⚜️ | CHAPITRE 4 (2)

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Il mime un baiser sur ma bouche, m'entraîne dans la plus décadente des débauches en un abandon total de nos corps qui s'enlisent jusqu'à l'apothéose, nos cœurs divinement immolés. Et comme toujours, il me suffit de recevoir une énième preuve de son affection pour moi, de sa dévotion, pour enfin m'apaiser, me perdre avec lui jusqu'à en oublier tout le reste. Juste un instant. Un court répit jamais assez long.

Et je m'en satisfait : c'est extraordinairement plus que ce dont je bénéficiais avant l'arrivée de James dans ma vie. Ainsi, les jours se suivent, notre routine inchangée, à la seule différence qu'aujourd'hui, et pour la première fois depuis mon éveil, je retourne en ville, dans un lieu publique et fréquenté par d'autres personnes que... nous.

Car Stefan est venu nous rendre visite il y a trois jours de cela, et malgré mon inquiétude plus que légitime quant à ma réaction, ma soif lorsque je le reverrais, tout s'est étonnamment bien passé. Il ne m'a pas étreinte pour me saluer, s'est tenu éloigné tout au long du déjeuner afin de m'éviter une quelconque tentation en tout respect de ma nouvelle condition, et bien loin de la méfiance, je l'ai davantage perçu comme sa façon à lui de m'inviter à lui faire confiance, à me détendre car il maîtrisait la situation.

J'entendais son cœur battre, son sang pulser dans ses veines, et même si ma gorge s'est asséchée à quelques reprises, James était là, sa vitalité tellement plus précieuse à mon âme que celle de mon père à portée de lèvres. J'aurai pu y céder, dans la cuisine, lorsque nous préparions le repas si je ne voulais pas le faire face à lui, toutefois je voulais me prouver que j'en étais capable. Et devant la force de ma détermination, j'ai sentie la fierté de mon amour ainsi que l'approbation de mon paternel.

Si bien qu'au temps des aurevoirs, il m'a jugée suffisamment résolue pour m'enlacer. Il m'a fallu quelques secondes pour m'accoutumer à sa proximité, me concentrer sur lui et ce qu'il représente pour moi afin de ne plus songer que je pourrais simplement croquer dans sa chair, et alors, je l'ai étreint en retour. Dans la continuité de cette foi nouvelle qu'il a en moi et qu'il s'est evertué à me prouver, il m'a fait don du plus beau des compliments que j'ai jamais reçu de sa part :

— Tu as l'air heureuse, plus épanouie. Depuis le temps que j'attends de te voir enfin toi-même... Je ne sais pas si c'est James ou la vérité – certainement un peu des deux –, mais si j'avais su tout ce que ça engendrerait de te le présenter, je l'aurai fait bien plus tôt. Sois comblée, my dear, tu le mérites. Tes parents le souhaiteraient aussi.

Kate et William, ce couple victime de notre malédiction qui nous a pourtant élevé durant quelques années comme leurs propres enfants. Je n'ai aucun souvenir de mes véritables parents, ceux à m'avoir donné la vie il y a plusieurs centaines d'années, néanmoins j'ai conservé des bribes de mon enfance, il y a dix-sept ans. Ils étaient attentionnés, d'une patience sans limite et s'inquiétaient toujours de cette douleur qu'aucun médecin ne parvenait à diagnostiquer. Ils ont été de bons parents, et si Matthew n'était pas revenu chercher James... Ils le seraient encore, comme Stefan aujourd'hui. Avec des défauts, mais aimants à leur façon un peu maladroite.

À cette évocation inattendue, mon cœur s'est chargé de remords, et j'ai dû lutter pour chasser les larmes qui pointaient sous mes paupières, me focalisant plutôt sur ses vœux de bonheur qu'il m'a offert en toute bienveillance. Ainsi, nous nous sommes promis de nous revoir d'ici deux semaines, et suite à cette rencontre qui s'est mieux déroulée que tout ce que j'aurai pu imaginer, j'ai eu envie de sortir. Pas dans les bois, nous y allons déjà tous les jours. Mais retourner en ville, au Hideaway Cafe ou Palmyra Square, ces endroits qui me rendent déjà nostalgique pour avoir été témoins de l'évolution de ma relation avec James.

J'ai bien conscience que cette expérience sera totalement différente de lorsque Stefan est venu, à commencer par le nombre de personnes présentes, tous des inconnus, des humains sans une seule goutte de notre poison mortel dans leurs veines et qui, par conséquent et contrairement à mon père, ne survivraient pas à l'une de mes morsures. Mais James sera là, et avec lui, je me sens capable de tout endurer.

⚜️ | « Sacrilège » T2 : DépravationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant