A.L

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Le réveil me sort de ma torpeur. J'aurai préféré y rester, ou du moins ne jamais me réveiller. Je grimace quand à ce qui m'attend. Aujourd'hui est un jour spécial. Oh, aucune bonne nouvelle ne m'attend, aucune joie. Non, c'est le retour de père. Après deux semaines d'absence pour des interviews et recherches sur le Sorcier, sa nouvelle obsession, il rentre.

Et avec lui, les moments de pur plaisir en tant que punching-ball personnel au grand détective Lightwood. Si j'arrive à m'accommoder des insultes répétées de mère et la totale transparence que j'ai face à ma sœur, je suis faible face à la douleur physique.

Je me lève donc en traînant les pieds, me dirigeant vers la salle de bain. J'enclenche le chronomètre, je n'ai droit qu'à cinq minutes d'eau chaude après, on me la coupe. Je m'estime heureux d'en avoir. Sortant de la douche, je laisse mon regard dériver rapidement sur mon corps et grimace. Mon torse est plein de tatouage. Oh ce n'est pas vraiment une passion, disons juste que cela permet de cacher le plus gros. Cacher quoi ? Mes stigmates. Les blessures que m'inflige mon cher paternel. Comment ai-je pu me les payer ? Personne ne souhaite savoir ça.

Je laisse un soupir filtrer mes lèvres. Mon visage est toujours une catastrophe. Mes cheveux noirs restent indomptables, mes yeux paraissent ternes, j'ai des cernes de deux kilomètres et mes lèvres sont totalement gercées par le froid. Ah oui, j'ai interdiction d'utiliser du chauffage dans ma chambre et doit laisser ma fenêtre ouverte à tout heure du jour et de la nuit pour aérer.

Ma vie est dure ? Pas vraiment, je n'ai connu que ça. On fini par s'en accommoder. J'ai droit à un toit sur ma tête, j'ai au moins un repas par jour, j'ai des vêtements propres, j'ai droit à une certaine hygiène et j'ai droit à une éducation. Il y a pire que moi.

La seule chose que je ne saisi pas est cette haine qu'ils ont envers moi. Je n'ai pas souvenir de moments heureux passé avec eux, qu'ils me considère comme leur fils. Du plus loin que je me souvienne j'ai toujours était nommé par "monstre", "erreur de la nature", et quand ils ont compris que j'aimais les hommes d'autres quolibets se sont ajoutés "pédale", "tarlouze", "sale gonzesse", et j'en passe. Une fois plus jeune j'ai tenté de savoir pourquoi. Pourquoi ils ne m'aimaient pas. Ma mère a seulement craché un "fils de démon". Je n'ai jamais cherché plus loin.

Suis-je triste ? Je ne sais pas. J'ai plutôt l'impression d'être quelqu'un de vide. Je n'ai aucune colère envers eux, aucun ressentiment. Au fond ils doivent avoir leurs raisons. Je ne suis pas pour autant heureux, je ne pense pas l'avoir déjà été. Je pense que j'ai un problème au cerveau à ne rien ressentir. Suis-je alexithymie ? Je me suis posé plus d'une fois la question, car n'est-ce pas le propre de cette pathologie ? Avoir des problèmes pour ressentir ? En tout cas ça y ressemble fort.

Je fini par sortir de ma chambre après m'être habillé. Aucune couleur n'arbore ma garde robe. Je n'ai aucun choix de toute manière sur mes tenues vestimentaires.

Je descends les marches avec lenteur. Ayant cours ce matin, mon père n'osera normalement pas s'en prendre à moi physiquement. Apparemment il faut donner le change comme il dit. Au fond ça ne change rien, frapper un peu plus ou un peu moins est ridicule. Autant y aller à fond comme on dit.

Arrivé à la cuisine je vois qu'il n'y a pas de couverts pour moi. Bien, ça veut dire que je mangerai au soir. J'essaie d'esquiver ma famille mais c'est sans compter sur ma mère qui me voit et me crache un "pas encore mort" comme salutations. Je n'y réponds rien. Que pourrais-je bien y répondre de toute manière ? Je baisse donc la tête et voûte mes épaules. En fait c'est le meilleur moyen pour que ce calvaire cesse. Mon père est là et du coin de l'œil je vois qu'il me regarde de travers. Du dégoût ? De la colère ? J'ai toujours du mal à saisir les émotions des autres. Je sais juste que celles que mon père éprouvent ne sont pas chouette pour moi.

Je file avant que cela empire, prenant mon sac et partant pour le lycée. Je suis en dernière année et je ne sais toujours pas ce que je vais faire après. Je suppose que mes parents ne pourvoiront plus à mes besoins quand j'aurai atteint ma majorité qui est dans deux mois. Je ne sais pas comment je vais faire pour terminer mon année. Enfin, j'ai bien une idée mais je n'ai pas envie de rester dans ce milieu. Je ne l'ai fait que pour pouvoir manger et mes tatouages.

Un soupir franchit mes lèvres. Parfois je me demande s'il ne serait pas plus simple de mourir. J'arrêterai ainsi d'être une charge pour mes parents et vu mon manque d'envie et d'ambition ce ne serait pas une lourde perte. Je n'ai même pas de potes et encore moins d'amis. Mon avenir semble bien sombre vu de l'extérieur. Il faudrait peut-être que j'établisse un plan pour ma mort. Je vais y réfléchir les prochaines heures. Cela m'occupera, vu que les cours ne m'intéressent pas et qu'au fond ne me serviront jamais.

C'est d'un pas traînant que j'entre dans l'établissement et me dirige vers ma classe, me fondant dans la masse...

Chapitre très court mais nécessaire. J'y pose la base de vie d'Alec. Le texte est très "robotisé" car les pensées de notre cher ami le sont.

Que pensez-vous de tout ça ?

Je vais alterner les pdv entre Magnus et Alec. Les visions seront donc diamétralement opposés vu que Mag's aime sa vie en tuant alors qu'Alec planifie sa mort tout en survivant.

Je vous dit à bientôt~

Mon amant de sang / MalecOù les histoires vivent. Découvrez maintenant