⚜️ | « Sacrilège » T2 : Dépravation

⚜️ | CHAPITRE 12

Ce chapitre est bien la suite directe du précédent que vous avez pu lire. Comme vous avez pu le voir, j'ai divisé le chapitre 8 en deux donc tous les chapitres suivants ont été décalés. Ainsi, le dernier chapitre que vous avez lu (10) est devenu 11. Sur ce, je vous souhaite une belle lecture et bon courage, ça commence à se corser 🙈

⚜️⚜️⚜️

Après m'avoir sucé le sang comme un forcené, son emprise sur moi si puissante que je craignais réellement qu'il me brise une côte, Matthew m'a repoussée telle une vieille chemise usagée. Il s'est habillé sous mon regard vide, indifférent à ma présence, puis s'en est allé sans un mot de plus.

Et si je me sens faible de la maigre quantité d'aliments que j'ai ingérés – toujours la faute de ces satanés nausées –, je sens parfaitement ma soif qui, elle, n'aurait eu aucun mal à s'étancher auprès de mon bourreau. Mes gencives me brûlent, me démangent et je suis contrainte de me mordre moi-même pour tenter d'apaiser un tant sois peu leur élancement permanent.

Que je suis misérable...

La faible lueur qui perce entre les rideaux me tente affreusement : plus que tout je souhaite m'évader de là. Cependant j'ai bien compris que la tâche ne sera pas si aisée, pour ne pas dire impossible. Alors je reste couchée là. À attendre sans attendre. Car je suis loin de m'impatienter du retour de Matthew et que je n'ai absolument rien d'autre à faire.

Parfois, je me lève. Erre dans la chambre et jusque dans la salle de bain où je me rafraîchis régulièrement, ma peau humide m'offrant la sensation de revivre, juste quelques instants. Je bois tellement d'eau dans le dessein de compenser ma soif de sang que je me sens ballonnée. Et tandis que je suis échouée entre les draps, à demi-consciente sans réellement parvenir à m'endormir tant je suis assaillie de haut-le-cœur, je sens une présence au-dessus de moi.

Les yeux papillonnants, je reconnais la chevelure blanche qui me surplombe.

— Matthew... marmonné-je en tendant une main fébrile vers lui, contre son bras.

Je me sens mal.

Et je ne sais pas quoi faire pour aller mieux.

Je m'accroche à sa manche, ma prise sans force alors qu'il me contemple l'air à la fois contrarié et perdu.

— Ce n'est pas normal que tu sois si mal en point, constate-t-il davantage pour lui-même. Tu as mangé, et même si tu as soif, tu t'es suffisamment repue hier... À quelle fréquence te nourrissais-tu sur mon frère ?

Alors qu'il me questionne, il m'étreint contre lui de manière à me présenter son cou. Maladroitement, je saisis sa paume et il se laisse délibérément faire lorsque je porte son poignet à mes lèvres.

Je n'ai pas le choix.

— Cette option me va aussi, tant que tu t'y complais... souffle-t-il en survolant mon visage du bout des doigts.

Après un instant interminable à revivre des souvenirs de Matthew que je m'efforce d'ignorer, je le relâche enfin et prend une grande inspiration, soulagée de sentir une part de ma vitalité me revenir. Toujours entre les bras de mon tortionnaire, ce dernier me rappelle doucement à l'ordre :

— Tu n'as pas répondu à ma question, mon cœur.

— Plusieurs fois par jour. James m'a dit que ce serait normal, j'ai été endormie plus de dix ans, mon corps doit compenser... On ignore juste combien de temps ça va durer, avoué-je dans un détachement qui me surprend moi-même.

Plongée dans un état second, au cœur de réflexions tant de fois refoulées pour ne pas inquiéter mon amour, mes craintes se révèlent finalement auprès de la dernière personne au monde à qui j'aurais cru les confier.