⚜️ | « Sacrilège » T2 : Dépravation

⚜️ | CHAPITRE 4 (1)

— Eh, n'angoisse pas autant, ça va aller.

Appuyé contre la vasque, James décroise ses bras et tend une main vers moi dans une invitation silencieuse pour le rejoindre. Le test dans ma paume, je glisse mes doigts libres dans les siens et me repose contre lui. Je demeure ainsi quelques brèves secondes, incapable de rester immobile plus longtemps alors que l'anxiété me dévore les entrailles.

— Tu as lancé le minuteur ? parviens-je à articuler en dépit du nœud énorme logé dans ma gorge.

Jugulant mon envie de me détacher de lui pour faire les cent pas, je lève mon regard sur son visage et resserre mon emprise sur sa main.

— Oui, c'est parti pour cinq minutes, souffle-t-il en désignant son téléphone allumé derrière lui, sur le meuble jonché de nos produits de toilettes. Détends-toi Lisa, ça ira. Quel que soit le résultat, on trouvera une solution.

D'une caresse sur ma joue, il m'arrache un soupir contenant toute l'expression de mon appréhension. Il semble si calme, si posé... Alors que je frôle probablement l'arrêt cardiaque tant mon cœur s'acharne entre mes côtes.

Si j'étais enceinte ?

— Tu... Tu n'as pas peur ?

Je ne m'en suis guère préoccupée depuis ces deux dernières semaines, tous nos rapports protégés et le premier, le seul à grossesse potentielle bien vite résolu par une pilule du lendemain. Tant et si bien que c'est James qui s'en est soucié, dans son habitude à penser à tout, à s'occuper de tout pour préserver autant que possible ma paix intérieure. C'est lorsqu'il m'a parlé de faire ce test – pour être sûrs, mettre totalement de côté cette éventualité – que j'ai senti la panique me gagner. Et comment faire autrement quand je m'imagine déjà un enfant dans les bras ?

Une telle responsabilité...!

Je peine déjà à m'occuper de moi, alors un enfant...?

— Si, bien sûr. Mais je réfléchis à toutes nos options, et il n'y a rien qu'on ne puisse pas faire en fonction de ta décision.

— C'est-à-dire ? quémandé-je dans mon besoin de l'entendre exposer toutes les possibilités, son point de vue sur ce sujet tellement important qu'est la parentalité et que nous n'avons pourtant jamais abordé, autrefois comme aujourd'hui.

Il prend une profonde inspiration avant de se pencher et glisser son bras dans mon dos pour nous rapprocher, ses lèvres sur mon front lorsqu'il commence :

— Si tu es enceinte... Eh bien, tu as le droit de ne pas te sentir prête, je comprendrais et je ne t'en voudrais pas de faire le choix d'avorter, je serais avec toi. Et si tu voulais le garder, je serais là aussi, pour toi et pour lui, on le fera ensemble. Quoiqu'il arrive, je ne t'abandonnerai pas ma douce.

Je le sais. Nous sommes si attachés l'un à l'autre que plus rien au monde ne saurait nous séparer. Pas même un enfant.

— Et si... Si j'étais incapable de le perdre ? Mais que je ne suis pas sûre du tout de pouvoir remplir mon rôle de mère, et que... Je ne sais pas, je voudrais être une bonne mère, James ! Mais je ne sais pas si j'y arriverai, je...

Je suis tellement égoïste !

— Lisa, reprend-t-il en entremêlant son regard brillant au mien, je crois que nous avons vécu bien assez longtemps pour y survivre. Ça ne sera pas tous les jours facile, évidemment, mais je ferai tout pour que tu aies le moins à endurer, je te le promets.

Se complaira-t-il seulement dans cette vie de contraintes ?

— Et toi ? Je sais que tu veux me rassurer, mais... Est-ce que tu voudrais des enfants ?