Chapitre 23 : Contrecoup

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Vincent réussit à me faire asseoir dans le canapé, puis il retourne dans l'entrée chercher les viennoiseries de ce qui devait être un petit déjeuner en amoureux, avant de nous préparer des cafés. Il les pose sur la table basse, et remue le sien en silence. Il le porte à ses lèvres, et grimace. Alors, avec un demi-sourire, je rejoins la cuisine, et lui rapporte du sucre.

_ J'avais déjà la cuillère dedans. Je pensais l'avoir mis. » saisit-il un morceau.

_ Tu remues toujours avant de mettre le sucre.

Il m'interroge du regard, mais je me contente d'hausser les épaules et de reprendre place.

Les minutes passent en silence, et je regarde mon café refroidir. Je n'ai pas d'appétit, malgré l'odeur alléchante des croissants au beurre et la gourmandise des pains au chocolat.

_ Préfères-tu que j'annule notre sortie ?

Je réprime une grimace. Cette expo sur la relation entre un jeune homme et son aîné de dix ans, nous en avions discuté avec un sourire en coin, conscients du parallèle qui pouvait être fait avec notre propre relation, même si la nôtre me semblait, à ce moment-là, bien plus saine. Mais à présent...

_ On avait prévu quoi le weekend prochain ?

_ Rien pour l'instant. Mais pour l'exposition sur Rimbaud et Verlaine, elle finit ce weekend.

_ Dommage. Je... Je ne suis pas d'humeur. Désolé. Si tu veux y aller sans moi, je rentre.

_ Y aller sans toi n'a aucun intérêt. Ça nous changerait les idées.

_ On en a besoin, tu crois ? » ricane-je.

_ Je n'aime pas le sarcasme, Cléo.

_ Désolé. Le pire, c'est que moi non plus. Peut-être que tu as raison, que ça nous changerait les idées... Mais là, je me sens encore trop mal vis-à-vis de Thomas.

_ Oui. La situation ne me plait pas non plus.

_ On fait quoi ? » soupire-je en portant mon café froid à mes lèvres.

_ On va voir cette exposition.

_ Je parlais pour Thomas.

_ Je sais. Mais c'est à deux heures de voiture, et en partant maintenant, nous serons presque à l'heure pour déjeuner. Nous en discuterons pendant le trajet.



Quinze minutes plus tard, les viennoiseries sur la banquette arrière avec une thermos de café, nous poursuivons le programme que nous avions établi, comme si de rien n'était. Mais ça ne m'aide pas à me sentir mieux, et je regarde filer les kilomètres par la fenêtre, jusqu'à être tiré du paysage par la sonnerie de mon téléphone.

De Léa : Salut Cléo. J'ai pas tout compris, parce que Thom n'arrête pas de crier... Tu es avec son père ? Oh, je ne te juge pas. C'est une question pour réussir à démêler tout ce qu'il dit.

Je détourne les yeux de l'écran. Je ne sais pas quoi lui dire. J'espère que Thomas a été prudent sur la route. Enervé comme il l'était, et comme il semble encore l'être, ça aurait pu mal se finir. La culpabilité remonte, et je sens mes yeux s'humidifier.

_ Cléo ?

_ Il est rentré chez lui. Mais c'est Léa qui paye les pots cassés.

_ J'irai le voir quand nous rentrerons.

_ Vu qu'on est responsable de sa colère, je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Elle... elle me demande de confirmer ce qu'il lui dit. Et je ne sais pas quoi répondre.

Le Père de mon Meilleur Ami [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant