Chapitre 26

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- Je te promets que tout ira bien, Lyn.

- Comment peux-tu le savoir, toi, hein ? lui demandai-je avec véhémence.

Max-Emilian pose ses mains contre mes hanches avant de me répondre. - Garde tes griffes pour tout à l'heure, joli cœur. C'est Giovanni Rizzio que tu dois mettre en pièces, pas moi.

- Je...

- Stop, reste concentrée sur lui. N'oublie pas, c'est la dernière ligne droite. Il est dos au mur, c'est toi qui as son destin entre tes mains. Ton témoignage est la clé. Je sais que ces derniers mois ont été totalement chaotiques pour toi, qu'il ne s'est pas passé une seule semaine sans que tu aies l'impression de perdre pied. Je sais que tu vis et revies depuis près de 9 mois le chaos de ton ancienne vie. Je sais à quel point la situation t'effraie alors prends ma main. Prends ma main comme tu le fais depuis notre rencontre. Laisse-moi t'aider, te guider, t'épauler. Tu n'es plus seule, Lyn, et je te fais la promesse de ne jamais te laisser seule, tu m'entends ?

Je relève la tête suite au petit discours de Max-Emilian. Je croise à travers le miroir des toilettes ses yeux bleus glacier. Ce bleu que j'aime tant. Il a raison, comme toujours d'ailleurs. Je me retourne pour être face à lui afin de saisir la main que mon homme me tend. Ensemble... Je n'ai pas le droit d'abandonner maintenant. Pas si près du but. Je dois le faire pour mon fils, pour que plus jamais il n'ait besoin d'aller chez son père. Pour moi, pour que je puisse affronter son regard quand je donnerai le coup de grâce qui me permettra d'être à jamais libre. Toute vérité n'est pas bonne à dire... Toute vérité n'est pas bonne à entendre... Aujourd'hui marque le jour où toutes les vérités, même les plus dégueulasses, seront exposées. J'en ai fini avec tout ça. Fini d'avoir peur de lui. Fini de me sentir coupable. Fini de me mentir à moi-même.

- J'ai un cul à botter, tu viens mon amour ?

- Ça, c'est ma femme !

Nous sortons main dans la main des toilettes où nous étions jusqu'à maintenant. Je croise le regard de mes parents ainsi que celui de Noa. Ma mère semble avoir pleuré sans s'arrêter depuis le début de l'audience. J'ai mal de voir ma maman dans cet état et j'ai peur de l'anéantir encore plus. La frontière entre l'imagination et la réalité est parfois bien large et je crois que la marche est trop grande pour elle. Malheureusement, j'ai juré. J'ai juré de dire toute la vérité, rien que la vérité. Nous entrons tous dans la grande salle que nous occupons depuis ce matin. On me demande de me réinstaller à la barre afin que l'avocat de Giovanni commence sa défense.

- Mademoiselle Castile, vous dites ne plus vouloir que mon client, monsieur Rizzio, n'ait plus aucun droit sur votre enfant, Théophile Rizzio-Castile, et ce tout simplement à cause d'une ridicule petite gifle. N'est-ce pas un peu exagéré ?

- OBJECTION, votre honneur ! Quand on connaît le passif entre madame Castile et monsieur Rizzio, il est inadmissible d'employer ce terme, me défend mon avocate.

- Retenu. Maître Keiser, veuillez poser une autre question à madame Castile.

- Vous dites que les faits remontent au mois de mai de l'année 2020, pourquoi ne pas avoir réagi plus tôt ? M'interroge l'avocat du camp adverse.

- Mon fils ne s'est confié à propos de cet incident qu'en août 2020. J'ai fait appel à maître Molina dès que j'ai eu connaissance des faits, expliquai-je doucement.

- Vous dites que votre fils ne s'est confié à vous que 2 mois après les supposés faits. Pouvez-vous l'expliquer ? Où est-ce tout simplement parce que votre propre fils ne vous fait pas assez confiance ? À votre place, j'aurais honte que mon enfant ne me parle pas de ces choses-là...

Echoes of the pastOù les histoires vivent. Découvrez maintenant