Petit ami et compagnie 3 - Partie 1

Chapitre 5 : Je vais le tuer

Le 3 janvier

Trois jours plus tard, alors que Sophia qui n'avait pas revu Madison depuis le 31, lui souhaite une bonne année, Annabelle me sourit. Comme chaque année, Noël et le Nouvel An la rendent joyeuse. Pour ma part, c'est plutôt ma partie de jambes en l'air réussie avec James le militaire qui pourrait me faire sourire de la sorte.

Bon, il y en a bien eu un autre, hier soir, mais il a moins assuré, à tel point que je me suis cassée aussitôt l'affaire conclue. D'après l'expression de son visage, j'ai compris que ça ne lui plaisait pas. Au moins, on partageait le même avis pour une fois. Pas pour la même chose, mais c'est déjà ça.

Malheureusement, ma bonne humeur déserte aussitôt que Tae Woo se montre dans le couloir. Car depuis notre conversation devant sa voiture, je ne l'avais pas revu. Va-t-il m'accorder un coup d'œil ? Est-ce que mon explication aura servi à quelque chose ? Je crois que même Anna attend de voir si oui ou non l'anesthésiste va me regarder.

Le nouveau coup de poing que je reçois dans le ventre ne passe pas très bien. Parce que cette fois-ci, j'avais demandé à obtenir un autre résultat et que ma demande est ignorée. Aussi, je décide de quitter le couloir pour les toilettes du personnel et puisque j'entends que ma collègue de boulot fait de même, c'est plus fort que moi, je m'écrie :

— Nous sommes mardi 3 janvier 2017 et il est 13h15. Retiens bien Anna, parce que c'est l'heure à laquelle je vais tuer Tae Woo !

Je crois même que je le pense un peu. Putain, je le déteste de me rendre si faible et de faire naître de telles émotions chez moi. Comment je peux continuer à espérer quelque chose de la part du mec qui me fout des vents sans arrêt ? Qu'est-ce qui cloche chez moi ?

Annabelle et moi nous regardons, et avant même que l'une d'entre nous n'ait eu le temps de dire quoi que ce soit, la porte des toilettes s'ouvre à nouveau. Sur notre cheffe cette fois-ci. Il ne manquait plus qu'elle...

Aussitôt, nous tournons la tête vers le miroir et nous échangeons en silence des regards. Puis comme je vois qu'Anna commence à remonter ses joues, comme si elle redécouvrait son corps après une éternité d'hibernation, je décide de faire de même.

Mes joues sont plus saillantes qu'il y a quelques années. Il faut dire que j'ai encore perdu du poids. Heureusement qu'Isaac me donne des conseils pour muscler mon corps de sorte à ce que je ne ressemble pas à une paille. OK, c'est du trompe-l'œil, mais l'humain n'est-il pas parfois la définition même du trompe-l'œil ?

— Quand vous aurez fini de scruter votre visage pour savoir quand il vous faudra refaire votre botox, vous pourrez peut-être prendre votre travail au sérieux et retourner à vos postes, crache Lola avant de sortir.

Putain, toujours aussi charmante celle-là ! Annabelle a dit l'autre fois que ça lui manquait la semaine où Lola était en vacances. Je partage amplement son avis.

— Cette femme me donne vraiment froid dans le dos. Je n'ose pas imaginer le calvaire que doivent endurer les gosses et le mari.

A moins qu'elle soit différente avec eux. Sûrement, parce que sinon, je ne vois pas comment son mari a pu avoir des sentiments pour elle. Sauf s'il est du genre maso. C'est vrai que j'en ai connu des comme ça. C'est un peu surprenant au départ...

— Dis-moi Irina, tu ne trouves pas que je me suis affinée ? demande en contrepartie Annabelle en se tournant de profil.

Je m'approche de mon amie et commence à l'observer. Quelques secondes plus tard, je lui fais signe de tourner sur elle-même, ce qu'elle fait sans plus attendre. Voyons voir...

— Hum, tu as perdu du ventre Anna mais aussi du cul et ça, c'est pas cool ! Les hommes aiment les femmes avec des fesses. Si tu es plate, ce sera un désavantage. Heureusement que tu as des beaux seins sinon tu ne serais déjà plus sur le marché.