le léthé

miroir

La Pièce n'avait pas fondamentalement changé, seule sa perception s'était modifiée. La Pièce se balance au rythme du lecteur, comme un accord implicite qui l'a noue, le temps d'une histoire à son propriétaire. Elle se module et se construit, elle s'anime selon et au fil de sa pensée.

Aussi aucun des visiteurs ne prendrait le risque de dire qu'il a perçu à la fin de sa lettre  la même pièce qu'à son début. Chacun a possédé pour un temps, l'a façonnée à son image et à détendu son aspect stricte.

La Pièce fut un couloir, une chambre à coucher, un boudoir, une cuisine, l'intérieur d'un piano. Elle n'avait pour limite l'unique flux de pensée de son auteur.

La pièce avait pour particularité de se détruire et se reformer après le passage de chaque acteur. Comme une scène que l'on a construit, sculpte et chéri en coulisse avant le temps fatal de sa destruction. 

La Lune s'était laissée bercer longtemps sur les genoux de la solitude. Rongée par le remord du Temps, elle avait peur de tout. Elle avait commencé, un soir, à parler à l'envers, et surprise de pouvoir retrouver plus facilement ses pensées, elle installa cette habitude. La Lune commença à converser avec les astres ses histoires sans queue ni tête.

il y avait dans ses yeux quelque chose qui lui rappelait de l'encre déposée rapidement sur du papier.

Loth Oscar Grimms n'avait pourtant pas ouvert les yeux. Il était certains que la Pièce était à nouveau entrain de se modifier; il ne voulait pas la surprendre. Il énuméra alors les éléments qu'il avait déjà parcourus. Inconscient du temps que cela avait pu lui prendre, il essaya de découpé ses souvenirs en actes. La conclusion subite de l'importance des prochaines scène le heurta et il s'autorisa une large respiration avant d'entamer.

Lottie avait sentit les mots se perdre et s'emmêler lorsqu'il avait atteint les souvenirs précis de ses derniers carnets. Il savait néanmoins ce passage nécessaire. Et il avait entendu des bras dans ses mots, près à se lever.

Et alors qu'il achevait mentalement son tableau, il trouva cela reposant finalement.

Il savait que dans cette Pièce il n'y avait plus d'espoir. Il savait qu'il s'était époumoné à dire ce qu'il avait à dire et ce qu'il n'avait peut-être pas encore dit.

Loth Oscar Grimms se le disait à lui-même, pour apprendre.

Il ne servait plus de débattre, car dans un débat on espère s'en sortir, c'est ignoble, c'est utilitaire.

L'écrivain était dans la pièce, il en avait été d'ailleurs tenu au courant, pour mourrir, comme un accident. Il pouvait alors être lui-même, comme tout ses prédécesseurs.

Dans la Pièce, tout le monde à des excuses, tout le monde à quelque chose à objecter.

« J'écris par les oreilles pour les acteurs pneumatique. » . Loth Oscar Grimms avait rencontrée une citation qui l'avait bousculée dans l'acheminement de ses carnets. Pendu au bord d'un pont, les papiers semblaient n'être retenus que par quelques phrases. Du moins c'est ce que ce disait  Lottie avant de les ramener sereinement après leur promenade. Comme pour leur faire peur, leur rappeler que Loth était maître de leurs tragédies et qu'ils ne pourraient en reprendre le pouvoir.

Néanmoins, l'auteur n'était pas serein.

Loth Oscar Grimms se constituait du corps d'un homme d'une vingtaine d'année aux cheveux bouclés et de lunettes protubérantes. Il avait décidé de commencer son tout premier carnet avec une description détaillée de lui-même à laquelle il se rapportait régulièrement. Son visage à travers un miroir semblait toujours un peu dissonant, non pas qu'il se trouva laid, mais son idée de lui-même et sa réflection ne concordaient jamais réellement. Il avait alors décrit précisément l'idée de lui-même et y revenait à chaque fois qu'il sentait qu'il se perdait un peu trop.

Loth Oscar Grimms avait peur de s'oublier.

Perdu dans la Pièce au Mur gris son propriétaire embué se sentait s'éloigner à une vitesse vertigineuse de qui il fût. Ses traits ce dissipaient et comme s'il voyait le processus d'un tableau se désagréger face à sa perception, il se devinait réduit à une esquisse.