28 - Discussion nocturne

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Point de vue de Max

- Oh, bordel !

Notre Belle au bois dormant est réveillée et notre ébat s'arrête d'un seul mouvement de recul de nous deux. Rosa est essoufflée, j'entends sa respiration aussi fort que si j'étais à ses côtés. Carlos ne peut pas ignorer ses petits halètements de chien pour calmer sa respiration irrégulière. Je tourne la tête vers le nouvel arrivant tandis que ses yeux voyagent de Rosa à moi plusieurs fois.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Le grand Carlos Sainz Junior a perdu sa langue ?

Je tente de faire comme si tout allait bien mais ce n'est qu'une façade. Je n'ai qu'une envie : aspirer le plus d'air possible pour reprendre mon souffle. Je pose une main sur ma hanche pour paraître détendu alors que je ne le suis absolument pas. Mes jambes flageolent encore suite à notre baiser torride et je n'ose pas lancer un regard vers Rosa pour voir comment elle va. Carlos me fusille des yeux. La hanche appuyée contre l'évier, le plus loin possible des deux cousins, je souris en croisant mes bras contre ma poitrine.

- En tout cas, tu n'as pas perdu la tienne dans la bouche de ma cousine ?

- Carlos ! s'exclame Rosa, indignée.

Elle serre les poings et se place devant moi pour s'adresser à son cousin. Ma furie en colère ! Aussi inoffensive qu'un chaton ! Son dos est droit, synonyme de tension dans tout son corps. Son doigt s'agite devant le nez de Carlos qui la fusille du regard.

- Max t'accueille encore gentiment chez lui pour cette nuit et c'est comme ça que tu le remercies. Tu es un ingrat, mon cousin !

Elle soupire, se frotte le visage avec ses deux mains avant de pointer son cousin de l'index. Les yeux froncés, la bouche plissée, elle l'assène de mots en espagnol qui, à mon humble avis, ne sont pas des mots affables. Je ris sous cape sans qu'elle ne me voie. Je ne veux pas exciter son courroux. Ou pire, que sa colère se retourne contre moi.

- Je vais prendre une douche, évitez de vous entretuer pendant ce temps, souffle-t-elle en haussant les mains vers le ciel pour l'implorer de régler cette situation.

Elle quitte la cuisine en repoussant ses cheveux en arrière sans un regard pour l'un d'entre nous. Le silence emplit la pièce mais aucun de nous ne fait un geste pour le briser. J'étale la sauce tomate sur la pâte que Rosa a abandonnée sur le plan de travail. Je fais de légers cercles avec le dos d'une cuillère en bois. Je m'occupe ensuite de la garnir avec les ingrédients disposés ça et là.

- Tu l'aimes ?

J'arrête ce que je suis en train de faire pour me tourner vers Carlos. J'attrape un torchon accroché à la barre du four et me frotte les mains.

- Bien sûr que je l'aime.

Je me tourne vers lui pour voir qu'il semble gêné, mal à l'aise sur ce sujet. Je soupire et je me lance.

- Je sais que tu n'approuves pas notre relation, qu'elle soit amicale ou amoureuse suite à ce qu'il s'est passé quand nous étions plus jeunes. C'est vrai, j'ai été trop sûr de moi. Je le suis encore, même si on m'a souvent envoyé paître pour mon arrogance depuis le temps. Mais, je l'aime et je me battrai contre le monde pour elle. Même contre toi ou elle-même s'il le faut.

- Je ne remets pas en question ton amour pour elle mais qu'arrivera-t-il si elle décide de partir ? demande alors Carlos. Si elle décide que tu n'es pas suffisant à son bonheur ? Parce qu'un jour, elle se lassera de toi et de ce que tu représentes. Putain, tu as failli la tuer lorsqu'elle était plus jeune alors qu'elle était plus forte que toi sur un kart. Je ne veux pas qu'elle souffre plus qu'elle n'a déjà souffert par ta faute.

La Belle et le piloteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant