Chapitre 31 : Mauvaise surprise

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          Dans le bureau de Morell, Stiles faisait les cent pas sans s'arrêter de parler. La psychologue incitait le jeune homme à s'asseoir et à se calmer, mais ce dernier n'entendait pas les paroles de la druide et continuait à déblatérer toutes ses pensées. A propos de Théo, de Scott, des deux ensembles, du rêve éveillé où il voit un Scott vêtu d'un manteau rouge. Hallucinations, pertes de contrôle, insomnies, notion du temps bordélique...

- Vous comprenez où je veux en venir ? demanda Stiles en plaquant ses paumes contre le bureau noir de la métisse.

- Je comprends juste que tu es à bout, Stiles. Assis-toi, où je coupe court à la séance improvisée que tu m'as supplié de t'accorder, lança-t-elle de sa voir calme mais autoritaire.

          Stiles l'imaginait bien à l'armée celle-là. Il se calma, s'assied et commença à se ronger les ongles, quand il remarqua qu'il les avait déjà rongés jusqu'au sang. Il joignit donc ses mains et se mit à les gesticuler.

- Tu penses être atteint de la même maladie que ta défunte mère, résuma Morell en posant son stylo plume contre son carnet de notes.

- Je ne vois que ça. Comme d'habitude, j'ai songé au surnaturel. Mais après l'affaire du meurtre de Marlene, j'ai compris que le surnaturel n'est pas toujours la réponse à tout. Rien dans mes recherches ne correspond à mes symptômes, recommença Stiles en se levant de son fauteuil.

- A-ssis-toi ! ordonna-t-elle en séparant chaque syllabe. Je ne dis pas forcément que c'est surnaturel, reprit Morell une fois son patient installé. Mais cela ne veut pas dire que c'est la maladie de ta mère. Ou bien, psychologiquement, tu te persuades que c'est ça.

- Comment je pourrais me provoquer une maladie dégénérative de ma psyché ?

- Le corps humain réagit à nos pensées, et à nos émotions. Persuade-toi que tu as de la fièvre, et ton corps sera persuadé que tu en as. Vois ta famille en train de vomir, tu vas te persuader que ça va t'arriver aussi, ton corps comprendra qu'il est malade et recrachera tout. La psyché joue sur ta santé physique.

- Donc, vous suggérez que c'est ma psyché qui provoque ça à cause de mes sentiments refoulés pour Scott, et ma haine abyssale pour cette chimère de Raeken, résuma Stiles en recommençant à se ronger les ongles inexistants.

- Ce n'est qu'une théorie. Parle-moi plus de ce Scott en manteau rouge ? Pourquoi lui ? Et pourquoi cette couleur ?

- J'en sais rien. Scott, parce-que je ne pense presque qu'à lui. Et un manteau rouge, pour son statut d'alpha. J'en sais rien, moi ! Dans ce cas, pourquoi il avait une sorte de pensine devant lui ? Pourquoi n'arrête-t-il pas de poser cette question à laquelle il voulait absolument que je donne une réponse ? Moi aussi je peux en poser des questions débiles ! 

- Quelle question ? demanda Morell intriguée.

- Celle que vous venez de me poser, rétorqua sèchement l'humain.

- Non. Pas moi. Le manteau rouge. Quelle question à laquelle tu devais répondre ?

          Stiles recherchait la formulation exacte dans sa mémoire embrouillée. Il passa les images de Scott et Théo dans la cuisine collés serrés à se beurre les tartines, son week-end coupé court à cause de la chimère, et il arriva à Scott en manteau rouge devant sa fontaine étrange.

- "As-tu envie de moi ?", indiqua Stiles.

- Exactement au mot prêt ?

- Oui.

- Et as-tu répondu à cette question ?

- Oui.

- Et qu'a fait le manteau rouge ?

- C'est quoi ces questions ? Vous pensez vraiment que ça va m'aider de détailler mes hallucinations.

- Réponds-moi, Stiles. qu'as-fait le Scott en manteau rouge ?

- Il m'a mordu la gorge en me disant que je lui appartenait, quelque-chose comme ça.

          Morell se rabattit au fond de son fauteuil, les yeux dans le vide à mouvoir ses lèvres sans qu'aucun son n'en sorte. Stiles détestait ça, il avait l'impression que l'on comprenait quelque-chose que seul lui ne comprenait pas.

- Morell ?

- Et ça t'arrive depuis quand ce genre d'hallucination ?

- J'en sais rien. La première fois était dans l'appartement je crois. Après qu'on ait compris que Théo était excité comme une pute.

- Je dois en parler à mon frère.

- Deaton ne sait rien, il n'a pas su m'aider.

- Peut-être parce-qu'il n'avait pas certaines informations. Ou bien, il espérait tellement que ça ne soit pas ça, qu'il a préféré ne pas y penser comme un blocage. Rentre chez toi, Stiles. Et surtout, surtout, je t'en prie, ne parle plus à cette chose. 

- Le Scott en manteau rouge ?

- Oui. Ignore-là ! Ne répond plus à aucune de ses questions. Si c'est ce que je crois, plus tu dialogueras avec, plus tu sombreras dans la folie.

- Rassurant. Et je fais comment pour éviter une hallu ?

- Occupe-toi l'esprit. Retrouve Scott, et passe du temps avec lui. Fais tout pour ne pas songer à quoi que ce soit en liens avec tes désirs.

- Mes désirs ? Avec Scott à côté ? 

- Mets-toi une barrière. Essaie de le voir à nouveau comme ton ami, ton frère. Mais ne le désire plus le temps que je vérifie ce à quoi je pense. Sinon, je crains que tu disparaisses à tout jamais, Stiles.


          La séance coupait court, Stiles se décida de retourner dans l'appartement. Il ne devait pas penser à ses désirs. Il ne devait pas parler à ses hallucinations. Autant lui mettre du chatterton sur la bouche, lui bander les yeux et l'attacher dans un bunker.

          Arrivé dans l'immeuble, il monta les marches quatre à quatre avant d'arriver devant sa porte d'entrée. Il tourna la clef, ouvrit la porte et s'apprêtait à expliquer à Scott, et même à Théo, le problème qu'il avait. Mais aucun mot ne sortit de sa bouche quand il surprit l'alpha nu sur le canapé, qui se redressait. Avec la chimère, nue également enroulée dans les bras caramel de son Scott.

Une Colocation Hybride - Teen WolfOù les histoires vivent. Découvrez maintenant