivera même probablement jamais.

Mais on s'en foutait de ça, ce n'était qu'un détail. Le plus dérangeant chez Scar, restait incontestablement ses yeux. Ils étaient d'une pâleur à faire peur, d'un bleu presque transparent... alors qu'ils étaient paradoxalement remplis de noirceur. Il suffisait de le regarder dans les yeux pour avoir envie de se détourner de lui, sous peine d'avoir soudainement envie d'aller se jeter d'un pont.

Hanté, sociopathe, armé jusqu'aux dents, agressif la plupart du temps, mutique et instable, Scar n'était pas facile à aborder. Mais comme j'étais celui – un des seuls – qu'il n'avait encore jamais essayé de tabasser, je considérais qu'il y avait une sorte de confiance tacite l'un vis-à-vis de l'autre.

— Il y a du travail pour toi au sous-sol, commençai-je.

Je le vis retracer du bout du doigt le bord de son verre, alors que son autre main reposait trop tranquillement sur sa cuisse. Les serpents qu'il avait tatoués sur ses mains semblaient onduler à chaque mouvement.

— On a un cadeau à envoyer en réponse aux Black, précisai-je en guettant sa réaction.

Comme je m'y attendais, au mot « cadeau », sa main se crispa sur sa cuisse, directement sur un de ses couteaux. Scar acquiesça une fois, puis se leva et quitta le bar. Je le vis emprunter le chemin qui menait aux caves, en sachant pertinemment qu'il allait aiguiser ses couteaux – qui n'avaient nul besoin d'être plus tranchants qu'ils ne l'étaient déjà – et qu'il attendrait mes ordres pour la suite, droit dans ses bottes devant la porte du prisonnier.

Pas une fois durant cet échange je n'avais croisé son regard terrifiant.

D'une gorgée, je finis mon verre avant de m'éloigner du bar pour aller retrouver Stark et Butch, qui m'attendaient dans le couloir. Un masque de colère et d'impatience recouvrait le visage de ce dernier. Il a hâte de se venger.

Alors que j'allais leur annoncer la démarche à suivre, la porte d'entrée s'ouvrit d'un coup et une furie de couleurs et de paillettes me heurta joyeusement le flanc. Mon bras s'enroula autour des épaules de la jeune femme pour nous stabiliser.

— Nix ! s'exclama Drink, ma sœur. Comment vas-tu, en cette belle soirée ? Je suis si contente de te voir !

À vingt-sept ans, Drink apportait une joie de vivre partout où elle passait. Fan inconditionnelle des couleurs, elle ressemblait à une friandise colorée de gamin, mais ce style exubérant concordait avec sa personnalité explosive, tout en contrastant avec sa façon vieillotte de parler.

Aujourd'hui, elle arborait un maquillage dans des tons qui allaient du vert pâle au vert bouteille, en passant par toutes les teintes intermédiaires, et les pointes de ses cheveux coupés un peu plus court que ses épaules rebiquaient dans tous les sens. Je lui souris en me faisant intérieurement la réflexion qu'elle ressemblait à un lutin.

Comme à son habitude, elle portait la petite veste en cuir jaune vif que je lui avais offerte –après plusieurs supplications de sa part – pour son anniversaire, accompagnée d'une jupe qui faisait mal à mes rétines tant il y avait de brillants dessus. Et évidemment, elle avait des bottes rose bonbon aux pieds.

— Je vais bien, Drink, dis-je. Ça me fait plaisir de te voir aussi.

Elle se mit sur la pointe des pieds, tendant ses lèvres dans ma direction. Comme elle était quand même trop petite pour m'atteindre, je consentis à me pencher pour qu'elle puisse déposer un rapide baiser sur ma joue.

— Tu es de service, ce soir ? demandai-je.

Elle était serveuse au bar, et il lui arrivait parfois de remplacer Dead. Du pouce, elle montra quelque chose par-dessus son épaule.

— Oui, et j'ai amené Pearl avec moi.

En une fraction de seconde, mon regard passa aussitôt derrière elle, se posant sur la fille restée sur le paillasson, comme un faon figé devant les phares d'une bagnole. Il suffisait d'avoir des yeux pour se rendre compte que cette meuf n'avait rien à foutre là. 

***

Ah, ah, c'est tout pour ce soir, la suite au prochain épisode !

;)