Le téléphone a sonné, je suis allé décrocher, et nous n'avons pas fini cette discussion, ma question restant sans réponse. Aucun de nous n'a d'ailleurs cherché à relancer le sujet. Et si les jours suivants sont assez compliqués, je finis par me dire que je n'ai rien à me reprocher. Après tout, le malaise est de son côté, puisque c'est lui qui a abordé le sujet, lui qui répond sans répondre à ma question, et surtout, moi, je vis depuis des années avec mon attirance à son égard, sans que ça influe sur mon travail et mon quotidien.
Mais quelque part, sa réaction tourne en boucle dans ma tête. Qu'aurais-je répondu s'il avait dit oui ? Aurais-je avoué que c'était réciproque, ou aurais-je fui ? Aurais-je argué qu'il est le père de mon meilleur ami, ou en aurais-je fait fi ? De même, il reste mon maître de stage, et je ne voudrais pas qu'une potentielle liaison jette un doute quant à la raison de l'appréciation qu'il doit rédiger pour l'université et qui compte pour mon diplôme. Et, en même temps, qu'est-ce qu'une note à l'aune d'une relation amoureuse ?
Je vais m'arracher les cheveux. Je savais que venir travailler pour lui n'était pas la meilleure des idées. Pourtant, quand je me dis que mon rêve d'être dans ses bras pourrait se réaliser, j'ai envie de remercier Thomas.
Thomas... Je ne suis pas sûr de pouvoir lui faire un coup pareil. S'il venait à l'apprendre, à savoir pour mon homosexualité, pour ma préférence, non pas des femmes, mais des hommes mûrs, je ne sais pas quelle serait sa réaction. En y pensant, sait-il pour son père ?
Je me sors tout ça de la tête, mais évite tout de même Thomas, et le samedi soir, je rejoins les bras d'Arnaud. Mais quand ses caresses se font charnelles, je le retiens.
_ Désolé. Cette fois, c'est moi qui ne suis pas d'humeur.
_ Je suppose que je laisse la glace au congélateur ?
_ Ça t'embête si on la mange ?
_ Tu n'as pas le moral à ce point ?
Je ne réponds pas et me contente de me blottir contre lui, mon visage sous le sien pour lui cacher les émotions qui y passent. Son bras entoure mes épaules, et il me serre dans un geste tendre et rassurant.
_ Tu veux m'en parler ?
Sans changer de place, je secoue la tête. Je ne saurais même pas quoi lui dire, et je ne veux pas le blesser en lui parlant d'un autre, qui ne s'est même pas déclaré, et sur les réactions duquel je ne peux faire que des suppositions.
D'un autre côté, Arnaud a toujours été clair, il ne veut pas d'une relation officielle. Je ne suis pas son petit-ami, juste son sexfriend. Mais moi, je tiens à lui.
_ Je... J'aimerai savoir. » m'écarte-je un peu, sans pour autant croiser son regard. « Qu'est-ce que tu ressens pour moi ? Je sais que tu ne veux rien d'officiel, mais j'ai besoin de savoir. Je suis quoi ?
_ Cléo, j'ai toujours été honnête avec toi. Je t'ai dit que ça n'irait pas plus loin.
Je me mords la lèvre en jouant avec les plis de son t-shirt que je fais mine de lisser.
_ Je sais. Ce n'est pas ce que je te demande. Mais moi, sans aller jusqu'à dire que je suis amoureux de toi, tu es important à mes yeux, et j'ai de l'affection pour toi... Alors je voulais savoir, de ton côté, tu en penses quoi ?
_ Cléo...
_ Ne prend pas ce ton condescendant, s'il te plait. Je ne suis pas un enfant. Je veux juste une réponse.
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Le Père de mon Meilleur Ami [Terminée]
RomanceA vingt ans, Cléo n'a pas exactement les mêmes centres d'intérêts que les autres garçons. Déjà, les filles, très peu pour lui, et si ses amis ont son âge, hors de question pour lui qu'il en soit de même pour ses relations amoureuses. D'ailleurs, il...