⚜️ | « Sacrilège » T2 : Dépravation

⚜️ | CHAPITRE 13

⚠️ Ce chapitre contient une scène de violence sexuelle pouvant heurter la sensibilité des lecteurs. ⚠️

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Je suis enceinte.

Et j'ai terriblement faim. Si je peux endurer ces crampes aussi longtemps que mon corps me le permet, je ne me laisserai néanmoins pas perdre du poids indéfiniment comme je le fais depuis une semaine. Plus maintenant. Je ne prendrai pas le risque de le perdre par ma seule négligence.

Une fois Matthew parti, j'ai replongé dans l'eau délicieusement brûlante du bain et en dépit de ma situation tout à fait désastreuse, je l'ai savouré. Je me suis lavée, une amertume persistante me prenant à la gorge lorsque je repensais à son toucher plus qu'à ses paroles, mais je n'ai pas été submergée. La tête hors de l'eau et déterminée plus que jamais à ne pas me laisser atteindre.

Lorsque je suis sortie enroulée dans mon peignoir, les vêtements déposés ce matin-même par Matthew étaient encore là, sur la commode. J'y ai trouvé un leggin noir ainsi qu'un pull en laine si ample que les manches me tombent jusqu'au bout des doigts. Sûrement mon bourreau y trouvera-t-il une forme de provocation – et au fond, c'est absolument le cas – mais je ne céderai plus à ses caprices. S'il souhaite me punir pour cela, qu'il le fasse. Mais je ne me contenterai plus de lui obéir bien sagement.

Ouvrant la porte qui donne sur le patio plus qu'un couloir de l'étage, je guette les alentours. Je suis en droit de sortir, mais c'est la première fois que je m'aventure hors de ma chambre à une heure aussi tardive, et j'ignore si je tomberai sur qui que ce soit. Il me semble reconnaître la présence d'Allan dans la pièce à côté, mais il n'a pas l'air de se soucier de moi. Quant à Matthew, je perçois ses battements de cœur en bas, et je prie pour qu'il soit dans son bureau.

Je descends les marches le plus silencieusement possible et prends la direction de la cuisine. La pièce est plongée dans la pénombre, et même si je parviens à voir où je mets les pieds, je ne distingue rien de l'environnement qui m'entoure. Traversant le séjour, j'arrive à la cuisine où j'allume la lumière, persuadée de ne plus rien avoir à craindre. Je fouille dans les placards à la recherche de quoi rasséréner ma faim. Des biscuits secs, une pomme... Et je trouve dans le frigo une brique de jus de fruits dont je me sers un verre.

Ce n'est pas ce qu'il y a de plus sain, mais ce sera suffisant pour ce soir et à partir de demain, je mangerai chaque bouchée de ce qu'on me servira. Peu importe combien cela me rebutera. J'entame ma collation nocturne, mes nausées toujours présentes que je m'efforce d'ignorer afin de me donner la force nécessaire pour nous protéger, mon enfant et moi.

Et tandis que je finis d'engloutir les quelques gâteaux contenus dans un sachet, un bruissement dans mon dos me fait sursauter et je lâche le verre presque vide que je tenais encore dans une main. Ce dernier explose au sol dans un bruit clair et fracassant.

Matthew, appuyé nonchalamment contre le cadre de porte, ne s'en soucis pas le moins du monde. Il fait tournoyer un verre de whisky entre ses doigts et son visage semble totalement dénué d'émotions. Comme s'il était là, sans être là.

Le souffle coupé, je ne sais absolument pas quoi faire. J'ignore à quel point il est soûl, et par-dessus tout je ne sais rien du Matthew alcoolisé. Est-il plus docile ? Chagriné ? Euphorique ? Ou cela ne fait-il qu'exacerber ses penchants pervers ? Là, maintenant, je ne tiens pas à le découvrir.

Il est le premier à rompre ce silence aussi lourd qu'une masse de plombs qui m'écrasait les épaules, sa question posée dans un détachement qui ne fait qu'accentuer la distance entre nous :