Chapitre 7 : On n'oublie jamais

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Le 9 janvier

Lundi, après ma garde nocturne, même si je suis un peu fatiguée, je rejoins la maison d'Arthus pour une nouvelle séance. Je retrouve son arche et son ameublement si spécial. Mais surtout, je retrouve ce psychologue que je déteste autant que j'adore.

— Comment vas-tu ? me demande-t-il en me tendant une boite de biscuits.

Je crois qu'il n'a pas encore pris son petit-déjeuner. Et même si nous sommes dans son salon et qu'il s'agit de sa pièce professionnelle, enfin pour le moment, il ne semble pas vouloir faire la séparation des deux mondes.

— Non merci, j'ai pas faim, réponds-je en refusant la boite.

Comme Arthus ne réplique rien, je comprends qu'il a bien remarqué que je n'avais pas répondu à sa question.

— J'essaie de le faire aller.

Ma réponse ne semble pas lui convenir puisqu'il secoue la tête.

— Comment ça se passe avec Thomas ?

Je pensais qu'Arthus parlerait de l'approche de la date fatidique, celle qui me cause des remontées de souvenirs que je déteste. Mais je suppose qu'il a souhaité attaquer plus doucement. Sauf qu'il ne connait pas les dernières nouvelles. Donc il ne se doute pas que c'est un sujet délicat.

— Irina ? m'interroge Arthus.

Sûrement parce que je reste silencieuse et que ça doit se voir que plein de choses tourbillonnent dans ma tête actuellement, il me fait comprendre qu'il attend que je parle.

— Vous êtes tenu par le secret professionnel, n'est-ce pas ?

Je le sais, bien évidemment. Sinon je n'aurais pas pu me permettre de lui raconter l'histoire de ma famille. Mais je crois que j'ai besoin d'être rassurée avant de dire ce que je m'apprête à dire.

— Bien sûr Irina, même à la retraite, je reste un professionnel.

Finalement, je pioche dans la boite à biscuits d'Arthus avant de me lancer :

— Tae Woo m'a appris qu'il était en plein divorce.

Je sais que c'est normalement le rôle du psy d'analyser les réactions des gens, pas le mien. Mais là, vu la tête qu'il fait, je devine sans mal qu'il le savait. En même temps, il était le psychologue du personnel... Comment aurait-il pu ne pas être au courant ?

Est-ce que je lui en veux de ne pas me l'avoir dit ? Peut-être. Ça m'aurait sûrement évité de faire ce que j'ai fait le 25. Car eh bien oui, Arthus connaissait mon coup de cœur pour Tae Woo avant que j'agisse à la fin de l'année.

Seulement Arthus vient de le répéter : il est tenu au secret professionnel. Alors je suppose que ne pas divulguer des informations sur son patient comme le fait qu'il divorce de sa femme en fait partie.

— Je suis désolé Irina.

Je suppose qu'il a deviné à quoi je pensais.

— Le secret professionnel, soufflé-je avec amertume.

— Si tu es au courant désormais, j'en conclus que c'est parce que Thomas et toi avez parlé.

Ce n'était pas difficile à comprendre en même temps.

— Oui, on a parlé. Il m'a dit pour sa femme. Il m'a dit qu'il pensait beaucoup à moi. Il m'a embrassée. Et je lui ai dit que je refusais d'être une briseuse de couple.

Une part de moi est fière de mon annonce. Sûrement parce que pour une fois, ça ne me fait pas passer pour la garce de service.

— Je me suis engueulée avec Zoey aussi. Mais pour la bonne raison. Grace à elle, j'ai pris conscience que mon geste du 25 avait été irrespectueux envers Tae Woo. Elle m'a ouvert les yeux sur mes actes. Maintenant, il ne me reste plus qu'à réussir à me faire pardonner. Car même si elle m'adresse la parole quand il y a Anna et Maddie, je sens qu'elle est plus distante.

Petit ami et compagnie 3 - Partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant