Toi, mon éternel peut-être

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Ecrit le 17.02.2022

Peut-être que nous aurions dû finir ensemble. Peut-être que tu l'étais, l'homme de ma vie. Peut-être que nous étions destinés à nous rencontrer. Peut-être que tu étais mon âme sœur, celui avec qui j'aurai dû finir ma vie. Peut-être que notre amour était impossible. Peut-être que tout ça était écrit.

Je marchais rapidement devant le bloc des nouvelles maisons grisâtres qui se voulaient modernes. J'étais en retard, encore. Je regardais droit devant moi, comme si le monde était à mes pieds, juste une façon de paraître confiant. Il n'y avait personne dans la rue, aucun bruit, juste le soufflement du vent dans les feuilles des arbres.

Je jetais un œil à ma montre et accélérais le pas. J'entamais alors une course contre la montre, quand une silhouette apparut au fond de la rue, en face de moi. Je me rapprochais de plus en plus d'elle quand je la reconnus. Ce n'était pas n'importe quelle silhouette, c'était ta silhouette.

Tu semblais aussi pressé que moi, mais quand tes yeux se sont posés sur mon visage, nous avons chacun ralenti, la distance entre nous rétrécissant peu à peu. Nous nous sommes retrouvés à quelques mètres l'un de l'autre, les yeux dans les yeux, le visage impassible. Aucune émotion, pas de surprise, pas de joie, pas de nostalgie, rien.

Tes yeux détaillaient mon visage, les miens suivaient leurs compères. Tu n'avais pas changé. Toujours les mêmes cheveux blonds flottant au vent, toujours les mêmes yeux sombres qui semblaient indéchiffrables, toujours les mêmes lèvres qui m'appelaient sans pourtant ne rien dire, toujours ce même visage d'ange tourné vers moi.

Nous ne disions rien, nous contentant de nous regarder, d'imprimer chaque parcelle du visage de l'autre, de nous redécouvrir. Je ne sais pas à quoi était destinées tes pensées, peut-être qu'elles étaient les mêmes que les miennes. Là, ton corps posté à seulement quelques mètres du mien, je m'autorisais à penser à nous.

Nous nous étions rencontrés au lycée, il y a quelques années. J'étais le solitaire au fond de la classe, tu étais le nouveau qui ne connaissait personne, j'étais celui qui n'attendait qu'un premier pas, tu étais celui qui le faisait. Nous nous parlions souvent en cours, mais lorsque le professeur et les camarades bruyants n'étaient pas autour, tout semblait plus compliqué.

Nous avons mangé quelques fois ensemble, nos yeux ne se lâchant pas, de légers sourires passant sur nos lèvres, signe d'un lien qui nous reliait, aussi infime soit-il. Nous avions échangé nos numéros, mais les discussions ne semblaient pas vouloir venir, comme si quelque chose nous séparait malgré tout. Nous avions fait quelques sorties, comme l'après-midi au bord du lac ou encore au cinéma, mais la timidité était tellement présente que jamais nous n'avions pu rester seulement tous les deux. Il y avait à chaque fois quelqu'un à nos côtés, comme le gardien des clés de cette amitié si compliquée.

L'année était passée, nous n'étions désormais plus dans la même classe. J'étais à nouveau le solitaire au fond de la classe, sans personne pour faire le premier pas. Les bruits de ton stylo claquant sur la table me manquaient, nos discussions, tes regards quand tu pensais que je ne te voyais pas, tes plaintes sur le cours, nos fous rires, tu me manquais. Nous nous croisions souvent dans les couloirs du lycée, mais nous n'échangions qu'un sourire timide, comme si parler allait nous brûler.

Le temps passait et nous ne nous parlions toujours pas. Nous avions toujours nos numéros mais jamais personne n'a fait de premiers pas. Peut-être que tu attendais le mien, peut-être que si j'avais osé, tout serait différent. Nous avions changé chacun de notre côté, nous éloignant un peu plus chaque jour, effaçant doucement le peu qui nous reliait.

Puis le lycée s'est terminé, nous sommes partis chacun de notre côté, toi en fac de cinéma et moi en médecine. Nous étions dans deux villes différentes, deux filières différentes, plus rien ne semblait nous attirer l'un vers l'autre. Nous avions encore quelques amis en communs, comme Minho ou encore Alby. Minho avait toujours vu qu'il y avait quelque chose entre nous, enfin, y avait-il vraiment quelque chose ?

Nos amis avaient organisé une fête pour réunir les anciens du lycée, tu étais là. Nous avions passé la soirée à nous regarder de loin, à nous sourire discrètement, sans jamais oser venir nous parler. Le lendemain, Minho m'avait passé le savon de ma vie pour ne pas t'avoir approché. Et j'avoue avoir regretté, longtemps. Car c'était la dernière fois que je t'avais vu avant aujourd'hui.

Nous avions continué nos vies chacun de notre côté, passant peut-être à côté de quelque chose de formidable. Je pensais et pense toujours régulièrement à toi, comme si quelque chose nous liait encore malgré la distance, comme si le lien présent au lycée n'avait jamais vraiment disparu, comme si le destin tentait vainement de nous rapprocher.

Je ne sais pas ce que tu ressens lorsque tu penses à nous, mais moi je ne ressens que le regret. Le regret de n'avoir jamais rien tenté, de t'avoir laissé filer. Mais j'ai fini par m'habituer à cette situation, à accepter que ce n'était pas pour nous. Je ne pense pas avoir déjà ressenti quelque chose d'aussi fort pour quelqu'un que pour toi. Quand je te voyais, mon cœur s'accélérait. Je pouvais passer des heures à penser à toi sans jamais me lasser. Je passais mon temps à imaginer quelconques scénarios qui nous auraient rapprochés, qui auraient enfin conclus ce que je voulais tellement au fond de moi, nous.

Tu étais toujours devant moi, nous n'avions encore échangé aucun mot. Nous continuions de nous observer en silence, sans aucun autre contact que celui de nos rétines. Je ne saurais décrire ce que je ressentais à ce moment. Un mélange confus de sentiments tous plus forts les uns que les autres.

Je remarquais qu'une légère pluie s'abattait maintenant sur nous, la rue était toujours déserte à l'exception de nos deux corps. Cela ferait un décor parfait pour une comédie romantique, pour enfin assouvir ce besoin que j'avais si souvent ressenti, pour échanger notre premier baiser. Mais comme si tout ça n'était pas fait pour nous, une sonnerie de téléphone avait retentit dans le silence de la rue, ton téléphone.

Ce son semblait te ramener à la réalité, tu sursautais légèrement avant de faire un pas hésitant en avant, tes yeux toujours posés sur les miens. J'avançais également lentement vers toi, nous nous retrouvions à un mètre d'écart. Puis, comme une sorte de chorégraphie, d'accord muet, nous nous tournions lentement autour. Nous nous retrouvions face à face, chacun les yeux tournés vers le chemin qu'il avait emprunté précédemment, comme si l'on regardait dans le passé. Et, toujours dans le plus pur des silences, nous reculions légèrement. Nous marchions chacun de notre coté, toujours sans aucun mot partagé, avant de nous retourner après avoir échangé un léger sourire, nous retrouvant dos à dos, avançant chacun dans le passé de l'autre.

Peut-être que nous aurions dû finir ensemble. Peut-être que tu l'étais, l'homme de ma vie. Peut-être que nous étions destinés à nous rencontrer. Peut-être que tu étais mon âme sœur, celui avec qui j'aurai dû finir ma vie. Peut-être que notre amour était impossible. Peut-être que tout ça était écrit.


Tout d'abord BONNE ANNEE, oui on est le 17 février, je casse les codes. Ensuite, j'espère sincèrement que cette os vous a plu ! Elle compte énormément pour moi parce qu'elle est inspirée de quelque chose que j'ai vécu. J'avais vraiment envie de vous la partager, d'abord parce que je l'aime, et aussi pour faire ma tata aux bons conseils.

Si un jour vous rencontrez quelqu'un avec qui vous vous sentez bien, qu'il/elle/iel vous plaise ou juste pour apprendre à le/la connaître, saisissez votre chance. Allez voir la personne, parlez-lui. Je suis d'accord, la timidité ça bloque, mais vous passez peut-être à côté de la chance de votre vie. Et c'est quand on prend du recule sur la situation qu'on se met à regretter de ne pas s'être bougé, et ça fait mal pendant longtemps. Donc sincèrement, quand vous trouvez cette personne, ne la lâchez pas, ou en tout cas essayez. Et même si ce ne n'est pas réciproque ou que ça ne marche pas, vous pourrez toujours vous dire, je l'ai fait, j'ai tenté et vous n'aurez pas de regret.

Voilà bon désolée d'avoir cassé l'ambiance ahah, mais j'avais envie de passer ce p'tit message qui me tient à cœur. ENFIN BREF ! On se retrouve bientôt pour une nouvelle histoire, prenez soin de vous !


OS Le LabyrintheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant