SECRET LOVE

22. Emma

Bonne année à vous ! Un petit chapitre pour la fêter ensemble ? Bonne lecture !

« Il y a des voyages qui ne se font qu'avec un seul bagage : le cœur. »
Audrey Hepburn

Je ne m'en remettais pas.
La journée venait de se terminer et je ne m'en remettais pas : je sortais avec Jake, même si ce n'était pas officiel entre nous. Nous n'avions mis personne au courant, pas même nos amis, voulant prendre notre temps.
Je savais que ce ne serait pas une histoire comme les autres au vu de nos passés respectifs et de notre appartenance à des gangs différents – bien que maintenant alliés -.
Il allait aussi falloir que je lui parle de ma double identité et des actes de sa famille qui nous avaient conduits à cette situation, ce qui ne serait pas une étape facile.
Il me fallait donc profiter de cette histoire naissante tant que je le pouvais.

Enfin ! Je ne devais pas y penser pour le moment.
Maggie avait besoin de mon aide pour monter à cause de sa cheville et de son attelle, et je l'aidais avec une douceur mêlée de fureur : je ne m'étais toujours pas débarrassée de ma colère, malgré le sport de cet après – midi.
Notre séance scolaire d'endurance m'avait permis d'en évacuer une partie, mais ma jambe avait alors décidé ne pas me laisser terminer. Je n'avais donc pas pu me défouler à 100 %.

La plainte contenue de ma sœur me ramena à la réalité et je me reconcentrais sur elle. Son pyjama enfilé, je l'aidais à rejoindre sa chambre et plaçais de nouveau de la glace sur ses articulations douloureuses.
Fredonnant une berceuse, j'attendis ensuite qu'elle s'endorme et allumais sa veilleuse en sortant de la pièce, me dirigeant vers la chambre d'ami.
Noah m'attendait pour que je panse ses hématomes et ses blessures apparentes. Je désinfectais donc une nouvelle fois son arcade et sa lèvre, appliquant aussi de la crème sur ses bleus.
Il ne tarda pas à sombrer dans le sommeil à son tour et je répétais l'opération en allumant la veilleuse de la pièce, fermant la porte derrière moi.
Les enfants avaient beau avoir 8 et 9 ans, ils n'en restaient pas moins fragiles, sensibles aux cauchemars dus à des traumatismes tels que leur passage à tabac.

Maggie et Noah couchés, je me changeais et me couchais à mon tour, emportée rapidement par les bras de Morphée ...

Le lendemain, je me réveillais de nouveau à 6 heures, à la suite d'une nuit bercée rêves mêlés de cauchemars.
J'avais des plans pour la journée, aussi je me levais rapidement et allais me préparer.
Ma tenue du jour se composait d'une jupe en jean et d'un haut rose pâle accompagnés de ma veste en jean et de mes vans, rose pâle elles aussi. Je coiffais ensuite rapidement mes cheveux en une tresse lâche et appliquais du mascara sur mes cils.
Habillée, je descendis ensuite préparer le petit – déjeuner avant que ma sœur ne me rejoigne. Elle était mignonne, pas encore réveillée, en pyjama, et je lui souris, bienveillante.
Elle me demanda mon aide et je remontais, Maggie sur le dos, afin de l'aider de mon mieux. Je profitais de ce moment pour aller réveiller et aider Noah, ouvrant doucement ses rideaux et ses volets.
Finalement, ils me rejoignirent rapidement afin de partir. Je les déposais à l'école et rejoignis le lycée – et Jake, optionnellement -.

Malheureusement, ma journée si bien commencée se gâta. En dehors de Luka et de Nick, les garçons m'ignoraient et m'évitaient, ils me snobaient volontairement.
Je ne savais pas ce qui se passait, mais je fis mon possible pour le découvrir lors de la journée, en vain. Les garçons ne me saluèrent même pas.
Ma déception était à la hauteur de ma tristesse. J'avais prévu d'inviter mon petit – ami à diner ce soir mais il me semblait donc que c'était mission impossible.
Je masquais mes larmes derrière un sourire de façade, mes illusions partant en fumée devant l'attitude des quatre gangsters. La vie avait donc réellement décidé de ne pas m'accorder le bonheur, ma seule touche de vie étant Maggie.

J'allais devoir me faire une raison : même les personnes disant m'aimer m'abandonnaient, je ne devais pas être faite pour la vie en groupes, même amicaux.
Ce comportement de Jake se poursuivit durant deux jours, et ce malgré mes tentatives, malheureusement vaines.
Je ne savais plus quoi faire ...

Jenny, qui avait remarqué mon état, s'invita le troisième soir à la maison. Elle mangea avec nous avant de m'aider à mettre les enfants au lit.
Le sujet ne tarda pas. Je soufflais. « Tu dois me promettre de ne pas en parler à ton frère, Jen'. »
Elle acquiesça. « Je te le promets. Dis – moi ! »
Je lui souris tristement. « Je sors – sortais, du moins – avec Jake. Il avait réussi à me faire passer au – dessus de mes peurs et je lui avais laissé sa chance. Seulement, il m'ignore depuis plus de trois jours, en plus de me fusiller du regard. Je ne sais plus quoi faire. »
Mon amie avait suivi mes explications avec attention, laissant ses expressions traverser son visage enfantin. Elle réagit rapidement et me sourit à son tour.
Je poursuivis. « Je refusais de vous en parler pour ne pas déclencher de polémique concernant l'alliance. J'avais aussi besoin de temps pour tester notre relation. Mais ... »

Jen' posa sa tête sur mon épaule. « Tu comptes faire quoi ? »
Je soufflais, peinée. « Mon cœur ne supportera pas un autre rejet. Je pense que je vais juste abandonner, l'amour n'est pas fait pour moi ... »
Ma voix faiblit progressivement.
Mes larmes finirent par couler face à la sollicitude de ma rousse préférée. Je n'avais pas pleuré depuis plusieurs années, depuis la mort de nos parents à Maggie et moi, et voilà que je pleurais pour un garçon.
Encore en vie, ma mère m'aurait sans doute laisser pleurer tandis que mon père aurait fait en sorte de me rendre le sourire. Je n'aurais malheureusement jamais l'occasion de le savoir puisqu'un connard les avait assassinés.

Mes larmes finirent par se tarir et je me mis à réfléchir sur l'épaule de Jenny. Une idée me traversa alors : et si ... Non ! Il était impossible que cela soit réel !

Le lendemain, je retournais au lycée avec tristesse. Je ne pouvais pas continuer de cette manière, il était temps de me faire une raison ...
Malgré moi, je dérivais pourtant mon regard sur lui. Il avait l'air heureux, ainsi entouré de ses amis et des autres élèves, et je retins alors mes larmes : son bras entourait la taille de Lola et il ne protesta pas quand elle l'embrassa.
Mon cœur se brisa, je serrais les dents pour ne pas pleurer. Il était maintenant clair que cet homme n'avait fait que jouer, que je n'étais qu'un nom de plus sur un tableau.

Une main se posa sur mon épaule et je sursautais, détournant mes yeux embués. « Tout va bien ? »

Alors ?
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