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Les yeux sont le reflet de l'âme, parait-il

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Les yeux sont le reflet de l'âme, parait-il.

Quand Ethan découvre ceux bicolores de la jeune femme sur le palier de son appartement, il se passe quelque chose. Pendant une seconde, il y a une connexion. C'est fort, électrisant. Ça prend les tripes et retourne l'estomac. Il en oublie le discours mental qu'il a préparé et ne voit plus qu'elle, là, face à lui. Hazel.

Et, il ne sait plus trop quoi dire ni comment les dire, toutes ces choses qu'il a sur le cœur.

- Hey. murmure-t-elle, les joues rosies dès l'instant où il se dévoile dans l'encadrement de la porte

Il la laisse entrer sans un mot, sans rien. Et dans ce « rien », il y a pas mal de trucs, au final. Beaucoup de non-dits qu'elle comprend quand même. Elle baisse la tête en passant devant lui.

Ethan referme la porte derrière eux. Il essaie de ne pas s'attarder sur le pull qu'il lui a offert et qu'elle porte, ça l'oppresse un peu. On y voit les nouvelles rondeurs de son ventre. Elles se montrent sous le tissu, bien réelles et présentes. Bientôt cinq mois que leur fils évolue là-dessous dans une tranquillité plutôt subjective. Un stress relatif.

La brune croise les bras sur sa poitrine en prétendant qu'elles n'existent pas, ces formes. Mais toute l'Italie peut observer la métamorphose physique qu'elle subit jour après jour à travers les clichés qu'elle continue de faire, pour de l'argent. Elle ressemblerait presqu'à une femme enceinte si le reste de son corps n'était pas aussi menu, si elle n'avait pas perdu des couleurs depuis la dernière fois qu'ils se sont vus. Presque, puisqu'elle est mannequin et que ça se sait aisément à son apparence longiligne globale.

Elle lui a manqué. Atrocement. Il a envie de foncer dans ses bras. Pourtant, il ose à peine l'observer.

- Mes parents savent, bredouille-t-il. Ils sont au courant, pour nous, pour la situation... et ils sont ok avec ça. Enfin ils acceptent... Ça ira avec le temps. Ils sont tolérants, le manager aussi. C'est pas le plus gros problème, ça.

Il se justifie et Hazel hoche simplement la tête. Elle l'impressionne comme avant, le rend nerveux comme avant, l'intimide comme avant. Il s'emballe encore une fois. Avec maladresse, ça se sent.

- Il faut qu'on parle vraiment, Hazel.
- Je sais.

Un peu sonné, Ethan hoche la tête.

- Quand on a commencé Måneskin, peu de gens croyaient en nous en dehors de nous-même. Après X-Factor, tout s'est accéléré et on est monté en grade du jour au lendemain. Beaucoup ont commencé à nous tourner autour par intérêt, des filles aussi, forcément. Et t'as dû connaitre ça toi aussi d'une certaine manière. Mais tu t'en foutais de la célébrité ce jour-là, chez la cousine de Vic. Tu faisais pas semblant d'être ce que t'étais pas. T'es restée authentique et naturelle. Tu t'es intéressée à moi pour de vrai et tu m'as captivée tout de suite, sans même le vouloir. J'aurais jamais cru que c'était aussi facile de t'approcher, te parler, de faire ta connaissance. T'étais... touchante. Et quand on s'est retrouvé, en Octobre dernier et que tu m'as annoncé ça... J'me suis retrouvé comme un con. Et, le choix s'est imposé parce que c'était toi, Haze... C'est toi depuis un bon bout de temps, à vrai dire. Tu comptes énormément pour moi. Et j'veux plus que tu disparaisse comme ça.

Le jeune homme lui adresse un sourire nerveux, dans l'attente d'une réponse, d'un geste, n'importe quoi. Ses cheveux sont attachés en un chignon lâche qui laisse apparaitre des mèches rebelles de part et d'autre de son visage. Une barbe de trois jours indique qu'il a passé pas mal de temps dans son salon, sans obligations professionnelles, certainement à répéter. Ses yeux semblent moins vifs que d'habitude mais ils lui renvoient quelque chose de bon et d'unique. Un marron chaleureux, comme la jeune femme rêvait d'en avoir petite. Irrésistibles.

Ethan est beau, très beau, trop beau peut-être. Hazel ne se sent pas à la hauteur, aussi bien physiquement que mentalement. Elle aimerait que ce soit simple, elle aimerait être à ses pieds et lui faire la cour comme Gaia ou ces filles sur Internet. Parfois elle les jalouse. Elles ne se méfient pas autant, elles. Elles donnent tout pour une personne qui ne les connait pas personnellement. Alors qu'elle, elle est détraquée. Elle a tendance à voir du noir partout depuis Dean. Les blessures ont du mal à cicatriser. Ça fait mal là où ça n'a pas lieu d'être. Plus lieu, à vrai dire.

- T'es trop bien pour moi, Ethan. souffle-t-elle, abasourdie. Vraiment trop bien. Ça me fait de la peine.

Il fronce les sourcils, septique.

- Ça venait du cœur et tu m'sors ça. Oh Hazel, s'il te plaît...

Elle glisse ses doigts dans ses cheveux pour les recoiffer rapidement, dissimuler ses tremblements.

- Je te mérite pas. s'obstine la jeune femme. C'est à moi de la faire, cette putain de belle déclaration d'amour. C'est à moi d'essayer de te reconquérir alors que j'ai passé plusieurs semaines à te recaler quand t'as été adorable...

Elle s'interrompt et baisse la tête une nouvelle fois.

- J'ai failli le perdre, ce bébé. explique-t-elle avec lenteur, en cherchant ses mots. Pour des futilités, à cause du stress ou de je sais pas quoi... Et, j'ai réalisé que je l'aimais déjà plus que tout et forcément un peu trop parce que j'suis comme ça. Faut que je le protège parce qu'il est aussi précieux que toi... Je sais pas si c'est l'âge ou si c'est parce que t'es son père mais cette deuxième grossesse me fait comprendre que je tiens beaucoup plus à ce gamin qu'à ma relation avec Dean. Il peut garder Ama tant que je t'ai, toi. Ça me convient, en y réfléchissant. Tout me va, tant que t'es pas loin.

Silence.

- J'ai des défauts, une montagne de défauts. reprend la jeune femme. J'suis loin d'être parfaite en dépit de ce que tu penses mais laisse-moi juste te montrer que c'est pas du vent ce qu'on vit et que ça peut être aussi bien que tu l'imaginais avant tout ça, quand t'arrêtais pas de me demander mon numéro et que j'avais peur de te le donner... Je sais pas trop où on va et mon père pense que je déraille complètement et que c'est la seule chose que j'arrive à faire convenablement en ce moment mais donne-moi au moins une chance de te prouver que je vaux le coup, qu'on vaut le coup, le bébé et moi. S'il te plait.

La brune lève vers lui des yeux mouillés de larmes. Elle pleure maintenant. Et, Ethan est sensible à tout ce qu'elle raconte. Elle a raison, elle est assez intense comme femme. Il fait un pas vers elle. Lentement, il essuie ses joues avec ses pouces. Le batteur est d'une douceur inouïe, là, sur le moment.

Il a fallu un mois pour qu'elle se tienne ici devant lui et deux minutes de blabla pour qu'elle réduise à néant tous les mots durs qu'il a pensé quand elle ne répondait plus à ses messages. Une seconde pour qu'elle retourne la situation en sa faveur. Évidemment.

- T'es pas mal en discours. répond-t-il, en l'entourant de ses bras. Tu m'a eu.

Le jeune homme l'attire vers lui au point qu'ils se touchent, que leurs corps se heurtent un peu. Il embrasse son front et elle pose ses mains sur son torse, sentant leurs respirations s'intensifier, leurs cœurs battre au même rythme frénétique. Ça la fait frissonner de se retrouver tout contre lui comme ça.

- D'accord pour nous deux, confie Ethan, en la toisant légèrement. Mais recommence plus, ok?

Elle acquiesce.

- Promis. On y va doucement.

HAZEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant