Vanille

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Écrit par notesinblack

"Une société écologique, c'est une société qui trouve le point d'équilibre entre la société matérialiste absolue dans laquelle nous sommes et une société qui voudrait tomber dans une spiritualité béate qui ne serait pas plus intéressante."

Nicolas Hulot, Extrait de Nouvel Observateur - Mars 2004



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« Chris ! Sors un peu de ta chambre, veux-tu ? Va jouer dehors, il fait vraiment très beau aujourd'hui ! »

Un soleil de plomb donnait tout ce qu'il pouvait et ne se gênait pas le moins du monde pour entrer dans ma chambre à travers ma fenêtre, que j'avais laissé grande ouverte pour laisser circuler l'air.

Affalé sur ma couchette et étant uniquement couvert d'un short en tissu orangé, mais suant quand même telle une bougie allumée, cet ordre de ma mère avait rimé avec un appel des Enfers dans mon esprit. Je refusais de me faire ainsi chasser de mon domaine.

C'était le samedi d'un chaud week-end. Et bien sûr, certains idiots trouvaient amusant de se promener dans une telle fournaise alors qu'il n'y avait vraiment aucun avantage. Ah, sauf pour ceux qui souhaitent bronzer - ou plutôt cramer - en un rien de temps !

Je n'étais vraiment pas d'humeur à quitter ma chambre, et encore moins à sociabiliser car, oui, ma mère voulait que je « discute avec des jeunes de mon âge » au lieu de prendre du temps pour moi, seul.

Je prenais soin des autres depuis toujours. 

Enfin, je prenais soin des autres... Je le faisais par pur plaisir de faire du bien autour de moi... et j'ai été brimé pour cela en contrepartie.

Jugé pour mes origines, critiqué parce que je vivais dans un pays qui n'était "pas le mien", comme on me le disait auparavant... Bon, ce n'était pas le moment d'y penser — d'ailleurs, il n'y aurait jamais de moment adéquat pour spéculer sur mon passé. Il est passé comme son nom l'indique. C'est fini, tous ces maux.

Pour être franc, je suis heureux que cet aspect de mon existence ait changé. Désormais, je me fiche de l'avis des autres, de leurs critiques à mon égard et je m'accepte tel que je suis vraiment. Tu n'es pas d'accord ? Tant pis. J'ai mieux à faire qu'à te regarder m'envier.

Tout ça pour dire que je ne voulais absolument pas lever le petit doigt ni le petit orteil aujourd'hui. Et, n'entendant pas de second appel de ma mère, je supposai qu'elle avait compris le message implicite. Vous m'en voyez ravi.

Seulement, mon corps semblait avoir signé un pacte avec l'astre du jour contre mon bien-être car j'eus soudainement envie d'un rafraîchissement, un moyen de me désaltérer. Et bête comme je l'étais, je n'avais pas prévu de bouteille d'eau dans ma chambre. Le réaliser me mit dans un tout autre état d'âme : j'étais furieux et dépité contre moi-même. Moi qui avait prévu de perdre ma journée dans mon lit... Tant pis.

Un très gros soupir passa la barrière de mes lèvres charnues et, alors que je quittais mon lit, complètement découragé, je regrettai amèrement de n'avoir pas gardé d'eau dans ma chambre lorsque j'en ai eu l'occasion.

Mon désarroi et mon manque d'entrain étaient nettement perceptibles dans la lourdeur de mes pas, aussi discrets que ceux d'un éléphant, alors que je me traînais hors de ma chambre.

Dans le couloir menant au rez-de-chaussée, il faisait tout aussi horriblement chaud que dans ma chambre et ce n'était pas à mon plus grand plaisir. Je marchais nonchalamment en direction de la cuisine, n'ayant bien sûr qu'un chose en tête : la manière avec laquelle je me servirai une eau bien fraîche, comment je la savourerai en retournant dans ma chambre, et, bien sûr, mon plan pour le reste de cette journée, qui était évidemment vagabonder dans mon espace personnel en essayant de ne pas penser à mes devoirs de la semaine suivante. Parfait. Simple, mais pourtant si bon.

Corne d'Abondance - Source éternelle d'imagination [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant