Chapitre 36 : Séance du soir

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Théo se faisait chier. Mais il avait promis de laisser l'appartement pour la soirée à Scott et Stiles. Donc il en profitait pour faire quelque chose que beaucoup font, un cinéma. C'était une séance spéciale, trois films au prix d'un billet. Parfait, ça l'occuperait six heures. Mais au bout du deuxième, il sentait l'ennui l'envahir, voire même le posséder.

Du coup, il regardait les quelques autres spectateurs et se demandait qui ils étaient, leurs histoires. Il se faisait un meilleur film dans sa tête. Bon, ils n'étaient que cinq dans le cinéma, il faisait donc très vite le tour. Un moment, il avait sorti son portable pour envoyer un message à Scott, se renseigner si tout se passait bien, mais une vieille dame derrière lui se plaignit. Donc il rangea son portable et sourit à la dame d'un certain âge. Il lui avait donné le surnom de Mamie Crapaud. Ca lui allait bien, il trouvait.

Le troisième films allait démarrer quand une odeur particulière attira son attention vers la porte à double battant qui donnait accès à la salle de projection.

- Stiles... murmura Théo en voyant l'humain. Mais qu'est-ce qu'il fout là, se dit-il à voix haute.

Mamie Crapaud fît un "Chut", mais la chimère se retourna et lui montra ses vrais yeux d'un jaune chaleureux. La p'tite vieille claqua des dents et se renfonça dans son fauteuil. Stiles s'approcha de lui.

- Qu'est-ce que tu fous là, Raeken ?

- Toi, qu'est-ce que tu fous là ?

- Tu viens vraiment de montrer tes yeux à une personne ?

- Elle est vieille, personne ne la croira. On pensera qu'elle est sénile. Qu'est-ce que tu fous là ?

- Ca ne te regarde pas, répondit Stiles qui tournait les talons pour partir.

- Oh que si ça me regarde ! (il chopa le manteau de son interlocuteur et le força à s'asseoir sur le siège à sa droite) Je ne me suis pas tapé deux films, maintenant trois, d'un ennui mortel pour que vous passiez une soirée qui mène à rien.

- C'était ton idée ?

- La sienne. Moi j'avais proposé autre chose.

- Me séquestrer et me torturer ? ironisa l'humain.

- Non. Pas la torture. C'est plus pour moi ça.

- Du Théo tout craché.

La chimère sentait (par son odorat et son instinct) que Stiles en avait gros sur la patate. Il se lança donc le défi de faire parler Stiles. Mais il allait devoir oublier sa provocation habituelle et tenter d'être de bonne écoute et de bons conseils. En résumé : Il était dans la merde. Manquerait plus qu'il doive se montrer subtil.

- Je te propose une chose, commença la chimère, j'ai encore ce film à voir. Il va être chiant. Donc, tu as tout ce temps là, pour me pourrir, me dire tout ce que tu as à me dire. Ca m'occupera, et toi ça t'aidera. Deal ?

- J'ai pas envie de te parler, Raeken.

- Je n'ai pas me parler, j'ai dit me pourrir. Me dire tout ce que tu as besoin de me dire. Pourquoi tu me hais, pourquoi tu en veux à Scott...

- Je t'ai déjà dit pourquoi je te hais. Et quand à Scott, c'est entre lui et moi.

- Je suis au courant pour votre aventure sous la tente. Tu n'as pas à être gêné de m'en parler.

- Pourquoi ? Parce-que tu l'as baisé aussi ? lança Stiles.

- Ca nous fait un point commun, rigola-t-il avant de se rappeler qu'il devait oublier la provocation.

Stiles se leva et voulu partir, mais la chimère le chopa à nouveau par le manteau pour le faire s'asseoir.

- Pourquoi t'es là en fait ? Vous vous êtes disputés ?

- Disons qu'on a discuté. Et que je suis venu ici car ça me fait du bien de venir là. C'est un cinéma d'art et essai. Donc pas grand monde et des films qui me plongent dans une léthargie qui me permet de réfléchir. Ca te va comme réponse ?

- Concernant la léthargie, je comprend. La discussion s'est mal passée ? relança Théo.

- Décidément, vos sens de lycanthrope me surprendront toujours. A ton avis, Raeken ?

- Il a réussi à te faire dire ce que tu devais lui dire depuis un moment ?

- C'était ton idée ?

- Non, la sienne. Encore une fois, moi c'était la séquestration, rappela la chimère. Pourquoi tu ne lui as jamais rien dit. Vous êtes meilleurs amis. Tu pouvais le lui dire depuis le début de tes doutes.

- Je partais du principe qu'il le devinerait. Ses sens de loup-garou auraient pu l'aider. Ma façon de le regarder, de lui parler, de m'inquiéter pour lui. Le fait que j'ai voulu mourir avec lui, plutôt que de le laisser partir pour qu'il m'abandonne. C'étaient des signes clairs pour moi.

- Pour toi, oui. Pour lui, non.

Stiles sembla étonné du ton employé par la chimère. Sans prétention, sans reproche, juste de la sincérité.

- Ecoute, Scott a plein de qualité. Tellement que je ne saurais par où commencer. Même toi tu ne saurais toutes les citer. Mais s'il y a bien une chose que Scott a comme défaut, il ne comprend pas les signaux. Il ne voit pas les petits détails qui font toute la différence. J'en ai joué quand je vous ai tous manipulés.

- Sauf moi, rectifia l'humain.

- En effet. Parce-que toi, tu analyses les détails. Scott, lui réfléchis avec un tout. Et dans ton cas Stiles, il lui manquait une chose. Tes mots. Les mots peuvent à la fois ne faire aucune différence, tout comme ils en font. C'est à double tranchant. Pour Scott, les mots sont importants. Puis vient les actes. J'ai parlé à Scott puis sont venus mes actes.

- Quoi tu lui as dit que tu l'aimais ?

- Je ne dis pas ce genre de chose, Stiles.

- Sauf dans la lettre.

- Dans ce cas, je te l'ai dit aussi dans la tienne.

- Dans la mienne, répéta Stiles.

- Oui. il y avait deux lettres sous le tapis. Une pour Scott et une pour toi, expliqua la chimère avec une évidence dans la voix.

- Je n'ai jamais vu cette lettre.

- Pourtant, je t'assure qu'elle existe. Du moins, elle existait.

Théo se souvenait plus du contenu de la lettre. C'était y a plus de dix ans maintenant. Mais il se remémorait la fierté qu'il avait quand les lettres étaient écrites et déposées sous le paillasson.

- Et elle disait quoi cette lettre ? demanda Stiles.

- Que je t'aimais aussi. Que tu étais comme un frère pour moi au même titre que Scott. Même si je l'avoue, j'ai plus partagé de chose avec lui qu'avec toi. Mais cela est en partie de ta faute. C'est toi qui ne venait pas à moi, contrairement à notre ami commun.

- Ami commun ? Ouais.

- Je ne pense pas que tu m'as entendu quand tu étais inconscient. Donc je vais te dire un truc important. Je ne pensais pas ressentir des choses pour Scott. Jamais de la vie je n'aurais cru ça possible. Et sache que ce n'est, en aucun cas, un moyen de manipulation.

- Serais-tu en train d'insinuer que... tu partages des sentiments envers lui ? tenta d'éclaircir l'humain dont les battements de cœur s'accéléraient.

- Je n'ai pas de mots pour décrire ce que je ressens. C'est une première pour moi. Mais si je te dis que je te comprends à un point que je crois voir mon reflet dans un miroir. Tu en dirais quoi ?

- Que nous sommes dans la merde tous les deux. Car on partage pas un ami commun. Mais des sentiments communs à une personne, résuma l'humain.

A qui le dis-tu ? songea la chimère qui se demandait comment il pouvait se trouver dans une situation pareille alors qu'à la base il voulait juste du pouvoir. Maintenant, il voulait... Scott. Et Stiles se trouvait dans la même situation depuis quatre années. Il était bien dans la merde.

Une Colocation Hybride - Teen WolfOù les histoires vivent. Découvrez maintenant