17.

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Après la douche, Hazel vient le rejoindre sur le canapé alors qu'il fume la dernière cigarette de son paquet, sa nouvelle basse sur les genoux. Concentré, parce que c'est loin d'être son domaine de prédilection mais il se débrouille. Le son est clair même si l'ampli n'est pas branché, les notes pas dégueu. Cool. Il progresse.

En la voyant arriver, Ethan repose l'instrument à sa place initiale pour que la mannequin puisse s'asseoir à ses côtés. Et elle se blottit sans aucune gêne, ses mains entourant son torse nu et ses jambes sur les siennes, soigneusement posées sur son jean. Ça le surprend un peu mais il ne bronche pas, au contraire.

Il prend le temps de l'observer, là, contre lui. Au naturel. Dans un de ses vieux tee-shirts qui lui tombe juste sous les hanches, elle semble étrangement à l'aise dans son univers. Comme si elle en faisait partie depuis longtemps. Elle s'intègre et il n'a pas à faire semblant. Un soulagement.

- Ton appart' est vraiment sympa, confie Hazel, le regard perdu entre les bouquins et les objets ici et là. On dirait le repère de tous les musiciens du coin, c'est beau.

Ça a l'air de lui plaire, cette ambiance à présent feutrée chez lui. Dans ses yeux bicolores, tout brille, du sol au plafond et même le panorama derrière la porte vitrée entrouverte qui mène jusqu'au balcon.

Le batteur écrase le tube dans le cendrier posé pas loin. Elle a dû arrêter depuis peu, faut pas la tenter maintenant, ce serait absurde.

- Mes soeurs m'ont aidé, déclare-t-il doucement, en ouvrant un peu plus la porte pour laisser entrer de l'air pur. Elles ont fait une partie de la déco et Måneskin a fait le reste. Ça fait plaisir que tu aimes.

Elle lui décoche un sourire franc puis attrape ses mains qu'elle place sous son pyjama de fortune en s'allongeant sur le sofa et un peu plus sur lui encore. Pas question de le brusquer ou le mettre mal à l'aise, juste lui faire comprendre certaines choses qu'elle ne veut pas dire. C'est un sujet délicat, surtout pour elle.

Le tee-shirt remonte légèrement, dévoilant en partie la chair de la jeune femme. Sa peau est chaude, sa respiration maîtrisée quand elle glisse les doigts du brun le long de son ventre jusqu'à la petite bosse qui se dessine, juste là, sous le tissu. A l'endroit même où quelques semaines plus tôt, on pouvait deviner la naissance d'abdominaux. Elle le laisse reprendre le contrôle.

Ethan hésite un peu, ses gestes redoublent de tendresse sur la zone concernée. Lentement, il estime la largeur et la longueur de l'excroissance, en parcourt le tour avec toute la délicatesse dont il est capable. Parfois, il lance des regards inquiets à Hazel qui l'incite à poursuivre sa découverte. Ce qu'elle n'acceptait pas tout à l'heure lors de leurs ébats. Le moment dure quelques minutes, assez pour qu'il apprécie la symbolique et inspecte chaque recoin qui cache son futur enfant.

Les premiers souvenirs qu'Ethan a d'un ventre de femme enceinte dans son entourage proche remontent à ses douze ans lorsque l'ainée de la fratrie, une trentaine d'années à l'époque, a débarqué chez leurs parents après avoir annoncé la grande nouvelle. Avec ses yeux de collégien, il a tout de suite trouvé ça répugnant.

Là, c'est différent et un peu magique aussi. Il est impliqué.

- J'ai presque couché avec l'assistante du groupe à Los Angeles. avoue-t-il au bout d'un moment. J'sais pas... Enfin, c'est la première fois que ça m'arrive mais... C'est mieux si tu sais.

C'est assez étrange à quel point, une fois sortis de sa bouche, les mots soulagent sa conscience. D'une main, le jeune homme replace ses cheveux derrière ses oreilles, l'autre s'affairant toujours sur le ventre de sa partenaire. Hazel le dévisage un instant, l'ocre et le bleu de ses iris formant un subtil mélange qui l'hypnotise et le rend un peu nerveux.

HAZEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant