LUPANAR

3.2K 172 95
                                        


Marchand sous le soleil, nous nous baladâmes dans un silence agréable puis je décidai de le briser.

- Mikey !

- Quoi ?

- On va où ? curieuse.

- Chez Draken.

- Pourquoi ?

Plus aucun mot ne sortit de sa bouche durant tout le chemin jusqu'à chez Draken.

En arrivant, on vit un homme sortir nu avec ses vêtements ses parties afin de les cacher puis une femme lui cria en lui jetant un sceau en pleine tête.

- Tu es banni de cette maison ! Ne ramène plus jamais ton asticot ici ! Même mon grand-père en avait une plus grosse !

Les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte, je fixai la scène, ahurie. Mikey entra dans la maison close sans se soucier des hurlements de la bonne femme. L'enseigne avait des néons roses et la silhouette d'une femme assise sur la lettre « P » du mot « Plaisir ». Entrant à mon tour, je vis à l'accueil, une femme très peu vêtue remplir de la paperasse sur le rebord. Draken était à ses côtés en train de discuter, Mikey lui mit une tape dans le dos en guise de bonjour. La bonne femme posa son regard sur moi et me scruta de haut en bas, d'un air enjoué, elle délaissa ses papiers et s'approcha de moi.

- Dis donc ! C'est que t'es belle ma chérie ! en touchant mes cheveux.

- Euh... merci...

- Dis moi beauté, tu ne voudrais pas travailler ici ? Tu as un talent ?

- Un quoi ? perplexe.

- Tu sais jouer de quelque chose, danser, chanter ?

- J'aime chanter et je joue du piano.

A l'aide de son doigt, elle enroula une mèche de mes cheveux, tout en scannant mon corps.

- Hey Mina ! appelant Mikey d'une voix forte.

- Hum ?

Elle se tourna vers lui et afficha son plus beau sourire.

- Je plaisante, évidemment ! Jamais de la vie j'embaucherai une fille de son âge.

Mina était passée derrière moi et avait posé ses mains sur mes épaules puis me murmura.

- Reviens me voir quand tu auras l'âge, tu feras une parfaite Oiran*.

Un frisson me parcourut le long du corps, oh grand jamais je n'accepterai de travailler ici. Mikey m'attrapa par le bras et m'emmena à l'étage, Draken nous suivit de près. Il ouvra la porte et nous pûmes nous installer. Sa chambre était sobre, rien de particulier à voir, cependant, je compris pourquoi il avait toujours la même veste. Une rangée du même affaire était suspendue à une tringle.

- Draken ! Emma va venir ? demanda Mikey en s'allongeant littéralement sur le lit.

- Ouais. Elle termine des trucs avant en se posant sur sa chaise de bureau.

Moi, encore debout, ils firent presque comme si je n'étais pas là. De l'autre côté de la porte, on entendit les femmes discuter et l'une d'elle lâcha.

- Des légumes à tous les repas, c'est la mort des poignets d'amour !- C'est bien beau d'avoir un corps de déesse mais faut l'entretenir ! Et dieu sait que les hommes n'aiment pas les bourrelets.

- Tu ne devrais même pas y penser, le premier qui dit que tu es grosse, mérite un énorme bouchon dans le cul ! Les femmes, ça se respectent ! ajouta sa collègue.

J'aurais voulu n'avoir jamais entendu cette conversation.

- Hey T/p ! Tu peux t'asseoir ! m'invita Draken.

- Hein ! Euh oui.

Ne sachant pas où me mettre, Mikey se décala sur le côté et me laissa de la place sur le lit.

---------------------------------------------------------

Oiran : Les oiran (花魁, « premières fleurs ») étaient des courtisanes de haut rang au Japon, célèbres en particulier au cours de l'époque d'Edo. Ce sont les principaux personnages du « monde des fleurs et des saules » (花柳界, karyūkai). Elles se distinguent des prostituées ordinaires par leur maîtrise des arts, notamment la danse et le chant, et le fait que certaines soient devenues célèbres hors des quartiers de plaisir.

Manjiro x ReaderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant