Les Sœurs Romanoff

16

Après quelques jours à s'éviter, Sam avait fini par coincer Lizzie alors qu'elle faisait des recherches à la bibliothèque. Au début mal à l'aise et pas vraiment sûre de ce qu'elle ressentait pour son meilleur ami, la rouquine avait eu la brillante idée stupide de l'éviter comme la peste ce qui n'était pas passé inaperçu auprès des autres. C'est donc pour mettre fin à toute cette tension, que le jeune afro-américain avait décidé d'agir.

- Il faut qu'on parle. Déclara-t-il en fermant la porte, l'empêchant de fuir.

Lizzie était devenue écarlate et avait envisagé de sauter par la fenêtre pour éviter cette conversation avant de se rappeler qu'elle avait 22 ans, bientôt 23, et qu'à son âge, réagir ainsi était plus que ridicule. Elle avait alors soupiré, reposé le livre qu'elle avait en main avant de lui faire signe qu'elle l'écoutait.

- Cette situation est ridicule. Commença Sam. J'ai bien vu que depuis l'autre soir tu me fui comme la peste et ce n'est pas ce que je veux. Je suis désolé si j'ai été trop loin et je regrette ce que j'ai fait si notre amitié en vient à en pâtir.

- C'est aussi ma faute. Je... Je ne sais vraiment pas quoi te dire.

Elle se tu et détourna les yeux. Elle ne savait que penser de tout ça. Elle aimait beaucoup Sam mais est-ce qu'elle l'aimait romantiquement parlant ? Elle n'en était pas sûre. Ce qu'elle avait ressentis à ce moment-là était un indice mais sa peur la paralysait. Elle n'était pas faite pour tout ça. Pas depuis qu'Alexeï lui avait montré les pires facettes de l'amour. Elle savait très bien que Sam ne ferait jamais une chose aussi ignoble, elle avait confiance en lui. Mais elle ne savait pas si elle était capable d'avoir, un jour, une véritable relation. Elle avait l'impression d'être cassée et cette constatation lui fit vraiment mal. Elle sentit les larmes monter en même temps que la boule dans sa gorge l'empêchait de respirer.

Sam, voyant la détresse de son amie, s'approcha d'elle et la prit dans ses bras.

- Hé, ma belle, dis-moi ce qu'il se passe. Tu sais que ça ne changera jamais entre nous. Je suis désolé si j'ai fait quelque chose de mal. Murmura-t-il en lui caressant les cheveux.

Un sanglot lui échappa. Elle était vraiment chanceuse de l'avoir dans sa vie. Elle lui devait la vérité. Cette vérité que seule trois personnes connaissaient. Cette vérité qui la retenait prisonnière depuis bien trop longtemps. Alors sachant qu'elle n'aurait jamais la force de parler, elle utilisa leur moyen de communication préféré.

- Ce n'est pas de ta faute, c'est juste que... Je ne suis pas sûre d'en être capable.

- De quoi tu parles ma belle ?

- Je suis incapable d'entretenir un jour une quelconque relation et ce qui s'est passé l'autre soir me l'a juste rappelé. Je...

- Je ne comprends pas Lizzie. Pourquoi tu ne pourrais pas avoir de relation ? Tu es jeune et jolie, tu as toute la vie devant toi.

Son compliment lui alla droit au cœur mais elle devait continuer pour qu'il comprenne réellement la situation.

- J'ai été violée quand j'avais 16 ans, Sam. Depuis je fuis l'amour comme la peste parce que j'ai peur qu'on découvre ce qu'il m'est arrivé. J'ai peur de ne pas être capable de faire ce qui doit être fait dans une relation. Je ne sais pas si j'arriverais à coucher avec quelqu'un et qui voudrait d'une relation platonique ? Personne. J'ai du mal à supporter mon propre corps alors dis-moi comment quelqu'un d'autre pourrait le faire ? Ce que j'ai ressentis ce soir-là m'a fait peur. Parce que ça allait à l'encontre de tout ce que je m'étais fixé. L'Amour m'effraie et ce soir-là était un peu trop proche de sa définition.