Tête de Gazon

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Ecrit par _Kim_Noire_Nei_

"La souffrance animale et la souffrance humaine sont intimement liées, c'est toujours la même histoire de domination, le plus faible à la merci du plus fort, un esclavage trouvant son origine dans l'éternel rapport de force."

Guillaume Prevel



Vous, ou vous.

Je sais que vous êtes là.

Est-ce un bla-bla inutile que je vais faire ? Sûrement.

Mais au fond pour moi, ce bla-bla est rempli d'une chose si précieuse, si intouchable qu'on l'oublie souvent : du sentiment.

Bien, commençons.

Sais-tu pourquoi je déteste autant les humains ?

Tu veux me laisser raconter la raison ? Bien, bien.

*****

À peine âgé de deux mois, ces humains avaient décidé de m'enlever de MA mère, que pour EUX ce serait MIEUX dans une AUTRE famille.

Ma mère me manque...

Je ne sais plus le son de sa voix ou la chaleur de son ventre...

Ni son apparence...

À quoi ressemblait-elle ?

Avais-je des frères et sœurs ?

Je ne sais plus... Je ne sais rien sur ma vraie famille...

Mais, ils avaient oublié une chose essentielle, quelque chose qui jouait beaucoup pourtant.

Ils avaient déjà deux chatons mâles âgés d'environ huit mois et je venais sur leur territoire.

Pour eux, un rapport de force et domination sur moi était vital.

En me voyant pour la première fois, ils m'avaient craché dessus en feulant.

Je m'étais réfugié derrière les jambes de l'humain qui m'avait emmené ici.

Il me poussa vers ceux que je voulais fuir.

Je criais à l'aide, pourtant rien ; il s'en alla en me laissant avec eux.

Eux, j'avais essayé d'implorer leur pitié, mais j'étais encore trop jeune pour comprendre la cruauté de la nature.

Plus les jours passaient, plus je m'étais rendu compte qu'on ne voulait pas de moi.

Cette famille ne voulait pas de moi.

Alors pourquoi m'avait-elle pris à ma mère ?

Elle ne s'occupait pas vraiment de moi.

Je leur demandais de l'aide, je leur expliquais ce qu'il me faisait, ces vilains chatons, en vain.

Je n'arrivais plus à manger.

Je n'arrivais plus à dormir.

Je suis si fatigué.

J'ai si faim.

Une fois leur gamelle finie, ils s'attaquaient à la mienne.

J'essayais de les repousser mais à deux contre un, bien sûr, la force était de leur côté.

Corne d'Abondance - Source éternelle d'imagination [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant