27 - Tous contre un

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Point de vue de Rosa. 

Cela fait déjà trois heures trente que nous sommes enfermés dans cette salle de réunion et je m'agite de plus en plus sur ma chaise. Par ennui, peut-être. Mais j'ai surtout envie d'aller aux toilettes. Personne n'est encore sorti de la salle et je n'ose pas me lever de peur d'avoir les yeux rivés sur moi. Max, qui a réussi à se trouver une place à côté de moi, pose sa main sur ma cuisse pour tenter de me calmer. Carlos se tourne vers nous et fixe la main de Max d'un regard de tueur. Il claque la langue contre son palais avant de détourner les yeux.

- Arrête de t'agiter comme ça, me chuchote Max dans l'oreille.

- J'ai une envie pressante, lui dis-je sur le même ton.

Max lève les yeux au ciel tandis que je hausse les épaules pour m'excuser. Heureusement pour moi, Carlos l'entend et demande à Mattia une pause pour se dégourdir les jambes. Mattia hoche la tête, il indique que la réunion reprendra dans un quart d'heure mais je n'entends pas la suite. Je suis déjà sur mes deux pieds, la poignée de porte dans la main. Je rejoins, à toute vitesse les toilettes pour me soulager.

Une fois la vessie vidée, je retourne dans la salle de réunion où je vois Max et Carlos en grande conversation. Ils semblent calmes mais je sais que la tempête n'est pas loin. Il suffirait d'un mot de l'un ou de l'autre pour la guerre recommence. Je ne peux m'empêcher de les observer de loin, interagir ensemble. Ce ne sont que quelques échanges tendus. Les mains de Max sont posées sur la table, ses articulations deviennent blanches à force de les serrer aussi fort. Carlos passe sa main sur la nuque. Ils sont tous les deux nerveux mais je ne peux que les remercier pour les efforts qu'ils font. Pour moi.

Mattia s'approche de moi. Il jette un coup d'œil étonné sur les deux pilotes.

- Je ne pensais pas voir cela un jour. Les deux pilotes qui s'entendent le moins sur le circuit discutent ensemble. Sans violence ni injures.

- Je ne pense pas que les rancœurs aient disparu du jour au lendemain, Mattia, dis-je dans un rire forcé. Cela cache quelque chose.

- Après tout, tu les connais mieux que moi, Rosa.

Mattia hoche la tête et s'éloigne pour rejoindre mon ordinateur abandonné dans un coin de la table où Christian a déserté l'écran. Je me dirige vers les garçons qui semblent encore plonger dans leur discussion.

- Va baiser en enfer !

- Lèche mon cul !

- Tête de troufion !

- Ah, je ne la connaissais pas celle-là ! Originale, bite tordue !

Je me place derrière les deux ennemis en faisant le moins de bruit possible mais ils semblent absorber par leur joute verbale. Je tourne la tête vers mon cousin puis vers Max et inversement. Et moi qui pensaient qu'ils étaient matures... Je soupire et tire la chaise un peu plus fortement que je ne l'aurai souhaité. Elle ripe sur le sol tandis que les têtes des personnes à proximité se tournent vers moi. Je me dépêche de m'asseoir pour me cacher et éviter les regards. Une fois installée, je me tourne vers les deux pilotes, armée de mon regard de tueur. Max me fait son fameux sourire en coin. Celui qui me retourne les tripes à chaque fois. Désolée, mais ça ne fonctionnera pas cette fois-ci, mon coco !

- Ne cherche pas à m'attendrir avec ton sourire, toi ! dis-je en pointant mon index vers Max, Carlos n'en perd pas une miette et pouffe dans sa main. Ne te moque pas, je m'occupe de ton cas après.

Carlos s'arrête aussitôt de rire. Malgré le fait qu'ils conduisent des voitures à plus de trois cents kilomètres par heure pendant une bonne partie de l'année, ils restent de grands enfants. De grands enfants qui s'insultent pour se passer les nerfs. Je passe mes mains sur mon visage, exaspérée.

La Belle et le piloteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant