Petit ami et compagnie 3 - Partie 1

Chapitre 6 partie 2 : Une conversation presque normale

Décidée à garder mes esprits et surtout à sortir de cette pièce, je fais en sorte de faire comprendre à Tae Woo que je ne perds pas le nord. Et pour ce faire, j'adopte une allure ferme, une allure que je veux assurée.

— Je te promets que tu n'entendras plus jamais parler de moi, insisté-je. Je m'excuse pour la soirée, pour la conversation devant la voiture et pour mon comportement. Voilà, tu vois, même si c'est tard, il y a eu une prise de conscience. OK, un peu forcée, mais elle est là. Alors  maintenant, j'aimerais vraiment sortir.

J'ose affronter son beau regard pour évaluer la situation. Est-ce qu'il se moque de moi ? Est-ce qu'il va me faire regretter d'avoir osé l'approcher à la soirée ? Et si oui, pourquoi maintenant ? Pourquoi avoir attendu tant de temps pour se venger ?

OK, il m'arrive parfois d'être une garce et je n'ai pas vraiment réfléchi le soir du 25, mais est-ce que je mérite vraiment autant d'acharnement ? Surtout après les excuses que je viens de lui faire.

— Tae Woo, s'il te...

Après mon geste impulsif de la dernière fois, c'est au tour de l'anesthésiste de foncer tête baissée puisque ses lèvres m'empêchent de terminer ma phrase. Tout d'abord surprise, je me fige contre le mur. Mais les mains de Tae Woo qui s'enroulent autour de ma taille me délogent de ma place. Et malgré ma volonté de résister, mes pieds avancent bien vite vers lui.

— Tae..., essayé-je de dire.

Impossible de parler plus car sa bouche ne lâche plus la mienne et que malgré mes dires d'il y a quelques secondes, un désir m'envahit et me pousse à répondre à son baiser. Ma résolution en discothèque s'envole en même temps que les doigts de l'anesthésiste frôlent ma nuque. Cette électricité qui me parcourt me fait réaliser que Tae Woo a vraiment quelque chose de plus que les autres : il m'a à sa merci.

Peu importe ce qu'il a pu se passer ces derniers jours. Peu importe que j'ai souffert de son ignorance. Parce qu'il est là, qu'il me tient dans ses bras et me roule la pèle de ma vie, je dis oui à tout. Cet homme est dangereux. Peut-être trop même. Il a trop de pouvoir sur moi. Il pourrait causer ma perte.

C'est finalement le téléphone qui nous interrompt. Et si pour ma part, je sursaute, Tae Woo se montre plus calme et se contente de rejoindre son bureau, sans rien dire. On dirait presque qu'il fait cela tous les jours.

— Oh putain, murmuré-je tandis qu'il décroche.

Ça, je ne m'y attendais pas. Il m'a ignorée si souvent dans le couloir. Même avec un simple hochement de tête, j'en demandais trop. Alors pourquoi maintenant ? Je ne comprends pas. Je ne le comprends pas.

— Docteur Park, je vous écoute ?

Les yeux de Tae Woo ne me lâchent pas, si bien que je ne sais pas si je peux sortir ou bien s'il veut que je reste. Il est loin l'adorable anesthésiste timide que je pensais croiser dans les couloirs. Je ne sais pas encore si je suis pétrifiée par la surprise que cette prise de conscience me cause ou bien encore plus sous le charme.

— Très bien, dites-lui que je vais la recevoir d'ici cinq minutes. Je finis avec une patiente et j'arrive.

Tae Woo, menteur ? Jamais je n'aurais cru qu'il soit du genre à raconter des bobards avec tant de facilité. Même moi qui utilise souvent ce moyen pour me sauver de plans foireux, je crois que j'ai moins d'aisance que lui.

— Merci Béa.

Sous mon regard attentif, Tae Woo raccroche. Le silence qui nous entoure à nouveau est un mélange de stress et d'apaisement. Je ne saurais pas l'expliquer. Je ne peux que me contenter de le vivre.