La Belle et le pilote

9 - Les douze coups de minuit

Point de vue de Max.

Je me sens bien. Je suis calme. Serein. Rosa est dans mes bras et je sens le bout de ses doigts aller et venir sur mes bras, aussi léger qu'une plume. J'appuie la tête contre son épaule et respire doucement son odeur. Elle a une odeur de fleurs. Je lui demande doucement si elle veut un dessert. Elle sursaute légèrement et se tourne vers moi. Je baisse les yeux vers ses lèvres qui se trouvent à quelques centimètres des miennes. Si je me penche vers elle, je peux l'embrasser. Je m'approche un peu plus mais au dernier moment, je ne réfléchis plus. Je me penche vers elle.

-       Ça dépend, tu proposes quoi ?

Qu'est-ce que je propose ? J'attrape tant bien que mal le panier de pique-nique en gardant toujours Rosa contre moi. Hors de question que je me sépare d'elle. Je fouille dedans d'une seule main et sort des pots remplis de fruits frais coupés en morceaux. Je replonge la main dans le panier et en sort deux petites fourchettes.

-       Salade de fruits frais pour mademoiselle, dis-je en présentant le pot à Rosa.

-       Merci Max, répond-elle en attrapant l'un des deux pots et une fourchette.

Rosa tente de se détacher de moi mais je resserre ma prise sur sa taille. Je ne suis pas encore prêt à la libérer. Je passe mes mains devant elle pour anéantir toutes ses tentatives de fuite.

-       Max, lâche-moi ! Tu ne vas pas réussir à manger avec moi devant toi, dit-elle en riant.

-       Non, tu restes là. En plus, tu as un dossier super confortable pour ton dos, ne me remercie pas, arguai-je sur un ton faussement hautain.

Je passe mes bras devant elle et ouvre mon pot de fruits. Je pose ma tête sur son épaule pour voir ce que je fais. Toutes les excuses sont bonnes pour me rapprocher d'elle et la garder au plus près de moi. Aujourd'hui, nous sommes seuls sur le circuit mais demain, ce ne sera pas la même histoire. Ses collègues, mon équipe seront autour de nous, ne nous permettant pas de communiquer et de nous parler comme on le souhaiterait. Son cousin aussi est présent dans le paddock. Je l'avais oublié, lui.

Pourtant, j'aimerai que cette soirée ne s'arrête jamais. Je termine mon pot de fruits et range les emballages dans le panier. Rosa pose le pot maintenant vide dans le panier et se détache soudainement de moi. Je n'ai pas le temps de la retenir. Elle se relève et frotte sa robe pour la secouer de toutes les miettes. Puis, elle ramasse tous les emballages et avale cul sec son verre. Les yeux écarquillés, je l'observe se hâter de débarrasser le plaid. Mais qu'est-ce qu'elle fait ? Je lève les yeux et les paumes de main vers le ciel comme pour demander de l'aide pour la comprendre. Je décide de lui poser la question directement.

-       Rosa, mais qu'est-ce que tu fais ?

-       Euh, je range...

-       Oui, je vois ça mais pourquoi ? insisté-je.

Peut-être qu'elle n'avait pas aimé le rendez-vous, l'endroit, le repas... Mon cerveau bouillonne de questions sur son comportement. C'est la douche froide. Il est possible que je me sois un peu trop emballé pour cette soirée. Je fronce les sourcils et baisse les yeux sur mes jambes, étendus devant moi. Rosa s'agite toujours autour de moi et attrape le panier. Puis, elle me surprend en tendant la main vers moi.

-       Tu viens ?

Je m'accroche à sa main. Elle me tire pour tenter de me lever mais avec sa force de mouche, elle n'arrive pas à me faire décoller du sol. J'appuie ma main libre sur le plaid et pousse sur mes pieds pour me mettre debout. Elle ramasse le plaid et le plie. Je la regarde faire, ne sachant pas ce que nous allons faire.