CHAPITRE 14

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Je me redresse lentement, me frottant le front, là où ma tête a frappé contre la table basse. Je m'étire en lâchant un petit grognement avant de ranger toutes les affaires que j'avais déballées dans mon accès de colère. Je m'approche de mon frigo que j'ouvre pour attraper une brique de lait. Le temps que je ressorte du dessin, le soleil s'était couché et mon petit appartement est seulement éclairé par la froide lumière du réfrigérateur. Je porte le goulot de la brique à mes lèvres et bois quelques gorgées. Avant de me renverser la moitié du contenant dessus alors que ma sonnette retentit. Je jette un coup d'œil à l'horloge dans ma cuisine : vingt-trois heures et je n'attends personne. Je retire en vitesse mon tee-shirt et mon jean couvert de lait que je fourre dans la machine à laver avant de me vêtir d'une sweat et d'un jogging qui séchaient sur l'étendage. Je me précipite vers la porte alors que l'on s'excite toujours sur la sonnette.

— J'arrive ! J'arrive !

Je ne pense pas à regarder par l'œil de Judas, je tire directement la chaînette et ouvre la porte en grand. Il a la tête baissée, ses cheveux tombent devant son visage, m'empêchant de voir son expression.

— Pardon... Je savais pas où aller... Et j'avais votre numéro dans ma poche, j'ai cherché dans l'annuaire...

Sans un mot, sans un bruit, je m'écarte pour le laisser entrer avant de regarder à droite et à gauche dans le couloir afin de vérifier que personne ne me verra refermé la porte derrière le collégien.

— Assis-toi dans le canapé.

Il s'exécute, la tête toujours basse, tandis que je vais chercher ma boîte à pharmacie dans la salle de bain.

— Est-ce que tu as mal au torse, je fais en revenant. Au dos ? Au niveau des jambes ?

Sans ouvrir la bouche, il acquiesce à chacune de mes questions.

— Est-ce que tu penses pouvoir toi-même te mettre en sous-vêtements ou tu as besoin d'aide ?

Les yeux éternellement rivés au sol, il me pointe du doigt et, comprenant la réponse, je m'exécute. Presque nu, j'observe son corps mais ne peut retenir une grimace à chacune de ses blessures. J'ouvre ma boîte à pharmacie et en sort de la pommade, du désinfectant, des compresses et des pansements.

— Je vais te soigner, d'accord ? Je vais te soigner mais tu risques d'avoir mal à certains moments.

Je commence tout d'abord à appliquer la pommade d'arnica sur les bleus, faisant bien attention à ne pas en appliquer sur des plaies. Il frissonne, ne semblant pas trop apprécier ni le froid de la pommade ni la légère pression que je suis obligée d'appliquer sur ses hématomes pour qu'elle pénètre correctement la peau.

— Endure, je souffle. Endure ça et ça irait bien mieux après. Je peux quasiment t'en faire la promesse.

Je sais parfaitement qu'il a noté l'utilisation de l'adverbe mais il ne relève pas, car il a tout aussi conscience que moi que, peut-être se soigneront ses blessures mais sa situation ne s'arrangera pas à coups de pommade et de désinfectant.

Je pose d'ailleurs l'arnica pour m'emparer du spray. J'hésite quelques secondes entre le vaporiser directement sur la plaie ou sur la compresse mais opte finalement pour la première solution car bien que la douleur soit plus importante, la désinfection est aussi plus efficace. Je m'exécute alors, aspergeant abondamment chacune de ses plaies avant de poser un pansement sur celles qui menacent de saigner à tout moment, au moindre mouvement.

Une fois cela fait, j'attrape avec douceur le menton du garçon pour lui faire relever la tête. Même là il refuse de croiser mon regard, promenant le sien partout sauf dans ma direction. Je fais tourné son visage de droite à gauche à la recherche de la moindre blessure mais rien, son visage est complètement vierge.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 17, 2022 ⏰

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