— « ...En fait dans ce train, se trouvent toute leur famille et les gens qu'ils aiment. Les deux amis se prennent la main et montent dans le wagon où deux belles places douillettes les attendent. Ils ont à peine le temps de s'installer confortablement que déjà ils s'endorment le sourire aux lèvres. Destination : les rêves les plus doux... »*. Putain elle est éclatée cette histoire, commenta Rindo en haussant les sourcils.
— Moi j'aimais bien, dit Kazutora d'une voix endormie.
— Vraiment ?
— Elle m'endormait.
— Attends je t'en lis une autre, décida alors Rindo en cherchant une autre histoire sur son téléphone.
— Ça sert à rien de faire ça, même si ça m'endort je ferais exprès de rester éveillé.
— Si ça va marcher. Ran il faisait ça avec moi quand j'étais petit. Il venait dans ma chambre et il me câlinait en me lisant une histoire, et je m'endormais toujours.
— Mais moi je suis pas un enfant...
— Si donc chut.
Kazutora ria légèrement mais n'ajouta rien, tandis que Rindo cherchait une histoire pour enfant, afin de la lire à son ami pour qu'il s'endorme.
Après une bonne demi-heure à chercher un hôtel, les deux jeunes hommes avaient fini par obtenir une chambre dans un hôtel dans le centre de la ville où ils se trouvaient. Ils avaient pris une chambre pour eux deux, et étaient à présent étendu l'un contre l'autre dans le lit qu'ils partageaient. Il ne restait plus que quelques heures pour dormir avant le lever du soleil, une grosse partie de la nuit était déjà passée, mais Rindo tenait à ce que lui et son ami puissent se reposer un peu avant de reprendre leur voyage. Seulement, Kazutora ne semblait pas être du même avis que lui. Il fallait dire que lui avait l'habitude de ne pas vraiment dormir, or Rindo avait décidé de prendre soin de lui. Il avait donc eu la brillante idée de lire une histoire pour enfant à son ami, comme ça ça le calmerait et il allait s'endormir.
Lorsqu'il était plus jeune, c'était ce que Ran faisait pour le bercer le soir, et ça avait toujours très bien marcher, alors il n'y avait pas de raison pour que là ça ne marche pas. En plus, Rindo l'avait déjà fait avec Sanzu, et ça avait aussi très bien marché. La seule différence, c'était que quand c'était son frère qui lui lisait une histoire, ou bien qu'il lisait lui-même une histoire à Sanzu, ils le faisaient toujours en se câlinant. Là, Kazutora était juste allongé près de Rindo, c'était peut-être pour ça qu'il ne s'endormait pas.
Le jeune homme ne voyait aucun problème à prendre son ami dans ses bras pour le bercer, ça ne le dérangeait pas et en réalité il aimait bien faire ça. Mais Kazutora serait peut-être gêné, il n'allait peut-être pas vouloir.
— Tu veux des caresses, tenta Rindo.
— Des caresses, répéta Kazutora sans comprendre.
— On t'a jamais fait de caresses pour t'endormir ?
— Oh... si Baji m'en fait des fois, quand je vais pas bien. Et Mikey aussi. Et Senju-
— Bah c'est de ça dont je te parle, t'en veux ?
— T'as le droit de faire ça toi ?
— Baji et Mikey ils ont le droit eux ?
— Oui ça ne dérange pas Chifuyu et Draken.
— Pareil pour moi, dit Rindo. Alors ?
Kazutora haussa les épaules. Il se releva légèrement et vint poser sa tête sur le thorax de Rindo avec timidité. Rindo posa sa main sur ses cheveux et commença à les caresser, tout en continuant à chercher une histoire sur ton téléphone.
— Tu fais souvent ça avec tes amis, demanda Kazutora.
— Avant non, mais maintenant ça dépend. Je l'ai déjà fait à Koko quand il était triste par rapport à Inui, à Senju aussi, quand elle ne va pas bien.
— Senju va souvent pas bien ?
— Non, le plus souvent quand elle va mal c'est parce qu'elle est malade, par exemple quand elle a ses règles ou des trucs comme ça. Mais sinon elle est du genre à toujours aller bien.
— Pourquoi c'est toi qui t'occupe d'elle quand elle ne va pas bien ?
— C'est pas toujours moi. Mais des fois Sanzu n'est juste pas à la maison alors que moi si, ou alors il dort. Par exemple, une fois elle est venue nous voir en pleine nuit parce qu'elle était malade, et comme Sanzu dormait et pas moi, je me suis occupé d'elle tout seul. C'est ma belle sœur, c'est normal que je m'occupe d'elle, dit sagement Rindo.
Kazutora ria légèrement.
— Hé tu veux que je te lise une histoire Wattpad, proposa soudain Rindo.
— Euh oui mais pas les histoires basiques...
— C'est-à-dire ?
— Tu sais c'est celles qui sont toutes inventées. Genre c'est pas des fanfictions, c'est des univers créés et tout. J'aime pas du tout.
— Oh, j'en ai jamais lu moi. Ça me fait pas du tout envie, à chaque fois que j'en entends parler c'est toujours la même chose.
— On est d'accord. Bah vas-y choisis celle que tu veux.
— Tu lis quoi d'habitude ?
— De tout sauf du x reader. Et des OC. Et des ships chelou. Et des trucs trop tristes ou trop joyeux.
— Je déteste ça. Mais genre tu lis des fanfic sur quoi ?
— Ça peut être sur des animes, films, séries, acteurs et tout...
— Je vais te lire In Another Life, déclara Rindo avec un sourire diabolique.
— Bah vas-y, choisis plus triste tant qu'on y est, répliqua Kazutora.
— Je sais ce que je vais te lire. Regarde pas.
Rindo arrêta un instant de caresser son ami et pianota sur son clavier pour chercher une histoire en particulier.
— Moi je veux une histoire d'amour plus belle que toutes celles que je n'aurais jamais, dit Kazutora d'un air rêveur.
— Impossible parce que t'auras une magnifique histoire d'amour avec Senju.
— Crois-le...
— Je vais prendre un OS Jujutsu Kaisen. C'est un hors contexte, comme ça c'est rapide.
Rindo sélectionna l'OS sur son téléphone et attrapa ses lunettes, posées sur le chevet près de lui, et les mit sur son nez.
— Je t'ai pris un truc bien normalement. C'est bon ?
— Hmm, fit Kazutora en hochant la tête.
Rindo commença à caresser son ami pour le bercer et prit une inspiration.
— « Il somnolait. Sa tête enfouie dans ses bras, nonchalamment posés sur le table de cours devant lui, était tournée vers la fenêtre », commença-t-il à lire d'une voix douce. « Elle était ouverte et laissait passer un rayon de soleil, qui parvenait à se glisser à travers les épais nuages du ciel. Il y avait une légère brise, qui faisait voler le rideau près de la fenêtre, ainsi que quelques mèches noires des cheveux du jeune homme. ».
Rindo baissa les yeux et vit que Kazutora avait fermé les yeux et mais sa respiration ne s'était pas adoucie pour autant. Il enfouit sa main dans ses cheveux et le caressa avec douceur afin de le détendre.
— « Il ne dormait pas vraiment, non, mais il n'était pas vraiment conscient. », continua-t-il. « Perdu dans un étrange brouillard de pensées incompréhensibles, il était ailleurs, ni là ni absent, comme plongé dans un rêve éveillé. Autour de lui tout était vide, les élèves de sa classe étaient sortis pour la pause du midi, profitant des quelques rayons du soleil. Tout était calme ici...
Toge entra dans la salle en voyant le jeune homme endormi sur sa table. Il vérifia discrètement que personne ne l'avait vu entrer, et ferma la porte derrière lui, avant de venir s'accroupir près de l'homme qui hantait ses pensées. Même endormi il restait toujours aussi beau, aussi agréable à regarder.
Le jeune homme leva timidement sa main dans la chevelure toute douce du jeune homme et la caressa un moment.».
Rindo baissa une nouvelle fois les yeux et vérifia si son ami dormait. Kazutora était immobile. Il devait être épuisé pour se calmer aussi vite et entrer si rapidement dans un état second. Mais mieux valait être sûr qu'il dorme vraiment avant de l'installer confortablement dans le lit.
— « — Pourquoi les anges sont-ils toujours aussi beaux lorsqu'ils se reposent... », murmura-t-il en passant sa main sur la joue de son ami.
« Sa voix fit remuer Yuta. Le jeune homme ouvrit les yeux d'un air hébété et se redressa lentement.
— Toge ?
— Hey, fit le jeune homme en se relevant.
— Je me suis encore endormi...
— Tu n'as pas dormi cette nuit ?
— J'ai du mal à fermer les yeux la nuit, j'ai peur d'être-
— Submerger par une vague de rêves ?
Yuta hocha la tête.
— J'aimerais dormir avec toi, à chaque fois qu'on est ensemble je dors bien. T'es comme un remède aux insomnies, soupira Yuta.
— J'aimerais bien. Et toi tu serais mon remède contre la solitude, je n'aime pas dormir seul.
— Oui... Mais... je ne peux pas, Rika est amoureuse de moi, et c'est notre amie...
Le jeune homme tendit la main et leva le menton de Yuta vers lui. ».**
La voix de Rindo s'évanouit et il écarta lentement son téléphone de lui. Il y avait quelque chose d'humide sur son ventre. Une tache d'eau s'était formée, il y avait quelque chose de mouillée sur son t-shirt, Rindo pouvait sentir le contact froid du tissu toucher sa peau. Le jeune homme se redressa légèrement et vit alors quelque chose des gouttes d'eau brillante sur les longs cils noirs de Kazutora.
— Ça va pas, demanda le jeune homme sans comprendre.
— Je me sens pas bien, murmura Kazutora d'une voix tremblante.
— À cause de l'histoire ?
— Non...
— Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu t'es senti mal d'un coup ?
Kazutora ne répondit pas.
Rindo le força à se relever et se mit devant lui pour lui faire face. Kazutora regarda autour de lui quelques secondes d'un air perdu, le souffle court, avant que de nouvelles larmes tombent sur ses joues.
— Hé qu'est-ce qui va pas, demanda Rindo en posant sa main sur son épaule pour la caresser.
Kazutora ne répondit pas, mais il enfouit son visage dans ses mains en fondant silencieusement en larme, ce qui inquiéta encore plus Rindo. Avait-il fait quelque chose de mal ? Est-ce qu'il avait dit quelque chose, ou peut-être que ses caresses avaient rappelés de mauvais souvenirs à son ami ? Ou est-ce qu'il allait déjà mal mais n'osait pas le dire ?
— Hé Kazu qu'est-ce qu'il se passe, demanda le jeune homme avec douceur.
— Je... je... c'est...
— Détends toi, tout va bien, tu fais une crise de panique ?
— N-non... c'est juste...
Kazutora ouvrit la bouche pour parler mais rien ne se fit entendre.
— Tu as mal quelque part ?
— Non...
— Tu veux parler à quelqu'un ? Tu veux que j'appelle Baji ?
— Je... je- non...
— À quoi tu penses ?
— C'est... j-je veux pas dormir, dit Kazutora d'une voix étouffée.
— Tu as peur de faire un cauchemar, demanda Rindo en essayant de comprendre.
— Non... de... de me retrouver avec moi-même... et... de me réveiller et de recommencer, encore... et encore... Je veux pas le faire, je veux pas refaire d'autres journées, juste... être là et... je me sens seul et... j'ai l'impression de ne rien voir autour de moi, de... de... de me retrouver sans personne et... je ne veux pas m'endormir comme ça, me réveiller comme ça, vivre comme ça, avancer comme ça et... et... j-juste...
— Kazutora écoute- Kazutora regarde moi, dit Rindo en essayant d'attirer son attention.
Mais son ami ne l'écouta pas et baissa la tête. Il plaqua sa main contre sa bouche en fermant les yeux, comme pour se retenir de parler et se forcer à rester discret. À pleurer sans bruit, juste souffrir en silence et se cacher. Il avait parlé d'une voix absente, inaudible, presque comme si elle ne lui appartenait pas. Il parlait lentement, et semblait avoir du mal à trouver ses mots, ou juste faire des phrases. Comme s'il n'avait pas l'énergie pour ça, qu'il n'y arrivait plus.
Le voir comme ça affolait un peu Rindo, il n'avait aucune idée de ce qu'il fallait faire, c'était tellement différent d'avec Sanzu... Sanzu aurait crié à sa place, il aurait tout violemment extériorisé et montré clairement ce qu'il ressentait. Mais Kazutora ne faisait rien de tout ça. Il avait mal mais ne disait pas pourquoi, et se forçait à se taire, ce qui ne faisait qu'inquiéter d'avantage Rindo.
— Kazutora, appela le jeune homme en essayant de se calmer pour pousser son ami à faire de même. Regarde moi s'il te plaît.
Son ami ne bougea pas, seules ses épaules se mirent à se secouer en silence, alors que des sanglots étouffés se faisaient entendre.
— Kazutora, répéta le jeune homme.
Aucune réponse. Les épaules de son ami se secouaient et Rindo l'entendait haleter. Il semblait incapable de bouger, et juste de faire quelque chose. Rindo ne savait pas du tout quoi faire, c'était à peine s'il osait toucher son ami. Il ne voulait pas mal s'y prendre, lui faire peur ou juste l'obliger à quoi que ce soit... Mais il ne pouvait pas rien faire, il devait aider Kazutora.
Le jeune homme fit de son mieux pour ne pas montrer sa peur, il prit doucement le visage de son ami entre ses mains, et le releva lentement.
— Kazutora regarde-moi, répéta-t-il en posant son front contre celui de son ami.
Kazutora se força à le regarder et le laissa lui prendre les mains.
— Tu peux me voir, n'est-ce pas ?
— O-oui...
— Tu peux me toucher ?
— Oui...
— Et tu m'entends ?
Kazutora acquiesça difficilement.
— Donc je suis là. Je suis vraiment là avec toi, tu n'es pas tout seul, dit Rindo en fermant les yeux. Je suis là, dis le aussi.
— Tu... tu es là...
— C'est ça. Je suis là, avec toi.
Rindo prit l'une des mains de son ami, en tremblant imperceptiblement, et la leva pour la poser sur son cœur et lui faire écouter ses propres battements.
— Écoute mon cœur battre et essaye de suivre le rythme, dit le jeune homme à voix basse. Je ne sais pas ce qu'il se passe dans ta tête, je ne sais pas si tu as peur, si tu es fatigué, ou si tu as juste mal. C'est peut-être un mélange des trois... alors, laisse-moi essayer de t'aider et... dis moi ce que tu ressens. Juste ce que tu sens en toi, ce qui te passe par la tête, ce dont tu as envie.
Kazutora acquiesça lentement. Il resta tout près de Rindo, son front toujours contre le sien, et respira en tremblant pour pouvoir parler.
— C'est comme si j'avais plusieurs voix dans ma tête, murmura-t-il d'une voix presque éteinte. Parfois, une voix commence à murmurer dans mon esprit, elle chuchote et... me dit des choses douloureuses. Quand j'essaye de la chasser, elle se multiple, et au final j'ai des voix qui résonnent partout dans ma tête. Elles parlent toutes en même temps et disent la même chose, c'est comme l'effet d'un écho dans une grotte... Quand je les entends... c'est comme si je me noyais dans une mer de pensées toutes plus sombres les unes que les autres. Comme si, à chaque phrase, j'étais un peu plus blessé... J'ai l'impression d'être un miroir craquelé, et chaque voix apporte une nouvelle fissure, si bien qu'au final je ne suis plus qu'un reflet déformé de moi-même et que je ne sais plus qui est le vrai Kazutora... Je suffoque dans mes propres pensées et je m'y perds...
Kazutora serra la main de Rindo et fronça les sourcils pour contenir ses pleurs.
— Si tu savais à quel point c'est le désordre dans ma tête... ça l'est tellement que je crois que je ne peux même plus réfléchir. Mes pensées finissent par devenir trop fortes... alors elles me débordent... Je me laisse consumer lentement et vous êtes forcés de me regarder me détruire parce que vous êtes mes amis... Et au final... je ne sais même pas s'il y a quelque chose à sauver en moi... Je ne sais pas comment arrêter tout ça, et vous ne savez pas comment m'aider... J'en viens à me dire qu'il n'y a plus rien à faire. Même si je veux m'en sortir, la seule chose que je réussi à faire c'est tomber, encore et encore...
Rindo sentit une larme lentement couler sur sa joue. Il se força à garder les yeux fermés, tout comme Kazutora devait sûrement le faire, et serra avec force les mains de son ami.
— Je ne me souviens même plus ce qui a déclenché tout ça, murmura Kazutora d'une voix cassée. Mais... je me souviens comment mon état en est arrivé là... Ça a commencé par... de la simple procrastination. Je remettais les choses que je devais faire à plus tard, en me disant que j'aurais le temps... Ce plus tard se transformait de minutes en heures... d'heure en jours... et de jours en semaines.... Je me disais que je n'avais pas envie de faire les choses sur le moment et je repoussais tout à plus tard... jusqu'à ce que ce plus tard n'arrive jamais et disparaisse.... Mon envie de ne rien faire s'est lentement transformé en une incapacité à agir... à bouger... à faire quelque chose. Je me disais... « je me suis réveillé à huit heures, je peux rester encore une demi-heure »... Et puis les demi heures s'enchaînent. Neuf heures arrive, puis dix heures, onze heures, et midi... Le temps disparaît et tout devient alors une interminable succession d'heures vides, de léthargie, sans que rien ne se passe.... Alors... Tu perds la notion du temps, tu t'enfermes dans une bulle dans laquelle tu parviens à ne pas trop penser et au final tu ne vis plus et tu ne veux plus en sortir... Ta fatigue et ta procrastination deviennent une drogue... et tu ne t'en sors plus... Tu finis par te perdre dedans, tu n'avances plus, et lorsque tu réussis à agir normalement, mais que le moindre moment de calme arrive, toutes tes pensées qui murmuraient doucement dans ton esprit resurgissent d'un coup et se mettent à te hurler dessus. Et c'est toujours comme ça, au final tu restes coincée dans cette boucle...
Kazutora se tut et un silence s'installa, seulement entrecoupé de reniflement et de bruits de respiration. Rindo mit un moment avant de comprendre qu'il n'allait pas reprendre la parole, qu'il s'arrêtait là et n'irait pas plus loin. Ses joues étaient devenues humides, et il sentait des gouttes d'eau salée tomber sur ses mains liées à celles de son ami.
— Je suis désolé de te dire tout ça, murmura Kazutora avant que sa voix ne se brise.
— Non ne t'excuse pas... Je suis content que tu me l'aies dit...
— Me répond pas alors, il n'y a rien à dire après ça...
Rindo acquiesça sans avoir la force de chercher à le contredire.
— Pourquoi on est à dix centimètres l'un de l'autre comme si on allait s'embrasser, demanda Kazutora d'une voix étouffée.
— Parce que ça me rassure, répondit Rindo en se retenant de fondre en larme.
Il lâcha alors les mains de son ami et le serra dans ses bras pour l'étreindre, rompant au passage le contact de leur front. Kazutora resta silencieux et le laissa faire.
Ça faisait bien longtemps que Rindo ne s'était pas senti aussi mal, et ça ne lui avait vraiment pas manqué. Voir souffrir ceux qu'il l'aime était vraiment la pire des choses, jamais il ne pourrait s'y habituer.
Les deux jeunes hommes restèrent longuement l'un contre l'autre. Rindo n'arrivait plus à lâcher Kazutora, et Kazutora ne réagissait plus. C'était comme s'il s'était endormi, il ne bougeait pas, ne parlait pas. Pourtant il ne dormait pas, il était toujours là. Juste éteint. Son immobilité paralysait Rindo, il avait l'impression de ne pas pouvoir pleurer, ni parler, et de ne trouver aucun mot pour son ami. Alors il ne disait rien, et attendait seulement. Il n'avait aucune idée de ce qu'il attendait, mais il le faisait quand même, et les minutes passaient en silence.
— Je suis fatigué, murmura Kazutora au bout d'un long moment.
— On ferait mieux de dormir, dit alors Rindo.
— Hmm... Tu dois me lâcher...
— Oh...
Rindo se força à lâcher son ami et vit qu'il ne pleurait plus. Mais son regard était toujours vide. Kazutora s'allongea en premier dans le lit et Rindo commença à l'imiter, avant de se souvenir de quelque chose. Il attrapa son sac qui traînait au sol et en sortit une peluche en forme de tigre, avant de la donner à son ami.
— Tiens c'est pour toi.
— Un peluche ?
— Oui c'est un doudou pour dormir. Ou pour quand tu es stressé.
— ... Rin j'ai vingt-deux ans...
— Les doudous c'est pour tous les âges. Et celui-là est de la part de Senju, précisa le jeune homme. C'est pour quand tu dors seul mais que tu n'as personne à câliner.
— Oh...
— Et puis le tigre ça te représente. Bon Sanzu a dit qu'il fallait mieux te prendre une abeille mais un tigre c'est mieux. Si tu lui fais un câlin, c'est comme si tu... essayais de réconforter un mini toi, et que tu prenais soin de toi.
— N'importe quoi.
— Je vais le dire à Senju.
— Mais c'est mignon ! C'est gentil de sa part.
— Oui. Personnellement je t'aurais plus pris un vrai animal, mais on fait avec les moyens du bord...
— Je ne sais déjà pas m'occuper de moi, comment est-ce que je m'occuperais d'un animal ?
— Au contraire, dit Rindo en s'allongeant près de son ami. Je pense que tu le ferais bien, et ça pourrait te pousser à t'occuper de toi. C'est déjà arrivé que des personnes qui allaient mal ont été sauvés par leurs animaux de compagnie, justement en s'occupant d'eux.
— Mouais... T'as un doudou toi ?
— J'ai une petite méduse, dit Rindo en acquiesçant.
— Et tu dors avec ?
— Mais évidemment. Tu sais la nuit quand je suis avec Sanzu, je reste dans ses bras dix minutes et ensuite je pars avec mon doudou hein.
— Chifuyu fait pareil... La nuit il reste deux minutes avec Baji et ensuite il part avec Peke J.
— Les doudous et les animaux avant les petits amis, déclara Rindo. Bon allez, essaye de te reposer.
Le jeune homme mit bien la couette sur son ami, puis il déposa un baiser sur son front et s'allongea près de lui.
— Désolé de t'avoir fait pleurer, dit Kazutora.
— J'ai pas pleuré.
— Tu as les yeux tout brillant.
— Non c'est une impression parce que t'as pleuré.
— ... D'accord. T'es sûr que ça va ?
— Je vais très bien, assura Rindo. C'est toi qui demande ça je rêve... tu veux des caresses pour t'endormir ?
— Non je suis pas un bébé.
— D'accodd viens là.
— Mais je-
— Viens.
— C'est bon je viens...
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Insta Tokyo Revengers
FanfictionVoici les posts et conversations sur Instagram des personnages de Tokyo Revengers. C'est une histoire cool, drôle (enfin j'espère), un peu triste par moment, mais c'est surtout beaucoup d'amour et d'amitié. J'espère que ça vous plaira :) Non il n'y...