J'ouvris les yeux. Ma journée commençait maintenant. Cela faisait déjà des centaines d'années que je m'étais retirée du pouvoir, que je l'avais cédé aux descendants de mes frères et que mon clan avait déserté Indra, m'y laissant seule. J'avais passé toutes les journées depuis le départ de mon clan à m'entraîner sans relâche. J'étais sans doute devenue la créature la plus puissante de ce monde. Mes cheveux avaient tellement poussé qu'ils arrivaient maintenant derrière mes genoux, dissimulant l'emblème de mon clan que j'avais choisis en l'honneur de Père.
Je portai la main à mon torse et touchai la matière noire qui y était incrustée. Cette substance s'était infiltrée en moi durant le combat contre mon Oncle. Elle m'avait rendue immortelle, était plus dure que l'acier et me protégeait contre les agressions. Mais, la substance provenant des balles noires de Jubi attaquait sans distinction, ami comme ennemis, du moment que je ne voyais pas venir la personne et qu'elle pouvait me menacer sans que je ne le saches. De la même manière, si un ennemi était plus rapide que moi, elle me protégerais du coup – bien que je ne sois pas sûre du dernier point, car personne n'avait encore été plus rapide que moi.
Je décidai, sur un coup de tête, de quitter Indra. Je sortis de chez moi, scellai l'entrée et montai au sommet de la ville. Là haut, se trouvait le tombeau de mon Père. Je le scellai lui aussi et lui dit au revoir.
De longues heures après, alors que je sautais de branches en branche, j'entendis une sourde clameur, le choc de l'acier sur l'acier, sentis l'odeur métallique du sang. Sans m'en rendre compte, mes pas me menèrent jusqu'au centre de la bataille. Je vis des blasons : une sorte de double fourche horizontale et un éventail rouge et blanc. Je ne réfléchis plus à ce moment là, après avoir vu le symbole de mon clan, et commençai à massacrer les porteurs de la double fourche.
Peu après, une corne retentit et les porteurs de la double fourche se retirèrent. Quand à moi, je suivis ceux dont l'armure était marquée par les éventails rouges et blancs, ceux qui – j'en étais persuadée – étaient les descendants de mes frères. J'arrivai devant un village simple et je fis face à une entrée simple et sobre, mais à peine avais-je mis un pieds dans l'enceinte que dix de guerriers m'encerclèrent, l'arme au clair. Un homme imposant à la longue chevelure ébouriffée qui rappelait la mienne ou celle de mon père s'approcha de moi, menaçant. La pression que son chakra imposait sur moi était colossale, je n'en avais plus vue de semblable depuis Père, d'ailleurs son chakra était semblable au sien. Ses yeux rougirent brusquement et affichèrent trois virgules, vite remplacées par trois cercles reliés entre eux par trois pentes incurvées et reliés au bord de l'iris par trois épaisses bandes noires.
- Qui es-tu ? Que fais-tu ici, gamine ? me demanda-t-il avec une arrogance qui m'horripila.
- Je m'appelle Kaguya, et je viens voir le chef du clan Uchiwa. Pouvez-vous me conduire à lui ?
Et oui, pendant ces centaines d'années que j'avais passé seule dans la ville d'Indra, j'avais appris à contrôler mes émotions. L'homme face à moi plissa les yeux. Il était légèrement vexé et ne comprenait pas complètement la situation. Je pouvais le voir. Ce fut à cet instant que je compris que c'était lui, le chef de clan.
- Je suis désolée Uchiwa-san. Je ne voulais pas vous manquer de respect. Je ne savais vraiment pas qui vous étiez. Mais je vous assure que je ne veux pas de mal à votre clan, au contraire. J'ai combattu dans vos rangs durant la bataille qui vient de se terminer. J'ai juste une chose à vous dire : si vous ne voulez pas mourir, ne tentez jamais de m'attaquer ou de m'approcher par surprise.
Le chef de clan s'avança jusqu'à être à moins d'un mètre de moi et me fixa dans les yeux. Voir d'aussi près un Sharingan paralysa ma psyché quelques instants, et mon corps réagit automatiquement. Mes propres Sharingans s'enclanchèrent sans que j'y fasses attention et je reculai d'un bond. Cet homme était mortellement dangereux, je le sentais au plus profond de mes tripes.
Les guerriers qui m'encerclaient se jetèrent sur moi, mais je n'en vis que neuf, tous Sharingans activés. Faisant un geste de la main, j'invitai la terre à entourer mes ennemis, ce qu'elle fit sans rechigner. Elle se tendit en longs pics qui les emprisonnèrent efficacement tout en leur infligeant de nombreuses coupures plus ou moins profondes. La terre durcie but avidement le sang qui coula de leurs blessures non mortelles, mais des plus douloureuses. Au moment ils furent blessés, je sentis la substance noire qui se trouvait sur mon torse s'étendre, transpercer quelque chose qui se trouvait derrière moi et je soupirai.
- Combien de fois devrais-je le dire ? M'attaquer par surprise est synonyme de mort pour vous. Vous n'êtes tout simplement pas à la hauteur. Que voulez-vous ? demandai-je moqueuse.
Devant moi, le chef de clan n'avait toujours pas bougé. Il était resté impassible, du moins, d'après ce que je pouvais voir. Je savais qu'en réalité, il n'avait qu'une envie, se venger de moi. Me tuer pour avoir osé porter la main sur les siens.
- J'ai déjà dit que je ne vous voulais pas de mal. Emprisonnez-moi s'il le faut, passez-moi des menottes si cela peut vous apaiser, mais jamais je ne tuerais d'Uchiwa de mon plein grès s'il ne m'a rien fait.
L'excroissance noire qui partait de mon torse, transperçant mon kimono ramena le cadavre du ninja qu'elle avait transpercé devant moi et je le pris dans mes bras. Je le regardai, désolée, avant de fermer avec douceur ses yeux et de prononcer une courte prière pour son repos.
- Je vous avais prévenu. Je tue sans distinction tout ceux qui m'approchent dans un angle mort.
Un silence de mort s'abattit sur nous, puis le chef de clan me tendis des menottes anti-chakra qui avaient la forme de deux serre-poignets métalliques que j'enfilai à contre-cœur. Immédiatement, mon immense quantité de chakra disparu, tout comme mes Sharingans et je me sentis nue, presque sans défense. Mais je ne devais pas oublier plusieurs choses : même dépourvue de chakra, mes capacités au corps à corps étaient redoutables. L'homme à la crinière de hérisson me fit signe de le suivre, et je le fis. Au bout de quelques minutes, et beaucoup de chuchotements – les Uchiwa étant de grandes commères, malgré leur soi-disant masque de glace qui ne servait qu'à dissimuler l'ampleur de leurs émotions, et je le savais parfaitement bien puisque je m'en servais moi aussi à cette fin. Lorsque nous rentrâmes dans une maison que je pensais être la demeure du chef de clan. L'Uchiwa qui occupait ce poste s'assit sur un coussin au milieu de la pièce, derrière une petite table, me fit signe de m'installer face à lui, l'air serein. Évidemment qu'il était serein, il avait arraché mes crocs et mes griffes, mais cela ne signifiait pas pour autant que je n'étais plus dangereuse.
- Je te connais ... sans t'avoir jamais vue. Qui es-tu vraiment ?
Ce fut à ce moment là que je compris qui il était vraiment. Par cette simple phrase qui voulait tout dire. Il ne savait pas qui j'étais, il ne saurait jamais qui j'étais. J'eus brusquement envie de pleurer, mais ne versai de larmes. J'étais quand même qui j'étais.
- Vous ne saurez jamais qui je suis réellement, ni pourquoi vous avez l'impression de me connaître, mais je vous jure que je ne me battrais pas contre vous durant votre vie.
- Je ne sais pas pourquoi, et tu ne me le diras jamais, mais de tels mots dans ta bouche me semblent normaux. Comme si ta loyauté m'était déjà acquise depuis des années ...
Je secouai la tête. Il allait se faire des nœuds au cerveau à force de réfléchir comme ça, mais il ne trouverait jamais la réponse à sa question.
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La fille d'Indra
FanficOtsutsuki à qui on a imposé l'immortalité. Femme qui a vécu à travers les époques. Elle a tout connu. La puissance et la faiblesse. L'amour et la haine. Instigatrice du plus grand conflit que le monde et pourtant celle qui en a le plus souffert. El...