Je l'ai attendu un moment avant que le sommeil ne me gagne, et j'ai plusieurs fois hésité à le rejoindre au rez-de-chaussée. Mais je me suis abstenu : s'il avait voulu que nous en parlions, il serait remonté. S'il a choisi de s'éloigner, de panser la blessure de son ego loin de moi, je peux le comprendre. D'autant que c'est de ma faute, je l'ai trop sollicité. Moi qui lui avais dit que le sexe n'était pas ma priorité, je me suis jeté sur lui. Quel bel hypocrite je fais.
Je me réveille, mais je suis encore seul, et impossible de savoir si c'est moi qui ai défait le lit à force de tourner, ou s'il a passé la nuit à mes côtés et est déjà parti. La gorge nouée, je me lève et commence à m'habiller. J'attrape ma chemise, essaie de la remettre à l'endroit, mais mes gestes sont malhabiles, saccadés, et je n'arrive à rien. De rage, je la jette dans mon sac, en sors un marcel, et l'enfile avant de descendre. J'ignore comment agir, quoi lui dire. Sera-t-il seulement là ? En toute logique, oui, puisque nous sommes chez lui. Je me fais soudain l'impression d'un intrus, et, au beau milieu des escaliers, j'hésite à remonter chercher mes affaires. Mais je ne veux pas qu'il croit que je le fuis, encore moins après cette nuit. Hors de question qu'il fasse un amalgame.
Du bruit provenant de la cuisine m'indique sa présence, et je souffle un coup avant de prendre sur moi et de le rejoindre. De ce que j'en vois, il a dû se lever tôt, car il a déjà pris sa douche, et est habillé et rasé de près, d'après le parfum de son après-rasage.
_ Bonjour. » souffle-je les yeux baissés.
_ Bonjour, Cléo. Café ?
_ Oui, s'il te plait. » viens-je prendre place.
Il pose la tasse fumante devant moi, et je le remercie en cherchant des yeux le lait pour adoucir la boisson, mais, quand mon regard se pose sur le contenu de la tasse, le liquide crémeux y a déjà été versé. Cette attention, aussi minime soit-elle, me redonne courage.
_ Vincent... Pour ce qui s'est passé cette nuit... » commence-je.
Mais je ne poursuis pas. Je ne sais pas quoi dire. Puis, ça sort, comme une évidence.
_ Je suis désolé. » prononçons-nous en même temps.
Je lève enfin les yeux, les rivant aux siens, et nous sommes aussi surpris l'un que l'autre des regrets exprimés.
_ Ce n'était pas ta faute, Cléo.
_ Bien sûr que si. Je t'ai sauté dessus. » serre-je ma tasse pour ne pas avoir à affronter son regard.
_ Tu inverses les rôles. Je te rappelle que tu étais prisonnier de ta chemise.
J'entends son sourire taquin dans sa voix, mais ça ne m'ôte pas mes remords.
_ Mais tu avais besoin que je ralentisse, et je n'en ai pas tenu compte.
_ Je ne voulais pas que tu ralentisses. Je... J'aurais dû me contrôler davantage. En prenant du temps pour m'occuper de toi, j'aurai pu reprendre le contrôle, et te donner ce que tu attendais. Mais tu t'es offert, et je n'ai pas su me contenir.
_ Tu... Tu n'es pas fâché contre moi, alors ? » relève-je un peu les yeux.
_ Bien sûr que non. C'est à moi que j'en veux. » remue-t-il son café.
Je pose ma main sur son bras pour avoir son attention et le rassurer.
_ Moi, je ne t'en veux pas. Tu as demandé à prendre soin de moi. C'est moi qui ai insisté, qui ai précipité les choses.
_ Tu n'as rien précipité. Ça correspondait à ce que nous voulions tous les deux. Mais je n'ai pas assuré.
_ Tu veux bien qu'on réessaye ? Peut-être pas aujourd'hui, mais... Je ne veux pas que ça nous sépare.
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Le Père de mon Meilleur Ami [Terminée]
RomanceA vingt ans, Cléo n'a pas exactement les mêmes centres d'intérêts que les autres garçons. Déjà, les filles, très peu pour lui, et si ses amis ont son âge, hors de question pour lui qu'il en soit de même pour ses relations amoureuses. D'ailleurs, il...