Chapitre 13

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Sept mois se sont écoulés depuis l'annonce chaotique de ma grossesse. Quelques semaines après la découverte des petits pieds dans mon ventre, l'information s'est répandue très rapidement dans l'école, si bien que je suis devenue « La nana enceinte qui n'a pas encore son diplôme ». J'ai travaillé encore plus dur pour m'assurer d'avoir mon diplôme de fin d'études. Je ne voulais pas donner satisfaction à ces langues de vipères. Entre les nausées et le stress, le début de ma grossesse a été tout ce qu'il y a de plus pénible. Heureusement, j'ai réussi mon BTM haut la main. Mon mémoire de fin d'études ainsi que mon book photo ont été ceux obtenant la meilleure note, ce qui m'a permis d'être la meilleure photographe de ma promotion. Étant enceinte, je n'ai naturellement pas cherché de travail. Gio, quant à lui, avait réussi à se faire embaucher comme architecte dans le cabinet où il avait effectué son stage, pour notre plus grand bonheur. Il était épanoui dans son travail, mais rien n'avait réellement changé à la maison, hormis le fait qu'il ne m'ait plus jamais manqué de respect. Les quatre premiers mois de grossesse m'ont épuisée. J'avais des nausées du matin au soir et parfois même la nuit. Nous avons fini par faire chambre à part, car j'empêchais mon petit ami de dormir convenablement et comme il venait d'obtenir le poste dans le cabinet, il ne pouvait pas se permettre d'arriver au travail épuisé. Ma grossesse s'est plutôt bien passée. Giovanni, bien qu'heureux d'être bientôt papa, ne s'est jamais vraiment préoccupé de moi. Il n'est venu qu'à une seule échographie chez le gynécologue avec moi. Son nouveau travail était plus important... Je le comprends... Enfin, je crois. Le 22 mars 2012, j'ai rompu la poche des eaux dans notre salle de bain en pleine nuit. Giovanni s'est de suite levé pour me conduire à la maternité, inquiet que la poche soit rompue alors que mon terme était prévu pour le 28 avril... À notre arrivée, j'ai de suite été prise en charge par le personnel médical et la journée s'est déroulée bien trop lentement à mon goût. Pour cause, la péridurale que l'anesthésiste a posée aux alentours de 13 ou 14 heures n'a eu d'effet sur moi que pendant environ deux heures et j'ai ressenti chaque contraction de 16 heures jusqu'à l'arrivée de notre bébé à 20 heures 32. Une horrible épreuve physique que j'ai semblé avoir oubliée à la seconde où la sage-femme présente lors de l'accouchement a posé notre fils sur moi. Il était là, en bonne santé. Je suis passée de la douleur la plus pure à un sentiment de bien-être le plus intense en l'espace d'à peine une minute.

Le 26 mars 2012 Marseille.

Bienvenue chez toi, Théophile Rizzio-Castile.

Nous sommes le lundi 26 mars 2012, et nous rentrons enfin à la maison, rien que nous trois. Depuis la naissance de Théophile, je ne désirais qu'une seule chose : rentrer à la maison pour être tranquille, juste nous trois. Giovanni ne travaille pas aujourd'hui et ne reprendra le travail que le 2 avril. Ses patrons lui ont accordé son congé de paternité dès à présent pour qu'il puisse être à mes côtés lors des premiers jours de vie de notre petit amour. Je suis exténuée. Depuis l'accouchement, je n'ai pas dormi plus de quatre heures par nuit. Giovanni n'était présent avec moi qu'en journée à l'hôpital et je devais me débrouiller seule lors des nuits. Il arrivait le matin vers 9 heures et repartait à 20 heures 30 le soir. J'ai choisi d'allaiter notre enfant, donc forcément, les nuits ne peuvent être gérées que par moi. J'espère que maintenant que nous sommes à la maison, Gio m'aidera en journée et me laissera me reposer un minimum.

Le 22 avril 2012 Marseille.

Un mois, un mois que Théophile est avec nous. Vingt jours que Gio a repris le travail. L'allaitement ne se passe pas bien. Théophile n'arrive pas à prendre le sein correctement, je suis obligée de tirer mon lait avec un tire-lait, instrument de torture de la médecine moderne. Après qu'il ait pris au sein, je suis obligée de lui donner un complément par biberon de mon propre lait. C'est un calvaire, je ne dors presque pas. J'ai perdu les 15 kg sur les 22 pris pendant ma grossesse. Gio se plaint quand il rentre du travail d'entendre notre fils pleurer. Et si j'ai le malheur de lui dire que moi, je l'entends toute la sainte journée ainsi que la nuit, j'en prends pour mon grade. De plus, monsieur n'est pas satisfait, car depuis l'accouchement, nous n'avons rien fait sexuellement parlant. Il ne comprend pas que je ne sois pas à l'aise avec mon nouveau corps et que je n'ai ni l'énergie ni l'envie de faire quoi que ce soit pour l'instant.

Echoes of the pastOù les histoires vivent. Découvrez maintenant