Ce matin-là, quand Lou ouvrit les yeux, ce fut pour se retrouver face à deux prunelles noisette qui la fixaient intensément. Elle se masqua instinctivement le visage dans ses mains alors que Tristan souriait, se moquant doucement de sa pudeur. Elle sentit son cœur se remettre à battre plus vite et elle était maintenant sûre que le jeune homme à ses côtés n'y était pas étranger.
- Ne me dis pas que tu me regardais dormir ?, lui demanda-t-elle, avec une moue boudeuse.
- Pourquoi ? Ça te dérange ?
- Ça fait un peu psychopathe, rit-elle.
- Alors non, je ne te regardais pas... Disons juste que j'admirais la jeune beauté qui a dormi dans le même lit que moi.
- Arrête, tu vas me faire rougir...
Il se redressa sur son coude tout en continuant à la regarder avec envie. Elle se mordit la lèvre inférieure malgré elle. Il se pencha doucement, comme s'il guettait son approbation et elle était prête à la lui donner sans problème... Elle retint son souffle alors que son visage s'approchait dangereusement du sien... Elle ferma instinctivement les yeux juste avant que ses lèvres ne rencontrent les siennes... mais c'était sans compter sur la sonnerie de son portable qui les sortit tous deux de leur transe.
Troublée, elle tendit la main vers son téléphone, mettant fin sans doute à ce moment d'intimité. Qui pouvait bien l'appeler si tôt ? En consultant sa montre, elle vit qu'il était déjà dix heures.
- Allô ?, dit-elle alors que Tristan émettait un grognement frustré en cachant sa tête dans son oreiller.
Elle lui fit signe de se taire : c'était son père au téléphone.
- Papa ! Comment vas-tu ?
- Bien, ma puce. Et toi ? Est-ce que tout va bien ?
- Hum... oui...
- Non, murmura Tristan à ses côtés, vous venez de casser notre moment !
Elle lui donna une petite tape derrière la tête pour lui signifier de se taire et il se leva en bougonnant avant d'aller rejoindre la salle de bain.
- Il y a quelqu'un avec toi ?, s'enquit son père. Le fameux Tristan sans doute...
- Papa !, le gronda Lou.
- Dire que tu étais si bien avec Marc... Enfin, c'est ton choix. Je n'ai rien à dire après tout.
- Non, en effet, lui confirma-t-elle en soupirant.
Lou connaissait suffisamment son père pour savoir qu'il n'appelait pas juste pour prendre de ses nouvelles. La suite le lui confirma.
- Je voulais vous inviter, Tristan et toi, à venir prendre le thé à l'appartement cet après-midi. Qu'en penses-tu ? Je pourrais ainsi faire plus ample avec mon potentiel futur gendre et... on devrait aussi discuter de ton « congé »... Ça commence à jaser chez « Davis Corporation »...
- Je lui en parle, mais je pense que ça ne devrait pas poser de problème.
- Très bien ! A tout à l'heure, alors.
- A tout à l'heure.
Elle raccrocha, pensive. Qu'est-ce que son père pouvait bien lui vouloir ? Elle fut interrompue par Tristan qui vint la rejoindre. Quand elle lui annonça la nouvelle, le moins qu'on puisse dire c'est qu'il ne sauta pas de joie.
- Non, non, non, ce n'était pas prévu dans le contrat, ça !, s'exclama-t-il. En plus, ton père me déteste... Pourquoi veut-il me voir ?
- Il ne te déteste pas, le rassura-t-elle. Et c'est plutôt moi qu'il veut voir...
- Pourquoi ?
- Disons que j'ai pris un congé sans solde en même temps que j'ai quitté Marc... Il veut sans doute savoir quand je compte reprendre ma place...
- Et que vas-tu lui répondre ?, l'interrogea Tristan.
- Je ne sais pas encore..., lui avoua-t-elle piteusement.
Ils prirent donc le chemin vers Calais l'après-midi même. Ils étaient tous les deux un peu angoissés à l'idée de cette rencontre. Tristan était heureusement d'accord pour jouer le jeu - si c'en était encore un - et elle savait qu'elle pouvait compter sur son soutien.
Visiblement, son père les attendait de pied ferme puisqu'ils eurent à peine le temps de garer la voiture en bas de son immeuble qu'il les saluait déjà depuis son balcon.
Peter David jouissait d'une place importante dans la haute société où il exerçait ses talents pour les chefs d'entreprise les plus influents du nord de la France. Il était de notoriété publique qu'il avait profité de l'argent de sa première épouse pour faire grandir son agence de publicité, mais il se fichait bien des mauvaises langues. Il avait réussi et comptait bien le montrer. Il habitait ainsi un appartement moderne et entièrement rénové au dernier étage d'un immeuble de belle facture dans un des quartiers les plus chics de la ville portuaire d'où il pouvait facilement relier l'Angleterre, son pays natal où il concluait beaucoup d'affaires. Toujours chic, il arborait aujourd'hui une chemise bleue agrémentée d'un foulard plus foncé coincé dans son col. Le tout accompagné d'un pantalon en velours taillé sur-mesure.
Il les accueillit dès que la porte de l'ascenseur s'ouvrit devant eux. Il y mit peut-être un peu trop de chaleur car Tristan glissa discrètement à l'oreille de Lou :
- Il y a anguille sous roche...
Elle lui donna un coup de coude dans les côtes pour qu'il se taise et il grommela. C'était pourtant vrai que son père en faisait trop et elle se demanda ce qu'il comptait faire pour la convaincre de revenir à son poste. Elle le savait prêt à tout pour obtenir ce qu'il souhaitait...
- Venez, installez-vous !, leur proposa Peter en leur désignant le canapé.
Une bonne vint leur servir le thé accompagné de quelques biscuits.
- Alors Tristan, racontez-moi... Que faites-vous dans la vie ?
Lou était persuadée que son père se souvenait très bien du métier de son compagnon qu'il avait déjà pu rencontrer à l'une ou l'autre occasion, mais elle fut soulagée de constater qu'il faisait des efforts pour que Tristan se sente plus à l'aise.
- Je suis journaliste.
- Et vous travaillez pour quel journal ?
- Pour l'instant, aucun en particulier. Jusqu'à présent, j'étais journaliste en freelance...
- Vous devez beaucoup voyager, alors ?, demanda Peter insidieusement.
- Oui, en effet. Mais je réfléchis à rentrer au port maintenant. J'ai peut-être une bonne raison de rester..., répondit Tristan en lui jetant un petit coup d'œil qui la fit rougir.
Son père eut une petite moue embêtée, mais qu'il fit bien vite disparaitre. C'est à ce moment-là qu'on sonna en bas de l'immeuble.
- Qui cela peut-il bien être ?, se demanda Peter avant de prendre l'interphone et de s'exclamer avec un peu trop d'enthousiasme : Marc, mais quelle bonne surprise ! Je t'ouvre tout de suite.
Lou échangea un regard angoissé avec Tristan qui leva les yeux au ciel. Depuis le début, il avait raison... Elle n'en revenait pas : elle s'était faite avoir en beauté. Ça sentait le piège à plein nez !
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A votre avis que mijote le père de Lou ?
Et que pensez-vous de notre presque couple, Lou et Tristan ?
Merci à vous tous qui suivez mon histoire à chaque nouvelle publication💕. Nous sommes déjà à plus de la moitié et j'espère que la suite vous plaira tout autant que le début😘.
J'ai toujours hâte de lire vos commentaires et de voir vos étoiles🤩...
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Le pacte de Noël
RomanceSelon leurs mères, Lou et Tristan sont faits l'un pour l'autre. Malheureusement pour elles, leurs enfants ne sont pas - mais alors pas du tout ! - d'accord : ils ne peuvent tout simplement plus se supporter ! Et pourtant... suite à un quiproquo, vo...