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Hazel a peur du sang, là, sur la table d'auscultation de la gynécologue

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Hazel a peur du sang, là, sur la table d'auscultation de la gynécologue. Une peur bleue et violente. Ça la terrifie, l'empêche de se concentrer sur autre chose. Elle ne voit que ça, partout. Elle a peur des causes et des conséquences, peur de ce que ça signifie. Généralement, c'est synonyme de douleur et de mort. Peur de tout perdre, d'être anéantie à nouveau. Comme pour Ama. Elle se sent coupable de ce qui lui arrive. Outre le diagnostic, ce qui l'effraie au plus haut point, c'est être vulnérable.

Lorsqu'elle baisse les yeux, elle remarque que ses mains en sont encore recouvertes, de ce liquide rempli d'hémoglobine. Il a séché et laissé des traces rougeâtres sur ses paumes qu'elle montre au praticien avec détachement; sur le jean qu'elle porte toujours et sûrement dans la voiture aussi. Rien n'est parti à l'eau quand elle a voulu se nettoyer. Une vision cauchemardesque, bien que le discours de la femme se veuille rassurant.

Cette peur la tenaille toujours, le choc l'emporte sur le reste de ses émotions.

Son père est devenu livide quand il a réalisé que c'était son sang qui gouttait sur le parquet du salon une heure plus tôt, celui de sa fille.  La jeune femme a du mal à expliciter ce qu'elle a ressenti en observant l'angoisse dans son regard. Il a eu l'air paniqué quand elle s'est sentie partir.

Elle a compris que c'était vraiment sérieux.

Et peut-être même grave.

Probabilité élevée.

—  Désolée pour ton siège, s'excuse-t-elle une fois dans le véhicule sur le chemin du retour, les mains encore tremblantes
— Le principal, c'est que vous alliez bien, le bébé et toi. assure son père,  avec quelques couleurs en plus sur les joues. Le reste, j'm'en fous. Je nettoierai.

Hazel hoche la tête, par réflexe. Elle ne veut inquiéter personne. Ni lui, ni Ethan. Elle pensait pouvoir gérer cette situation seule. Force est de constater que c'est un échec.

Cuisant.

— Je vais pas bien, papa.

L'homme se mord la lèvre inférieure et fixe la route un instant, ses doigts se crispent autour du volant. Hazel lui caresse doucement la cuisse. Les gestes pèsent plus que les mots cette nuit. Beaucoup plus.

— Faut que tu te reposes et que tu manges. la sermonne-t-il d'un ton sec. Tu peux pas continuer de t'apitoyer sur ton sort et faire comme s'il n'existait pas, cet enfant, parce que tu vas finir par le tuer pour de bon avec tes conneries, Hazel... et ça te replongera dans ce cercle vicieux dans lequel tu t'es enfermée... Tu t'en voudras comme je m'en veux d'avoir tout louper avec toi, d'avoir rien fait pour vous retenir, ta mère et toi.

Ils échangent un regard. Émus, chacun pour leurs propres raisons.

— Arrête de faire n'importe quoi, implore-t-il, à bout. Laisse les gens qui t'aiment être là pour toi, ok?

HAZEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant