21. Jake

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Le lycée en média 

« Elle avait dans les yeux la force de son cœur. »
Charles Baudelaire

Cette fille me perturbait, et ce depuis plusieurs semaines.
Elle laissait derrière elle une trainée de mystères à chaque passage, ce qui ne plaisait pas tout en me faisant rire.
Nous ne savions rien d'elle, et la conversation de cet après – midi ne nous avançait pas. Elle ne nous avait dévoilé qu'une maigre partie de sa vie, maintenant le reste dans l'ombre.
Elle avait beau jouer la comédie, je ne la croyais pas lorsqu'elle disait ignorer la double vie des deux hommes. Ses yeux donnaient une autre version de la vérité que nous voulions et il nous fallait plus d'informations.
Le défi serait de taille, Emma refusant de diffuser des éléments de sa vie privée depuis le début, mais nous ne devions pas abandonner.
Il y avait trop de failles dans son histoire pour la croire.

Morphée me prit alors dans ses bras et je fermais les yeux, oubliant tout de cette journée et de ces rebondissements.

Le lendemain, le réveil fut difficile, encore piégé dans des brumes de rêves heureux et de futurs lumineux.
La nuit, aussi courte fut – elle, avait mis fin à la guerre qui se jouait entre mon cœur et ma raison.
Le cœur a ses raisons que la raison ignore, me dirait ma mère – si cela l'intéressait, bien sûr -. Je ne pouvais que la croire en ce moment – même, ne comprenant pas moi – même ce qui se produisait en moi.
Mon cœur savait mais ma raison le refusait malgré les signes évidents. J'ignorais même comment je pouvais ne pas les avoir vu auparavant : mon cœur doublait en intensité, mes yeux ne cessaient de la fixer, ... J'aurais dû m'en apercevoir.

Réveillé – enfin -, je descendis rejoindre les autres et me servis une tasse de café, sachant que j'en aurais besoin pour affronter la journée. Nous passions aujourd'hui nos derniers examens de mi – année et ils seraient décisifs si nous ne voulions pas refaire une année – ce que je ne voulais pas -.
Aussi, nous ne tardâmes pas à saisir nos vestes et nos sacs afin de nous rendre au lycée sans être en retard.
Nick se dirigea vers le bâtiment aussitôt qu'il fut garé, ce qui ne nous surprit pas mais surprit le reste des élèves présents, qui se demandèrent ce qui se passait. Il allait sans doute demander des nouvelles de son frère à Emma.
On les rejoignit à l'intérieur, intégrant la conversation en cours. « Noah va bien, il est secoué mais il a tenu à retourner à l'école ce matin. Kate l'a accompagné, ils y sont retournés ensemble. »
Mon ami hocha la tête, soulagé. « Il était blessé ? »

La jeune fille acquiesça. « Oui. Sa lèvre et son arcade étaient ouvertes et il risque d'avoir un bleu sur la pommette. Je pense qu'il a aussi dû se prendre des coups puisqu'il a un hématome prononcé sur l'abdomen. »
Les ongles de Nick s'enfoncèrent dans sa paume et elle le remarqua. « Rassure – toi, il n'y a rien de grave. Il commence déjà à cicatriser et les bleus se résorberont assez vite avec la crème. Tu n'as rien à craindre pour lui. »
Son explication le fit soupirer de soulagement mais je m'interrogeais. « Et ta sœur ? »
Les autres sursautèrent, ayant visiblement oublié que Noah n'était pas la seule victime de l'histoire, et se tournèrent aussi vers l'ainée de la fratrie.
Elle regarda Nick, continuant ses explications. « Ton frère s'est débattu mais ma sœur n'en a visiblement pas eu l'occasion ; je pense que c'était la cible et que Noah a tenté de la défendre. Sa chute lui a valu une belle entorse au niveau de la cheville et son épaule est au repos pour quelques jours. Son saignement de nez était du au choc, elle n'a plus rien, et sa tempe cicatrise doucement. »

Tyler prit la parole, exprimant ses pensées et les nôtres. « Je trouve que tu le prends plutôt bien. »
Emma haussa un sourcil. « Au contraire ! Je ne m'exprime pas pour ne pas effrayer les enfants mais j'ai très envie de refaire quelques portraits. Il va falloir que je me défoule en sport cet après – midi ! »
Je la repris. « Te défouler ? Je ne te savais pas violente, tu as l'air assez pacifiste. »
Elle afficha un sourire moqueur avant d'entrer dans la classe en suivant notre professeur. « On ne juge pas un livre à sa couverture ... »
Je la fixais, surpris, tentant vainement de voir plus loin. Il m'était pourtant impossible de l'imaginer violente.

Quelques heures plus tard, à la suite du déjeuner, je faussais compagnie aux autres, prétextant un oubli de matériel, et me dirigeais vers Emma.
Elle se laissa faire, ahurie, et me suivit jusque sur le toit. J'avais besoin de lui parler seul à seul, sans être observé et jugé. « Tu as besoin de quelque chose, Jake ? »
Je la fixais, confirmant ma réponse. « Je ... Je ne sais pas comment l'expliquer ... C'est ... »
Elle me sourit, à la fois compréhensive et moqueuse. « J'ai tout mon temps, mais je dois avouer qu'il est drôle de voir le grand Jake bégayer ... »

Je me rembrunis, vexé, et décidais d'être honnête. « Je veux essayer quelque chose avec toi. »
Emma se figea. « Tu es sérieux ? Je te connais, Jake, et je veux être sûre que ce n'est pas un pari ou un jeu stupide. »
Mon regard s'adoucit, comprenant sa demande. « Je te promets que je ne joues pas. Je ne comprends pas encore, mais je ne veux pas te perdre. J'ai besoin de toi dans ma vie. »
Elle me sonda, méfiante. « J'espère pour toi que tu ne dis pas ça sur un plan physique. »
Je réfutais ses paroles de la tête. « Tu n'es pas juste un corps, Emma. Je ... Je t'aime pour ton physique, oui, mais aussi pour ce que tu as à l'intérieur. Tu es magnifique de l'extérieur comme de l'intérieur. »

Les mots avait eu du mal à sortir, mais il était trop tard pour faire marche arrière.
Elle m'observa et se mordit la lèvre, hésitante. « Je ... Je ne sais pas ce que je ressens, mais je veux essayer. J'ai besoin de toi, moi aussi. »
Je levais les yeux, de l'espoir dans le regard. « Tu ne dis pas ça pour te moquer, n'est – ce pas ? »
Elle planta timidement son regard dans le mien. « Non. J'ai envie d'apprendre à te connaitre et te laisser ta chance. Tu ne sors pas de mes pensées, je sais que c'est la bonne réponse à te donner. »
Ses yeux se posèrent sur moi, attendant une réaction qui ne tarda pas. Je m'approchais et la pris dans mes bras, surpris mais heureux.
Sa voix dans mon cou me fit frissonner. « J'ai besoin de temps, je ne veux pas presser notre histoire. »
Je lui embrassais la tempe. « Je te donnerais autant de temps que tu le voudras, Emma. »

Elle sourit contre moi et je souris à mon tour, rassuré. 

Alors ? Que pensez - vous de cette nouvelle facette timide de Jake ?
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