Il faisait noir dans la pièce, les volets étaient tirés, tout était silencieux. Dehors il faisait nuit noir, le ciel était couvert de nuages gris, épais, presque noir. La lune n'était pas visible, cachée derrière eux, ses timides rayons argentés parvenaient à peine à passer à travers, ils caressaient la surface des flaques d'eau qui longeaient les trottoirs, diffusant de doux reflets brillants dessus. Une délicate pluie tombait du ciel, un brouillard s'était répandu dans la ville, masquant imperceptiblement les gouttes qui brouillaient le paysage. Tokyo baignait sous une douce pluie, les branches des arbres s'agitaient dans une valse rythmée, faisant tomber les gouttes d'eau qui couvrait leurs feuilles vertes. La pluie frappait les vitres des immeubles, produisant un agréable bruit relaxant, semblable au murmure d'une rivière, qui berçait les habitants et les plongeait dans un pays de songe.
Malgré la pluie et le ciel couvert, la nuit était belle, agréable, apaisante, et Baji n'avait eu aucun mal à trouver le sommeil en écoutant cette délicate berceuse. Il dormait depuis quelques heures, il n'était pas sous sa couette, ni même en pyjama, le jeune homme était allongé dans le lit dans une position étrange, sa main droite près de sa tête. À quelques centimètres d'elle, son téléphone était posé sur son matelas. Il avait encore passé sa soirée au téléphone avec son petit ami et avait fini par s'endormir devant lui, apaisé par la pluie et la douce voix de Chifuyu.
Ce n'était pas la première fois que Baji s'endormait au téléphone, il appelait souvent Chifuyu tard le soir, même s'il n'avait rien à lui dire, juste pour entendre sa voix. Le simple son de ses murmures suffisait à le détendre et à l'endormir, mais depuis qu'il était en couple avec lui, c'était encore mieux, car à présent Chifuyu lui murmurait des mots doux, et qu'il n'y avait rien de mieux que de s'endormir en entendant cela.
Cependant, le téléphone du jeune homme éteint depuis un moment s'alluma soudain et se mit à vibrer près de la main de Baji. Le jeune homme ne répondit pas, trop endormi pour l'entendre. Mais le téléphone recommença à sonner plusieurs fois d'affilée. Baji grogna dans son sommeil et se retourna sur le ventre. Il enfouit son visage sous son oreiller avec un soupir, et tâta autour de lui pour attraper sa couette et la mettre sur lui.
Son téléphone se remit à sonner, encore et encore, signe qu'il recevait plusieurs messages.
— Purée...
Le jeune homme attrapa son téléphone et coupa le son sans même le regarder. Il le posa loin de lui, manquant de le faire tomber de son lit, et tenta de se rendormir. C'était probablement des messages sur le groupe qu'il avait avec ses amis. À chaque fois pratiquement, les insomniaques se mettaient à parler sur le groupe, et pendant une bonne partie de la nuit. Mikey le faisait souvent, Kazutora était toujours là, Sanzu aussi, Rindo de temps en temps. Izana aussi parlait souvent la nuit, ça arrivait aussi à Yuzuha. Ils pouvaient parler vraiment longtemps, mais le pire c'était quand Mikey et Sanzu parlaient ensemble. C'était interminable, pareil pour Kazutora et Rindo. Le téléphone sonnait toute la nuit et au lendemain, Baji avec un nombre incalculable de notifications. De quoi est-ce qu'ils pouvaient bien parler toute la nuit ?!
Enfin, tout ça pour dire que les notifications n'étaient sûrement pas adressées à Baji.
Pourtant, il ne sût pourquoi, une étrange sensation le prit et il se releva soudain. Il battit des paupières, ses yeux étaient à moitié fermés de fatigue, il voyait tout flou. Mais il attrapa son téléphone et alluma son écran pour regarder les messages qu'il avait reçu et être sûr que son pressentiment était infondé. Les messages étaient de Kazutora, et c'étaient tous les mêmes.
« 🍙 ».
Baji mit du temps avant de comprendre. Il se demanda d'abord si son ami n'avait pas un peu vrillé, pourquoi se mettait il à lui envoyer ça en plein milieu de la nuit ? Est-ce qu'il s'agissait d'un code ou d'un...
Un code ?
Baji écarquilla les yeux avec horreur et finit par sortir d'un coup de son lit. Il déverrouilla son téléphone et envoya un simple message à son meilleur ami pour lui signaler qu'il était réveillé, et se précipita à ses fenêtres. Le jeune homme fit se relever d'un coup ses volets, lui révélant alors le décor pluvieux de Tokyo, et ouvrit en grand ses fenêtres pour se pencher dehors. Les rues étaient désertes, il n'y avait aucun signe de vie mais... au pied de son immeuble, il y avait une forme accroupie contre un mur de béton.
Baji referma brutalement ses fenêtres. Il partit en courant de sa chambre et attrapa à la va vite un pull qu'il trouva sur son chemin, il l'enfila rapidement et se précipita dans son entrée. Le jeune homme attrapa ses clés et sortit de son appartement sans prendre la peine d'être silencieux, il dévala les marches des quatre étages qui le séparaient du rez-de-chaussée et se rua vers les doubles portes de l'immeuble.
Kazutora était assis dehors, recroquevillé contre un muret, avec pour seule protection contre la pluie un large pull sombre, avec une capuche rabattue sur sa tête. Baji courut dehors pour le rejoindre, et s'arrêta devant lui, essoufflé.
Kazutora ne leva pas la tête vers lui. Il resta parfaitement immobile, comme s'il n'avait pas remarqué son arrivée, et fixait le vide devant lui d'un air absent. Ses yeux, légèrement écarquiller étaient baignés de larmes. Ses longs cils noirs étaient couverts d'eau de pluie et de perles de sel, ses lèvres violettes tremblaient, et sur sa peau horriblement pâles étaient apparus des marques violacées, au niveau de sa mâchoire.
Baji s'accroupît près de lui sans savoir quoi dire, et en oubliant complément la pluie. Il essaya d'accrocher son regard à celui de son meilleur ami, mais celui-ci ne semblait toujours pas le voir.
— Hé, murmura le jeune homme en posant sa main sur le genou de son ami.
Kazutora battit des paupières et posa enfin son regard sur Baji, mais il ne dit rien. Baji tendit sa main vers lui et saisit ses propres mains avant de les amener vers lui pour les regarder. Elles portaient de longues traces rouges, ensanglantées, qui formaient des lignes qui s'entrecroisent et s'emmêlaient. Elles tremblaient tellement qu'elles semblaient ne plus pouvoir s'arrêter et redevenir calmes.
— Qu'est-ce qu'il c'est passé, murmura Baji d'une voix bouleversée.
— J'ai juste oublié de préparer le repas, répondit son meilleur ami d'une voix tremblante. J-j'ai... j'ai j-juste...juste...
Baji n'attendit pas la fin de sa phrase. Il se rapprocha de lui pour attirer doucement sa tête contre son torse et la serra contre lui avec force, alors que Kazutora fondait silencieusement en larme.
— Je suis là, murmura Baji en le serrant. Je suis là, ça va aller. T'es pas tout seul.
— J-j'ai juste o-oublié e-et... i-il... i-il m'a a-attrapé p-par les cheveux e-et i-il... il m-m'a
— Chut, t'es pas obligé de le dire, dit Baji en étouffant son meilleur ami dans ses bras.
Kazutora acquiesça difficilement en hoquetant, Baji ferma étroitement les yeux, des larmes commençaient à envahir ses yeux, il détestait plus que tout voir son meilleur ami comme ça, il ne le supportait vraiment pas. Kazutora n'avait pas besoin de dire quoi que ce soit, il n'avait pas besoin de lui expliquer, Baji savait déjà ce qu'il se passait.
Lorsqu'ils étaient plus jeunes, Kazutora avait déjà des problèmes mentaux, ainsi que des problèmes avec son père qui était violent avec lui et sa mère. En fait il en avait toujours eu, disons qu'ils étaient devenu plus présents et forts à partir de son adolescence. Alors, Baji avait décidé de mettre en place un code avec lui. Lorsque Kazutora allait mal, qu'il s'était fait frapper, ou qu'il avait juste besoin de lui, il devait lui envoyer l'emoji onigri par message. Juste ça « 🍙 », rien d'autre. Comme ça Baji comprenait tout de suite qu'il avait besoin de lui et il faisait immédiatement venir Kazutora chez lui.
Sa mère était au courant, elle savait pour la situation de Kazutora, alors Baji avait le droit de faire ça, et comme ça il pouvait prendre soin de son ami avec sa mère.
— J'en peux plus, murmura Kazutora d'une voix étranglée au bout d'un moment.
— Je sais, murmura Baji en caressant sa capuche trempée d'eau.
— Baji je veux que tout s'arrête... je tiens plus...
— Dis pas ça Kazu... t'es pas tout seul, je suis là pour toi moi... je t'abandonnerais pas...
— Je m'en fiche, j'en peux plus...
— Je sais... viens on va rentrer à la maison. Je vais m'occuper de toi.
Kazutora renifla mais ne bougea pas.
— Tu peux pas rester là, insista Baji en essayant de le faire bouger.
Mais son meilleur ami reste au sol, en se cramponnant à lui pour l'empêcher de le relever.
— Kazu tu peux pas donner ce qu'il veut à ton père, dit alors le jeune homme pour le faire réagir.
Kazutora ne répondit rien. Il ne devait pas en avoir la force.
— Je vais te porter.
— Non... je veux rester ici...
— Et mourir de froid ? Tu veux pas te... te battre et aller mieux ?
Kazutora secoua la tête.
— Je sais que t'es assez fort pour ça, lève toi, je vais prendre soin de toi. Allez Kazu.
— Je veux pas...
— Je sais que t'en es capable, s'il te plaît fais le pour ta santé.
— Non...
— Alors fais-le pour moi ! Kazutora tu t'es toujours battu pour moi, je t'en supplie continue...
— Je veux pas que tu tiennes à moi, dit Kazutora en pleurant. Je veux juste que tu me laisses partir...
— Je te laisserais jamais partir, t'entends ?! Jamais je te lâcherais, et les autres ont intérêt à faire pareil ! Alors lève-toi et laisse-moi m'occuper de toi !
Baji força son meilleur ami à se relever, le portant presque, sans lui laisser le temps de répondre. Dans ce genre de moment il fallait empêcher Kazutora de trop réfléchir. Il serra sa main dans la sienne et le fit rentrer dans son immeuble. Kazutora n'avait pas le droit de refuser en plus, ça faisait partie de leur accord. Lorsqu'il allait mal, il était obligé de laisser Baji prendre soin de lui, même si ça ne servait à rien. Il ne pouvait pas dire non et repartir. Le jeune homme conduit son meilleur ami jusqu'à son appartement, puis jusqu'à la salle de bain.
Il le dévêtit de son pull et put alors voir de nombreux bleus violets sur son torse, principalement sur ses côtes, son ventre et ses avant-bras. Il en avait également sur le visage, du sang couvrait son sourcil droit, et des traces rouges, en forme de doigt et de main, entouraient son cou.
Baji ne dit rien et se força à ne pas pleurer, tandis que Kazutora évitait son regard.
— Je vais nettoyer tout ça, dit-il en tremblant.
Le jeune homme sortit du coton, du désinfectant et de la crème. Il nettoya les blessures de son meilleur ami en silence, il tapota délicatement ses plaies saignantes, essuya le sang sur son visage, et appliqua doucement de la crème sur ses bleus. Il finit par donner un pull propre à Kazutora, il lui sécha les cheveux avec une serviette, en regardant son reflet dans le miroir. Kazutora continuait de pleurer en silence, il n'osait pas regarder Baji, comme s'il avait honte, et il serrait tellement ses poings que ses ongles devaient percer la fine peau de sa paume.
Baji finit par reposer la serviette qu'il utilisait, n'ayant pas la force de continuer. Il prit la main de son ami une nouvelle fois, et l'entraîna cette fois-ci dans sa chambre.
Il fit s'allonger Kazutora dans son lit, puis vint ensuite près de lui, et l'enlaça immédiatement, sans se poser aucune question.
— Je suis désolé, chuchota Kazutora en se laissant faire.
— T'as pas le droit de t'excuser, dit Baji en caressant avec douceur sa tête. Essaye de te reposer.
— Je veux pas me réveiller, dit Kazutora d'une voix étouffée. Je veux plus jamais me-
— Je t'interdis de dire ça. T'es la personne la plus précieuse pour moi, alors t'as pas le droit de dire ça. J'ai besoin que tu te réveilles chaque jour Kazutora...
Kazutora renifla et posa sa tête contre celle de son meilleur ami. Il frissonnait de froid et de peur, alors Baji resserra son étreinte sur lui en caressant ses cheveux pour essayer de le calmer. Il déposa avec douceur un baiser sur son front puis il posa sa tête sur la sienne.
— Je ne te lâcherais pas Kazutora, murmura le jeune homme en serrant sa main avec force. Je te lâcherais jamais.
VOUS LISEZ
Insta Tokyo Revengers
FanfictionVoici les posts et conversations sur Instagram des personnages de Tokyo Revengers. C'est une histoire cool, drôle (enfin j'espère), un peu triste par moment, mais c'est surtout beaucoup d'amour et d'amitié. J'espère que ça vous plaira :) Non il n'y...