Chapitre 9.

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Et nous voilà à Marseille après 40 minutes de route. Harry a décidé de se garer au plus près des calanques et nous avons utilisé les transports pour nous déplacer parce que conduire à Marseille, c'est un enfer. La fraîcheur automnale et le Mistral font que je peux plus ou moins passer inaperçu à travers la foule avec mon manteau et mon bonnet, même si quelques fans m'ont reconnu. Ils m'ont demandé ce que je faisais à Marseille et je leur ai expliqué qu'un bon ami à moi avait à cœur de me faire visiter cette ville. Et je dois dire qu'elle me plaît. On est à peine à 40 minutes de Aix et pourtant tout est différent. Marseille est une ville populaire où toutes les communautés sont mélangées. Pour preuve, on y a mangé les meilleurs pizzas de nos vies dans un petit restaurant de quartier tenu par des napolitains. La vue depuis la Bonne Mère est à vous couper le souffle même si j'ai galéré à monter jusqu'à son sommet. Harry, lui, n'était même pas essoufflé en arrivant en haut et il m'attendait en prenant des photos. J'ai même remarqué qu'il en prenait de moi lorsque j'avais le dos tourné. Nous avons enchaîné la journée en nous promenant le long du vieux port, si caractéristique de la ville. On a même suivi la visite d'une jeune française qui connaît l'histoire de la ville par cœur, de ce que j'ai compris, elle a écrit son mémoire sur le sujet. Et c'était vraiment intéressant d'entendre le mythe de la fondation de la cité phocéenne. On a terminé la journée dans les calanques. Harry ne m'avait rien dit mais il avait prévu un pic-nique et est allé chercher tout ce qu'il fallait dans la voiture pendant que je profitais du calme et de la vue. S'il n'avait pas fait si froid, je me serais baigné mais là ce n'est pas envisageable. Harry revient avec les provisions. Il s'installe et me donne un plaid pour que je le mette sur mes épaules. Le Mistral s'est un peu calmé mais les températures restent basses.

_ Alors ça t'a plu ? Demande-t-il en venant se réfugier dans le plaid lui aussi.

_ Oui beaucoup ! Merci Harry ! Je lui adresse un sourire en le regardant.

Son regard se porte sur l'horizon qui nous offre un coucher de soleil spectaculaire.

_ Qu'est-ce que tu comptes faire en rentrant ? Me demande-t-il.

_ Je pense que je vais rentrer en Angleterre pour aller voir ma famille.

_ Oh ! Ça doit être super l'Angleterre, je n'y suis jamais aller.

_ Tu veux venir ? Je lui propose sans réfléchir.

Il se tourne vers moi et colle son épaule à la mienne.

_ C'est très gentil mais je travaille la semaine prochaine.

_ Ah oui, pardon. Je baragouine.

Je ne sais même pas pourquoi je lui ai proposé de me suivre. C'est plutôt Agathe que je devrais inviter surtout que je sens qu'on s'éloigne. Je passe beaucoup de temps avec Harry ces derniers temps. Mais j'ai tellement de facilité à discuter avec lui que c'est plaisant de le voir tous les jours. Lorsque je passe du temps avec Agathe, ça se termine toujours de la même manière. Non pas que ça me dérange mais j'aimerais qu'on ait des discussions et qu'on passe des moments comme celui que je suis en train de passer avec Harry en ce moment. J'aimerais passer la nuit avec elle sans que cela n'inclut le sexe. Juste discuter une bonne partie de la nuit et s'endormir au moment où le soleil se lève.

_ Louis ? Dit doucement Harry en caressant mon bras.

Je me tourne vers lui en souriant.

_ Tout va bien ? Demande-t-il.

J'acquiesce en souriant.

_ A quoi tu pensais ? Questionne-t-il.

_ A ton travail. Qu'est-ce que c'est exactement ?

Je décide de lui mentir parce que lui dire que je pensais au fait que j'adore les moments qu'on passe ensemble ça semble bizarre.

_ Oh ! Je travaille comme auxiliaire de vie auprès des personnes âgées ou porteuses d'un handicap.

Sa voix est pleine de fierté et de bienveillance. Il doit vraiment adorer son travail.

_ Ce n'est pas trop dur comme travail ? Tu as dû faire face à des situation difficile, non ?

Je me trouve vraiment trop curieux mais Harry ne semble pas offusqué.

_ Parfois c'est difficile mais c'est vraiment très inspirant de travailler avec ces personnes. Et toi, ton travail n'est pas trop dur ?

Ça me surprend comme question, parce qu'on ne me l'a jamais posé. Tout le monde estime que je suis chanceux de faire ce que j'aime et que je n'ai vraiment pas à me plaindre.

_ Ce n'est pas facile tous les jours mais ça va. En quoi ton travail est inspirant ? Je réoriente la conversion vers lui.

Il sourit comprenant clairement que je n'ai pas envie d'en dire plus alors il reprend :

_ ces personnes ont des tas de choses à raconter et sont très heureuses d'avoir une oreille attentive pour le faire. En général, j'écris toutes leurs histoires dans un carnet.

_ Tu écris ? Je lui demande.
_ Je pourrais lire ? Je demande aussitôt, en me rendant compte que je suis très intrusif.

Je vois ses mains se serrer un peu plus autour de la bière qu'il tient dans sa main, et je me rends compte que cette fois je suis trop indiscret.

_ Désolé. Je marmonne en regardant devant moi.

_ Non, c'est moi. Je n'ai jamais fait lire mes écrits. C'est assez intime comme confession parce que j'écris ces histoires mais je parle aussi de mon ressenti et de mes émotions.

_ Harry, je suis désolé. Je n'ai pas envie de te mettre mal à l'aise. Si tu préfères garder ça pour toi, c'est ton droit. Je le rassure en le regardant.

Il se détend instantanément.

_ Peut-être qu'un jour je te ferai lire. Ajoute t-il pour clore la conversation.

On finit d'observer le coucher de soleil et Harry prend encore quelques photos avant que nous ne remballions tout et que nous rejoignions la voiture. Lorsqu'on arrive chez ses parents, ces derniers sont absents. On décide alors de lancer un film et on s'installe dans son lit.

La première fois. (L. S.)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant