⚜️ | « Sacrilège » T2 : Dépravation

⚜️ | CHAPITRE 11

Après m'être minutieusement lavée, chaque parcelle de ma peau qui a été en contact avec celle de Matthew devenue rouge à force de la frotter, il me faut un moment pour me décider à retourner dans la chambre. Même s'il m'a promis ne plus rien faire aujourd'hui, je ne me risquerai pas à le tenter. Et seulement vêtue de mon peignoir, je ne suis pas certaine qu'il parvienne à m'ignorer.

Pas après qu'il m'ait fait part de son désir obsessionnel de me posséder, il y a quelques heures de cela. Ses mains sur ma poitrine, sa bouche sur la mienne.

Cependant, je ne peux pas rester ici éternellement. Il comprendrait que je l'évite et en découlerait inévitablement sa colère. Alors, prenant mon courage à deux mains, je gonfle mes poumons d'un air qui me manquera certainement d'ici quelques instants, et pousse la porte.

Mais il n'est pas là.

La pièce est vide. Matthew s'est volatilisé. Les draps sont encore froissés de son passage, mais je ne perçois plus ses battements de cœur. Du moins, pas dans cette pièce. Sûrement est-il allé dans son bureau, même si j'ignore ce qu'il peut bien y faire.

Libérée d'un poids qui me comprimait la cage thoracique, j'attrape dans la commode le vêtement se rapprochant le plus d'un pyjama que de simples sous-vêtements et me hâte dans la salle de bain pour me changer. Matthew peut débarquer à tout moment et j'aimerai me coucher au plus vite - j'ai bien compris qu'il ne prenait aucun plaisir à profiter de moi lorsque je n'en avais pas conscience. Et même si, désormais, je sais qu'il peut s'infiltrer jusque dans mes rêves, j'ai espoir qu'il ne récidive pas de sitôt.

Il veut savourer mon supplice. Et pour cela, quoi de mieux qu'une lente et langoureuse torture. C'est inutile de presser les choses. Il veut me voir sombrer doucement. Me perdre subtilement. Si délicatement que lorsque je réaliserai m'être égarée, il sera trop tard pour rebrousser chemin.

Voilà ce qu'il veut. Ce que je ne lui céderai pour rien d'autre que James.

Vêtue d'une simple nuisette, je me glisse en toute hâte dans le lit, celui-là même dans lequel je me suis réveillée ce matin.

Quelle interminable journée.

Les genoux repliés contre moi, j'essaye vainement de me vider l'esprit et retrouver le sommeil. J'ai mal partout. Tout mon corps est éreinté, épuisé de mes derniers efforts. Une violente migraine me frappe le crâne à chaque seconde, et la faim me creuse l'estomac à coup de crampes. Malgré tout, je sens toujours ce nœud dans ma gorge, expression tant de mon angoisse que de mes haut-le-cœur incessants.

Pitié, je veux dormir.

Des pas résonnent dans le couloir. Je retiens mon souffle. Une porte s'ouvre, puis se referme.

Mais pas la mienne.

Je crois qu'il s'agit de la chambre de James. Avec un peu de concentration, je pourrais suivre le cœur de Matthew. Je l'entends encore en bas, l'espace de quelques secondes, mais je ne parviens pas à me focaliser sur lui, et uniquement sur lui. Il y a le vent dehors, le bruissement des arbres, les craquements de la maison. La présence d'Allan dans la pièce juste à côté de la mienne. Et je suis fatiguée. Bien trop pour user du moindre de mes avantages.

Tous les événements d'aujourd'hui défilent les uns après les autres dans ma tête, en boucle. Tel un mauvais film dont je connais d'ores et déjà la fin.

James parti faire des courses. L'arrivée d'Allan. Notre discussion dénuée de sincérité, et surtout, sa trahison. Ma bêtise. Puis mon réveil auprès de Matthew. Ces retrouvailles inespérées. Tout ce sang versé. L'ébauche d'un calvaire permanent. Ses promesses de démence. Les réminiscences de cette malédiction éternelle. Ma reddition misérable. Et enfin, mon échec cuisant. La mort de mes espoirs. Ses murmures cruels et délicieux. Sa confession qui n'en est même pas une.