HAZE

29.

Gaia ne savait pas quoi prendre alors elle a acheté deux types de fleurs. Des chrysanthèmes et des tulipes, réunies dans un bouquet hors de prix commandé dès qu'elle a appris la nouvelle. Elle ignore la signification de ce qu'elle tient entre les doigts. Elle voulait juste de jolies fleurs. De jolies fleurs pour des jolies situations. Ça colle à merveille avec ses intentions, blanches et colorées.

— C'est pour toi, enfin pour vous. marmonne-t-elle lorsqu'Ethan lui ouvre la porte de chez lui, en tendant le bouquet. Pour... Lux.

Le jeune homme semble surpris de la voir mais pas autant qu'elle se surprend elle-même. Les derniers mots qu'ils ont échangé par téléphone étaient ambigus et plutôt secs. Voilà qu'elle revient à la charge à sa manière.

Elle a hésité mais une conversation avec sa belle-sœur l'a convaincue de venir. Pour « passer à autre chose », ça ne fonctionne pas. Elle ne peut pas renoncer à lui, ni au regard qu'il pose sur elle. Maintenant, tout de suite. C'est réel, cette connexion entre eux. Son coeur bat fort, son pouls s'accélère un peu plus tandis que les fleurs passent de mains en mains. Ils s'effleurent maladroitement. C'est doux, subtil. Elle n'imagine rien. C'est réel. Ça se passe pour de vrai. Un bordel.

— Ça me fait plaisir de te voir, remarque-t-il en refermant la porte derrière eux.

Il lui décoche un sourire radieux, un de ceux qui la font fondre intérieurement. Gaia déglutit.

— Moi aussi.

La blonde tente de lui rendre son geste mais a l'impression de grimacer de malaise. Ils feignent tous les deux la décontraction alors que leur rencontre est loin d'être naturelle, ils en ont conscience. Font semblant d'aller bien alors que rien ne va.

Ethan est père maintenant et malgré ça, les sentiments sont encore là. Bien ancrés en elle. Ils la secouent au niveau de ses entrailles. Lui donnent envie de pleurer, de lui montrer qu'elle a mal. C'est quasiment physique.

— Tout le monde est là, informe Ethan. Excuse le désordre.

Gaia se laisse guider en reniflant discrètement. Ethan ne ment pas. L'appartement est retourné. Des valises à moitié pleines trainent partout, entre les couches et les biberons. C'est donc ça, être jeune, ambitieux et complètement submergé par les événements.

Thomas et Vic se disputent autour de Damiano comme deux frères et soeurs un peu turbulents. Le chanteur fait dans le calme et la mesure aujourd'hui. Il dévoile sur le tard ses bras dans lesquels repose le nourrisson, objet de toutes les attentions.

Gaia se tourne pour interroger le batteur du regard, les sourcils froncés.

— Hazel dort à côté. On est juste entre nous, explique-t-il avec douceur.

Elle acquiesce d'un hochement de tête. N'en demande pas plus.

— Elle m'en voudra pas d'être venue?
— Non, non, t'inquiète. Elle sait.